Affrontement à Siguiri, le marché perturbé… Le président du tribunal accusé

Un affrontement a éclaté ce mercredi, 24 juillet 2019, deux groupes de commerçants qui se disputent des magasins appartenant à l’Etat dans la commune urbaine de Siguiri. Il n’y a pas eu de morts ni de blessés, mais le marché de la ville est fortement paralysé, rapporte le correspondant de Guineematin.com sur place.

Ce conflit dure depuis quelques mois. Mais, c’est la première fois qu’il atteint ce niveau. A l’origine, une ordonnance prise par le président du tribunal de première instance de Siguiri, autorisant l’ouverture des commerces, objets du conflit. Il s’agit de 88 magasins appartenant à l’Etat qui ont été rénovés récemment. Avant leur rénovation, les magasins en question étaient gérés par des commerçants qui ont signé un contrat de bail avec la mairie de la ville.

Mais après la rénovation, la commune a attribué les commerces à des personnes autres que celles qui les géraient, alors que le contrat de bail n’est pas arrivé à expiration. Suite à la protestation de ces derniers, la justice a été saisie de l’affaire qui commençait à prendre de l’ampleur. Le président du tribunal, Sidiki Kourouma, a ordonné la fermeture des magasins jusqu’à ce que la justice puisse trancher pour dire à qui les commerces doivent revenir. Cette décision est intervenue il y a deux mois.

Mais, à la surprise du groupe de commerçants opposés au maire de Siguiri, le juge a ordonné l’ouverture des magasins par le camp adverse avant même le jugement. Cette ordonnance a provoqué l’ire des commerçants qui géraient les magasins en question avant leur rénovation. Ces derniers sont allés sur le terrain pour empêcher l’exécution de cette décision du président du tribunal de Siguiri. C’est ainsi qu’ils se sont affrontés à leurs adversaires qui avaient déjà ouvert les commerces. Après quelques chaudes empoignades qui n’ont pas de victimes, ils ont réussi à chasser le groupe à qui les magasins ont été nouvellement attribués par le maire et ont refermé les commerces.

« Le président du tribunal voulait d’un affrontement, il l’a eu »

Interrogée par Guineematin.com juste après cet accrochage, Fanta Keïta, membre du groupe opposé à la décision du maire, a accusé le président du tribunal d’être responsable de cette situation. « C’est la justice qui veut mettre le feu entre nous. Le dossier se trouve dans les mains du juge, il refuse de trancher pour dire à qui appartiennent les magasins et il prend une ordonnance demandant à un autre groupe d’ouvrir les magasins. Nous sommes dans quel pays ? La justice est corrompue. Le président du tribunal voulait d’un affrontement, il l’a eu », a-t-elle déclaré.

Même son de cloche chez son amie, Aïcha Magassouba : « le président du tribunal ne veut pas qu’il y ait la paix ici. Sinon, il a ordonné la fermeture des magasins, cela a permis d’éviter un affrontement. La ville était calme depuis, et tout le monde attendait un jugement qui devait déterminer à qui appartiennent les magasins qui font objet de conflit. Maintenant, comme il veut brûler la ville, il ordonne l’ouverture de ces magasins attribués à une des parties en conflit sans juger d’abord l’affaire ».

De son côté, un partisan du maire de Siguiri que nous avons trouvé sur les lieux, a indiqué qu’il est venu défendre ceux à qui les magasins ont été attribués parce que ce sont les autorités qui leur ont donné l’autorisation de les ouvrir. « Nous sommes là pour défendre la loi. Le maire est une autorité et le juge est également une autorité. Si ceux-ci demandent l’ouverture des magasins, de simples commerçants ne peuvent venir s’opposer à cela », a-t-il dit.

Pour l’heure, les magasins restent fermés et le conflit est peut-être loin de trouver son épilogue.

De Siguiri, Bérété Lancéï Condé pour Guineematin.com

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