Face aux militants qui grognent, un ministre obnubilé par le pouvoir

Sanoussy Bantama Sow, ministre des Sports, de la Culture et du Patrimoine Historique
Sanoussy Bantama Sow, ministre des Sports, de la Culture et du Patrimoine Historique

Perturbée une semaine plus tôt par les militants qui grognent contre le report des élections législatives et le référendum, l’assemblée générale hebdomadaire du parti au pouvoir a, une nouvelle fois, été agitée samedi dernier. Cette fois les militants surexcités ont exigé la tenue du double scrutin. Ce à quoi un responsable du parti leur a rétorqué qu’un militant n’a pas à exiger. Il doit obéir.

Mais, ce que ce responsable n’a pas dit aux militants c’est que, désormais le premier pays d’Afrique francophone à accéder à la souveraineté nationale n’est plus souverain pour organiser tout seul ses élections. L’Union africaine, la CEDEAO, l’Organisation internationale de la Francophone et bien d’autres doivent donner leur feu-vert avant la tenue de ces consultations électorales. Preuve, s’il en était besoin, que ce n’est pas avec un slogan qu’on peut acquérir et préserver son indépendance et sa souveraineté.

Pour de nombreux pays africains, le rôle des organisations multilatérales dans les élections se limitent uniquement à l’envoi d’observateurs. Parce que le processus électoral est équitable entre les concurrents. Ce qui n’est pas le cas en Guinée. Obligeant la communauté internationale à s’impliquer dans le processus en appliquant subtilement le concept de « ni ingérence ni indifférence ». On peut continuer à chanter et à vanter notre panafricanisme et notre contribution pour la libération d’autres pays africains. La réalité, elle, est là. Elle nous suit comme notre ombre.

L’autre temps fort de l’assemblée générale hebdomadaire du RPG, c’est une déclaration du ministre des sports et du patrimoine historique, Sanoussy Bantama Sow. Lequel a qualifié Sékou Koundouno du FNDC de chimpanzé. Les propos du ministre ont suscité une vive indignation. Ils enflamment les réseaux sociaux. Dans une démocratie où le peuple est le seul détenteur du pouvoir, cet homme devait être démis de ses fonctions. Malheureusement dans ce pays, ceux qui défendent le chef peuvent se permettre de tous les excès.

Et pourtant, deux événements qui sont déroulés la semaine dernière aurait dû dissuader les extrémistes. Le premier c’est la décision d’Alassane Ouattara de ne pas se présenter à l’élection présidentielle d’octobre de cette année. Sa retraite priverait de facto son ancien parrain Blaise Comparoré de protection en Côte d’Ivoire. Le deuxième événement c’est la décision du gouvernement français d’extrader François Compaoré vers le Burkina Faso.

Ainsi, aussi vaste qu’il soit, le monde devient tout petit pour les Compaoré. Hier ils avaient droit de vie et de mort sur les Burkinabè. Aujourd’hui ils sont vulnérables. Un nouvel espoir pour les victimes de ce régime. En particulier pour les familles de l’ancien président Thomas Sankara et celle du journaliste Norbert Zongo dont François Compaoré est soupçonné d’avoir commandité l’assassinat.

Si le pouvoir ne rendait pas sourd et aveugle, le sort des frères Compaoré aurait dissuadé les promoteurs du troisième mandat en Guinée. Notre pays traverse en ce moment une crise exactement similaire à celle que le Burkina Faso a connue en 2014 et qui a abouti à la fuite de Blaise Compaoré et à l’éclatement de son parti.

Ce retournement de situation, qui fait que les forts d’hier sont les faibles d’aujourd’hui, aurait été le meilleur conseiller pour tous ceux qui s’engagent dans un projet périlleux voire suicidaire qui ressemble à celui qui a emporté Blaise Compaoré et les siens. Malheureusement, le pouvoir éclipse la raison et le bon sens. Il emballe ses détenteurs et les précipite dans le précipice.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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