Apiculture à Kaïlondji (Télimélé) : Bocar Sylla produit jusqu’à une tonne de miel par an

Bocar Sylla, apiculteur à Kaïlondji-Dando, dans la sous-préfecture de Sogolon
Bocar Sylla, apiculteur à Kaïlondji-Dando, dans la sous-préfecture de Sogolon

Âgé d’une cinquantaine d’années et environnementaliste, Bocar Sylla est un passionné de l’apiculture. Ce fils résident de Kaïlondji-Dando (un district de la sous-préfecture de Sogolon, préfecture de Télimélé) produit du miel depuis une dizaine d’années maintenant. Actuellement, il produit jusqu’à une tonne de miel par an. Il y a quelques années depuis qu’il a décidé de se passer du confort de la ville au profit des activités agropastorales au près de ses parents. Et, avec quelques pratiques élémentaires de l’apiculture en tête, il a fait des ruches qui lui permettent de récolter du miel deux fois par an. Aujourd’hui, son rêve est de former « une coopérative » avec les apiculteurs traditionnels afin de se pencher sur la mise en place d’une miellerie dans la préfecture de Télimélé.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com samedi denier, 12 juin 2021, Bocar Sylla a accepté de parler de cette activité (l’apiculture) qui le passionne tant. « je ne suis pas un spécialiste, je suis un amateur », dit-il avec modestie alors qu’il nous faisait visiter ses ‘’ruches kényanes’’ à Kaïlondji.

Décryptage !

Guineematin.com : comment êtes-vous venus à l’apiculture ?

Bocar Sylla : Je ne suis pas un spécialiste, je suis un simple amateur. J’ai eu la chance de découvrir ce modèle de ruche à partir de Boké où j’évoluais avec l’institut Jane Goodall dans le cadre de la protection des chimpanzés. A un niveau d’évolution de notre projet, il était question d’identifier des microprojets d’intérêt communautaire. Une mesure compensatrice à l’endroit des populations bénéficiaires, parce qu’à chaque fois qu’on leur demandait de ne pas tuer les chimpanzés, certains disaient que ceux-ci pillent leurs récoltes. Les blancs ont décidé de trouver une mesure alternative à ce problème. C’est ainsi qu’ils nous ont demandé d’aider les populations à trouver des microprojets et nous avons identifié ce genre de projet. Depuis, voyant  l’intérêt qui se trouve dedans, je me suis dit pourquoi ne pas expérimenter une telle idée chez moi. C’est ainsi que j’ai décidé, depuis le 1er janvier 2011, de revenir au bercail (à Kaïlondji), au près de mes parents, pour initier ce microprojet que je suis avec d’autres activités génératrices de revenu. Grâce à ça, j’assure l’éducation de mes enfants et je m’en sors grâce à Dieu.

Guineematin.com : actuellement vous avez combien de ruches et où est-ce qu’elles sont placées ?

Bocar Sylla, apiculteur à Kaïlondji-Dando, dans la sous-préfecture de Sogolon

Bocar Sylla : Actuellement, j’ai une vingtaine de ruches installées ; mais, pas toutes habitées. Cette saison, j’ai été victime d’un feu de brousse ; sinon j’avais plus d’une cinquantaine de ruches. Bon nombre sont partis en flamme. Pour parer à cela, j’ai décidé d’installer désormais mes ruches sur les roches. Cela permet de limiter les dégâts en cas de feu.

Guineematin.com : Quelle est la quantité de miel que vous récoltez par ruche et comment vous faites pour la commercialisation ?

Bocar Sylla : Ça dépend du volume de la caisse en question. Par exemple, si ces caisses sont bien chargées, je peux avoir entre 30 à 35 kilogrammes de miel. Pour la commercialisation, depuis que les gens ont su que je suis dans cette activité, beaucoup de personnes viennent vers moi pour demander est-ce que j’ai du miel. Ils disent qu’ils ont appris que je fais du miel ; mais, pas comme les autres le fond et que mon miel est de qualité. Donc, les gens viennent vers moi pour se procurer du miel qui est très propre, parce que moi je n’utilise pas le feu et l’eau dans la récolte. Je ne brûle pas mon miel. Étant environnementaliste de profession, je suis contre toute pratique qui contribuerait à la destruction de la faune sauvage qui a tant d’intérêt économique pour la population. Parfois, je peux produire jusqu’à une tonne de miel par an. Et, pour un client qui vient jusque dans mon village, je peux lui vendre le litre à 20.000 francs guinéens. Donc, moins cher par rapport aux autres.  

