Conakry : après les aveux sur le meurtre de sa copine, il pourrait être libéré après 6 mois de prison

« Le tribunal doit savoir que ce qui est arrivé à cette fille résulte des mariages forcés dans notre société. La victime et mon client vivaient un amour parfait. Malheureusement, Maïmouna a été mariée à un homme qu’elle n’aimait pas. Cela s’explique d’ailleurs par les multiples appels qu’elle a effectués pour tenter de maintenir sa liaison amoureuse avec Thierno Baïlo… »

Le procès de Thierno Baïlo Barry s’est poursuivi le lundi dernier, 08 juillet 2019, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). Ce jeune de 26 ans est poursuivi pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Des faits pour lesquels il a plaidé coupable. Et, tout en évoquant des « excuses légales », le ministère public a requis six (6) mois de prison contre lui, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi cette audience.

C’est suite au décès de Maïmouna Diallo que Thierno Baïlo Barry a été arrêté et conduit à la direction de la police judiciaire, puis devant le parquet du tribunal de première instance de Dixinn ; où il a été présenté à un juge d’instruction et placé sous mandat de dépôt pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner.

Après quatre mois de détention à la maison centrale de Conakry, Thierno Baïlo Barry sera renvoyé devant le tribunal criminel de Dixinn pour être jugé. Son procès s’est ouvert le 17 juin dernier. Et, l’accusé a plaidé coupable des faits qui lui sont reprochés, tout en prétextant que la victime était sa copine (sa petite amie).

« On était ensemble depuis près de 4 ans. Quand elle s’est mariée, j’ai pris mes distances pour éviter de lui créer des problèmes dans son foyer. Deux mois après son mariage, elle a commencé à m’appeler et me demander les raisons de mon silence à son égard. Je lui ai dit que je préfère qu’on mette fin à notre relation amoureuse. Mais, ma décision de la quitter l’a mise dans tous ses états. Elle a commencé à m’appeler et m’insulter au téléphone. Un jour, elle m’a appelé du lieu où sa sœur vend de l’athiéké et a proféré des injures grossières à mon encontre. Je me suis déplacé pour aller la trouve là-bas. Je lui ai dit d’arrêter de m’insulter parce que moi, je ne veux pas de problème. Elle s’est jetée sur moi. Elle est allée prendre un couteau avec lequel elle m’a blessé en bas de l’épaule droit. Les gens nous ont séparés et je suis rentré chez moi », avait expliqué Thierno Baïlo Barry, tout en précisant que la défunte Maïmouna Diallo l’avait aussi suivi chez lui pour faire des tapages.

« Elle est allée taper avec violence la porte de notre cour. Elle criait de toutes ses forces. Mes voisins et ma mère sont sortis pour savoir ce qu’il y avait. Je l’ai laissée là-bas ; et, je me suis enfui pour aller au carrefour. Après avoir passé assez de temps au carrefour là-bas, j’ai décidé de rentrer chez moi. Mais, en cour de route, je me suis rencontré avec Maïmouna qui s’est directement jetée sur moi. Elle m’a mordu au niveau des hanches. Je l’ai ensuite repoussée et elle est tombée sur le dos. Elle est restée inerte ; et, au bout d’un moment, je l’ai transportée dans une clinique à Baïlobayah où nous y avons passé toute la nuit. Comme son état ne s’améliorait pas, sur recommandation du médecin, je l’ai transférée à l’hôpital Ignace Deen où elle a finalement trouvé la mort », avait ajouté Thierno Baïlo Barry.

A l’audience de ce lundi, 07 Juillet, le ministère public a requis six (6) mois de prison contre Thierno Baïlo Barry. Monsieur Bakary Camara, le procureur audiencier, a évoqué des « excuses légales » conformément aux dispositions des articles 287 et 290 alinéas 2 pour motiver ses réquisitions.

« Il arrive parfois des faits imputables à des citoyens, mais dont les victimes sont la cause. Ça fait mal d’être nargué par celui qu’on aime ; mais, faut-il en faire l’objet d’injures et d’agressions ? Je dis non… Nous avons mené des enquêtes et nous avons compris que, contrairement à ce que soutenait ici la sœur de la victime, Maïmouna avait quitté son foyer sans même informer sa belle-famille… Vu tout ce qui vient d’être développé ici, le ministère public demande qu’il vous plaise de déclarer Thierno Baïlo Barry coupable de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort. Et, pour la répression, vous le condamnerez à 6 mois d’emprisonnement », a requis le procureur Bakary Camara.

De son côté, le conseil de l’accusé a emboité le pas au parquet, tout en demandant au tribunal d’accorder de larges circonstances atténuantes à son client. « Nous regrettons la mort de Maïmouna Diallo qui était notre petite amie… Et, le tribunal doit savoir que ce qui est arrivé à cette fille résulte des mariages forcés dans notre société. La victime et mon client vivaient un amour parfait. Malheureusement, Maïmouna a été mariée à un homme qu’elle n’aimait pas. Cela s’explique d’ailleurs par les multiples appels qu’elle a effectués pour tenter de maintenir sa liaison amoureuse avec Thierno Baïlo… La loi est dure, mais c’est la loi. Il y a des excuses légales qui plaident en faveur de mon client qui a tout fait pour éviter la fureur de Maïmouna. Et, en plaidant cette excuse de provocation, je précise que mon client est un délinquant primaire. Donc, vous (le tribunal) retiendrez la peine proposée par le parquet ; mais, rien ne vous empêche aussi de prononcer le sursis », a plaidé l’avocat de la défense.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 15 juillet prochain.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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