Interdiction de la coupe et du transport du bois : les acteurs plaident pour un allègement de la décision

Après démantèlement réseaux clandestins de coupe abusive et d’exportation de bois dans les préfectures de Mamou et Faranah, le gouvernement guinéen, à travers le ministère de l’environnement, des eaux et forêts, vient d’interdire la coupe et le transport du bois en Guinée jusqu’à nouvel ordre. Cette décision des autorités est entrée en vigueur ce lundi, 14 juin 2021, sur toute l’étendue du territoire national. Et, au niveau de la filière bois on s’alarme déjà.

Rencontrés par un reporter de Guineematin.com, les acteurs de ladite filière font mine de comprendre la motivation d’une telle mesure, mais ils plaident pour un allègement de cette décision très pénalisante.

Abdoulaye Traoré, vendeur de bois à Kountia

« C’est une décision des autorités, on ne peut pas s’y opposer. Mais, c’est la surprise avec laquelle la décision est tombée qui nous a peiné. Ce qui nous est arrivé est l’œuvre de certains de nos amis. Le gouvernement a d’une part raison. Sinon comment peut-on couper du bois ici en Guinée et aller payer les taxes sur un autre territoire ? C’est une perte pour la Guinée. Voilà aujourd’hui c’est tous les acteurs de la filière qui sont impactés par leur action. Les gens ont des commandes de bois en brousse qui peinent à leur arriver. Sinon c’est quelque chose de 20 jours seulement qui nous séparent de la date des trois mois du repos biologique, période à laquelle on fait le reboisement. Nous on se préparait pour ça en acheminant nos bois déjà coupés d’ici l’arrêt des activités. Il faut s’attendre à beaucoup de pertes chez les vendeurs. Parce que les bois coupés ne seront plus replantés ; et nous, nous ne pouvons pas en profiter. Car, quand ça reste en brousse là-bas en cette saison pluvieuse, ça sera gâté par l’eau. Donc, nous ne sommes pas contre la décision, mais si les autorités pouvaient nous faire cet allègement, ça va soulager les acteurs du bois. Sinon, le gouvernement avait autorisé la consommation locale, mais exporté, même nous, nous sommes contre. Moi personnellement j’ai mon chargement qui est présentement en route pour ici. Parce qu’ils avaient eu tous les permis de circuler avant la rentrée en vigueur du communiqué », a indiqué Abdoulaye Traoré, vendeur du bois à Kountia.

A peine que cette interdiction soit entrée en vigueur, les affaires de Abdoulaye Fofana sont déjà impactées. Un de ses chargements est actuellement bloqué à Guékédou. Et, il demande un moratoire pour leur permettre d’acheminer les bois déjà couper et ceux qui sont déjà chargés pour le transport.

Abdoulaye Fofana, vendeur de bois

« J’ai appris avec amertume ce communiqué du ministère de l’environnement, des eaux et forêts. Mais, comme c’est une décision de nos chefs, on ne peut pas outre passer. Mais, vu la situation, nous avons des doléances à leur encontre. Qu’ils (le gouvernement) aient pitié de nous en nous offrant quelques jours pour acheminer les bois déjà acheté en brousse. À l’heure où moi je vous parle, j’ai plus d’argent en brousse là-bas qu’ici. Il y a beaucoup d’argent que j’ai amené ces derniers temps dans le cadre de la coupe et le transport des bois. Si soudainement on arrête comme ça, les bois vont pourrir là-bas ; et, cela va jouer non seulement sur moi, mais aussi sur mes amis avec qui je travaille. Parce qu’ici nous travaillons en synergie. Même s’il faut nous accorder 10 jours additionnels pour permettre à ceux qui ont déjà embarqué et qui ont des laissez-passer d’arriver à destination. Parce que moi on vient de m’appeler ce matin qu’ils ont arrêté un de mes chargements à Guékédou, pourtant le chauffeur avait déjà pris tous les papiers qu’il fallait. Donc, nous les prions pour ça pour ne pas doubler la perte », a confié Abdoulaye Fofana.

Tout comme ce vendeur de bois, Lancinet Camara déplore déjà trois chargements bloqués à Dabola. Il dit avoir été surpris par cette interdiction et plaide pour allègement de la mesure.

Lancinet Camara, vendeur de bois à Conakry

« Cette interdiction est arrivée pendant qu’on était en plein préparation pour faire venir nos marchandises avant le début du repos biologique qui commence le 2 juillet. Malheureusement, cela a coïncidé au mauvais comportement de certains coupeurs du bois qui envoient les bois en Sierra Léon. Donc, finalement les autorités ont infligé une sanction commune à nous tous. Sinon, ce communiqué nous a vraiment surpris. Le gouvernement doit reculer un peu pour qu’on puisse acheminer les bois qu’on a à l’intérieur du pays. Sinon le feu de brousse ou la pluie va gâter notre marchandise. Pourtant, c’est dans ça que nous faisons vivre notre famille. J’ai trois chargements bloqués présentement à Kébéya (Dabola). Ils étaient en train de chercher les papiers pour embarquer dans le camion, mais on me dit que ce n’est plus possible », s’est plaint Lancinet Camara.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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