Refus de libérer Toumba Diakité : « c’est une honte pour notre justice » (Me Paul Yomba)

Maitre Paul Yomba Kourouma, avocat
Maitre Paul Yomba Kourouma, avocat

Comme annoncé précédemment, la Cour suprême a rendu son arrêt ce mardi, 15 juin 2021, dans l’affaire du commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba. La plus haute institution judiciaire du pays a rejeté le pourvoi en cassation introduit par les avocats l’ancien aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara (le chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir à la mort du président Lansana Conté).

Ces avocats se battent depuis plusieurs mois pour tenter d’obtenir la libération de leur client, le seul détenu parmi les personnes inculpées dans le cadre du massacre du 28 septembre 2009 (plus de 150 morts, de nombreux blessés et des femmes violées, selon des ONG de défense des droits de l’homme). Ils sortent déçus et tristes de cette bataille judiciaire sur le plan national, parce qu’ils estiment que le droit n’a pas été dit dans cette affaire.

« C’est avec beaucoup d’amertume, de douleur et de tristesse que nous avons accueillis cet arrêt de la Cour suprême de notre pays, qui reçoit le pourvoi parce qu’en la forme, il ne souffre d’aucune ambiguïté, mais au fond, le rejette purement et simplement sans aucun détail. Cet arrêt est en contradiction avérée avec les débats qui se sont déroulés devant la Cour. Au cours desquels, le procureur général près la Cour suprême lui-même a attesté que les moyens soulevés par la défense étaient imparables, que le titre de détention de Toumba n’avait à aucun moment été renouvelé et que la conséquence de cela devait être la mise en liberté pure et simple du détenu.

Et cela conformément aux dispositions du Code de procédure pénale. La Cour suprême vient donc de denier cette réalité. Nous avons pensé qu’elle allait corriger les tares et insuffisances qui émaillaient les jugements antérieurs rendus par les juridictions de base, que la Cour suprême aurait dit le droit, que l’Etat de droit aurait triomphé à travers son arrêt et que les droits de Toumba seraient restaurés. Mais nous constatons de plus en plus qu’aucune juridiction du pays ne peut avoir le courage d’assumer  sainement ce sacerdoce de dire le droit. Sincèrement nous sommes ahuris », a réagi Me Paul Yomba Kourouma, l’un des avocats de Toumba Diakité.

Il ajoute que son client est malade en prison et que cette seule raison aurait suffi pour le libérer afin qu’il puisse se soigner. Mais à l’issue de cette procédure, l’avocat conclut que le commandant Aboubacar Sidiki Diakité est en train d’être sacrifié par les autorités guinéennes. « Toumba est aujourd’hui considéré comme le sacrifice ou l’agneau qui va expier la forfaiture de ses pairs. C’est lui qui en définitif, payera pour tout le monde », a-t-il déclaré, tout en annonçant que son camp ne va pas baisser les bras. Les avocats annoncent qu’ils vont saisir les juridictions supranationales pour chercher à se faire entendre.

« Nous nous adresserons aux juridictions supranationales qui, elles, diront le droit, parce qu’il saute à l’œil. Le mandat n’a pas été renouvelé, on ne peut le fabriquer. À force d’oublier Toumba en prison, de le marginaliser, de le ségréguer, on a fini par oublier le renouvellement de son mandat. Les juges savent qu’en libérant Toumba, ce serait une libération définitive au regard des dispositions de la loi. C’est une honte pour notre justice qu’il n’y ait personne qui puisse se tenir sur la brèche pour défendre le droit », a dit Me Paul Yomba Kourouma.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

Facebook Comments Box