Manifestation à Mamou : les élèves réclament la reprise des cours à zéro !

Comme annoncé dans une précédente dépêche de Guineematin.com, des élèves en colère ont manifesté ce lundi, 21 janvier 2019, dans la commune urbaine de Mamou. Ils protestaient contre la tenue de la composition du premier semestre, qu’ils trouvent prématurée, compte tenu de la perturbation des cours enregistrée pendant les trois mois et quatre jours qu’a duré la grève du SLECG (syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée).

Très déterminés à protester contre la volonté des autorités éducatives de Mamou de faire composer les élèves de la ville carrefour, des élèves du lycée ‘’Grand Ducal’’ (commune urbaine de Mamou) sont massivement descendus dans la rue avec un seul slogan : à bas la composition…

Mamadou Saliou Sigon Baldé

« Certains enseignants n’ont pas donné le programme, à plus forte raison nous enseigner une leçon du programme. Comment est-ce qu’on peut composer dans ces conditions ? Nous disons à bas la composition et demandons qu’on reprenne les cours à zéro. Car, pendant la grève du SLECG, beaucoup d’entre nous ne venions pas à l’école », a indiqué un lycéen, sous le brouhaha approbateur de ses amis.

Pour donner du tonus à leur mouvement de revendication, les protestataires sont allés s’attaquer avec des jets de pierres aux lycées ‘’Elhadj Aboubacar Doukouré’’ et Amilcar Cabral pour sortir les élèves qui s’y trouvaient. Dans ce dernier lycée, les compositions avaient déjà démarré. Mais, « la pluie de pierres » qui venaient de l’extérieur de la cour a fait sortir les élèves de leurs classes.

« Certains élèves ont reçu des projectiles. Ils ont été conduits à l’hôpital régional », avait indiqué plutôt dans la journée le principal du collège ‘’Siradio Diallo’’, Mamadou Saliou Sigon Baldé.

Au lycée  »Fouta international », le proviseur Bakary Kaba parle aussi de plusieurs élèves blessés et de dégâts matériels. « Il y a eu sept élèves blessés. Certains élèves qui étaient à l’étage ont reçu des tessons de vitre cassée. On a eu quatre fenêtres de vitre cassée. Les pierres qui témoignent de l’agression sont encore à la véranda », a précisé Bakary Kaba.

Pour casser le rythme de la protestation et disperser les manifestants, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes au lycée Amilcar Cabral. A 13 heures, des sources contactées au téléphone par Guineematin.com ont confié qu’une réunion de crise se tenait au gouvernorat de Mamou.

Pour rappel, du 03 Octobre 2018 (date de la rentée des classes) au 11 Janvier 2019, le système éducatif guinéen a été durement éprouvé par la grève des enseignants. Une grève déclenchée par le SLECG qui réclamait huit millions de francs guinéens (8 000 000 GNF) comme salaire de base pour chacun des enseignants de la République de Guinée.

Pendant cette période de vache maigre qui a duré trois mois et huit jours pour le secteur de l’éducation en Guinée, les écoles publiques et privées de la préfecture de Mamou (à l’instar de certaines écoles du pays) ont enregistré un faible taux de présence des élèves. Ces derniers attendaient patiemment la fin de la grève et la reprise du chemin de l’école par les enseignants qui étaient majoritairement restés à la maison.

Les quelques rares enseignants qui partaient à l’école pendant la période de grève faisaient semblant d’enseigner les quelques élèves qu’ils trouvaient dans les classes. « Il y a des responsables d’écoles qui, en complicité avec des enseignants, sont en train de mettre des élèves de niveaux différents (7ème, 8ème, 9ème,…) dans une même classe pour leur dispenser le même cours. Ils sont en train de tromper les enfants », dénonçait le secrétaire général préfectoral du SLECG à Mamou, Thierno Souleymane Sall, pendant la grève des enseignants.

Dans l’accord de sortie de crise, signé le 11 janvier dernier entre le gouvernement et le SLECG (et qui a mis fin à la grève des enseignants), il est clairement mentionné ce qui suit : « le SLECG s’engage à organiser des cours de rattrapage à tous les niveaux pour combler le retard accusé dans le calendrier scolaire ».

A la lumière de cette situation, on peut bien se demander si le retard acquis pendant trois mois et huit jours a été rattrapé en moins de dix (10) jours par le SLECG de Mamou au point que les autorités éducatives de Mamou puisse décider dès à présent le démarrage de la composition dans les différents écoles de la place.

Nous y reviendrons !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.comn

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