Guineematin.com : dans cette activité, est-ce que vous bénéficiez du soutien de la part de l’Etat ou d’une ONG ?

Bocar Sylla : pour ne pas mentir, depuis que je me suis lancé dans cette activité, je n’ai obtenu de l’appui de personne. L’année dernière par exemple, la mission européenne était venue en Guinée dans le cadre d’un projet de miellerie. J’étais avec l’ex maire de la commune urbaine de Télimélé, monsieur Bantaya, on voulait coopérer avec eux pour installer une miellerie à Télimélé. Ils sont venus jusqu’ici pour voir ce que je fais. Ils m’ont posé assez de questions et m’ont promis que quand ils reviendront en Guinée, nous allons collaborer et travailler ensemble. Ils étaient très satisfaits du résultat qu’ils ont constaté sur le terrain.

Guineematin.com : à part vous, est-ce qu’il y a d’autres apiculteurs dans la préfecture de Télimélé ? Et si oui, est-ce que vous envisagez de créer une coopérative avec eux ?

Bocar Sylla : ce n’est pas exclu et c’est mon souhait le plus ardent. Même dans mon village ici, il y a assez d’apiculteurs ; mais, traditionnels. Eux, leur façon de récolter le miel est tout à fait différente de celle que moi je pratique. Et, il n’y a pas ce que je n’ai pas fait pour leur tirer par-là. Je n’ai pas manqué à leur dire venez, même si vous ne voulez pas abandonner les anciennes pratiques, mais ayez le courage de venir auprès de moi, coopérons et peut-être avec les résultats que nous allons obtenir, c’est possible que vous puissiez abandonner l’ancienne pratique qui n’est qu’une activité destructrice de l’environnement. Un apiculteur traditionnel peut sortir toute une journée en train de courir d’un buisson à l’autre, d’une montagne à l’autre à la recherche des essaims sauvages. De fois, ils ont du mal à coucher l’arbre où se trouve l’essaim. Ils peuvent passer jusqu’à 3 heures ou 4 heures en train d’abattre un arbre et que le résultat devient négatif. De fois ils ne parviennent même pas à avoir un ou deux litres de miel. C’est pourquoi, avec les ruches que vous voyez ici, si elles sont en maturité, vous pouvez facilement avoir 30 à 40 litres de miel.   

Guineematin.com : est-ce qu’il y a un produit particulier que vous utilisez pour attirer les abeilles vers vos ruches ?

Bocar Sylla : je n’ai pas un produit spécifique pour attirer les abeilles. Mais, dans l’installation des ruches, il faut tenir compte de la période. Autrement dit, ce n’est pas à n’importe quelle période que les abeilles peuvent venir habiter une ruche. En tout cas, c’est mon constat depuis que je me suis lancé dans cette activité. Mais, cela n’empêche, à chaque fois que j’en fabrique une nouvelle ruche, pour attirer les abeilles, j’utilise son propre produit qui n’est autre que la cire ou bien le miel lui-même. Avec la cire fondue, j’utilise des bandelettes de cire au niveau des barrettes et je viens frotter ça devant le trou de vol. Sans tarder, une ou deux jours après, je viens trouver qu’il y a déjà un essaim qui est installé. Parfois, j’utilise la poudre du riz mélangée avec de la pâte d’arachide et du miel que je viens frotter devant le trou de vol. A part cela, je n’utilise rien d’autre.

Guineematin.com : vous faites combien de récoltes dans l’année et quel est votre souhait aujourd’hui à travers cette activité?

Bocar Sylla : étant un amateur, j’ai besoin d’un encadrement solide pour être beaucoup  plus performant dans cette activité qui me passionne. Je peux faire une ou deux fois de récolte par an et par ruche. Mon souhait c’est de voir cette activité devenir une activité qui va s’étendre sur toute ma sous-préfecture et pourquoi pas ma préfecture, Télimélé. Je ne vous mens pas, si on tient avec tout le sérieux cette activité, on peut être à l’abri de beaucoup de maux. Parce que c’est une activité porteuse.

Les journalistes, Bachir Sylla et Alpha Assia Baldé en compagnie de l’Apiculteur, Bocar Sylla

Interview réalisée à Kaïlondji par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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