Kaporo Rails : l’appel de détresse des citoyens déguerpis

Depuis deux semaines, l’Etat guinéen, à travers le ministère de la ville et de l’aménagement du territoire mène une impitoyable opération de déguerpissement des occupants du quartier Kaporo Rails. Les autorités guinéennes qui justifient cette opération par le fait que la zone appartient à l’Etat, démolissent inlassablement les maisons, laissant leurs habitants sans abri et sans aucune mesure d’accompagnement. Un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre de ces citoyens qui ont vu leur vie basculer tristement. Ils ont raconté leur calvaire et appelé à l’aide pour sortir de cette situation.

Décryptage !

Moumini Bah : depuis que ma maison a été détruite, je vis très mal. Je n’ai pas de mots pour qualifier cette situation. J’ai perdu une maison composée de 4 chambres et un salon. J’ai une femme et 5 enfants qui sont tous élèves. Moi je prie Dieu pour qu’il me vienne en aide. C’est Dieu qui est grand. Moi je suis malade, il y a de cela 4 ans que je suis assis ici, je n’arrive pas à marcher. J’ai 58 ans cette année et je n’ai nulle part à aller. Je n’ai pas de terrain pour au moins espérer un peu de soutien.

Avant, j’étais chauffeur. C’est avec cette activité que j’ai construit ma maison et fondé ma famille. Aujourd’hui, je ne peux rien, je suis très faible. J’ai subi deux interventions chirurgicales à l’hôpital Jean Paul II. Je souffre du rhumatisme. Avec ça, je ne peux pas bouger et je ne peux pas faire de travaux physiques. Je n’ai plus de force, je suis malade, je suis un vieux. C’est Dieu qui peut m’apporter de l’aide en plus des personnes qui ont des moyens. Je demande à toute personne qui peut m’aider à me faire sortir de cette impasse de la faire. Mon numéro de téléphone, c’est le 664 36 80 09.

Abdoulaye Diallo, 65 ans : je suis à Kaporo Rails depuis 1979. Je suis commerçant de profession. Je vis ici avec mon frère et nos familles. C’est mon frère qui a construit ici pour la première fois. Après, je suis venu le rejoindre. Nous avons perdu une maison de 8 chambres. Il y avait deux bâtiments. Moi j’ai deux femmes et 5 enfants. En plus, j’ai les enfants de ma sœur qui est décédée en 2009.

Ces enfants sont avec moi ici en plus de mes propres enfants. Tous ces enfants étudient au lycée de Kaporo Rails. Un d’entre eux doit faire le Bac. Mais, leurs études sont aujourd’hui menacées parce qu’ils seront éloignés de leur école. Je ne sais pas comment je vais faire. En ce moment-là, il n’y a pas de transfert dans les écoles. Ça me touche au fond du cœur.

Je veux lancer un appel à toutes les personnes de bonne volonté pour m’aider. Pas moi seul, mais pour aider toutes les victimes de Kaporo Rails surtout ceux qui sont vieux comme moi et qui n’ont pas de force physique. J’ai 65 ans. Ma famille s’est dispersée. Certain de mes bagages sont là d’abord. Le matin-là j’étais à Kénendé (Dubreka) pour avoir une maison. Mais même si je gagnais une maison là-bas, comment je vais m’y rendre ? Je n’ai pas d’argent.

Partout où j’ai été pour trouver une maison, une chambre simple et salon, on me dit 300.000 ou 500.000 GNF. Avec tout ça, on te demande une avance de 6 mois à 1 an. Quand tu n’as rien, ce n’est pas possible. Je demande à toute personne qui a la capacité d’aider de nous venir en aide. Tu peux avoir l’intention d’aider mais si Dieu ne t’a pas donné les moyens, tu ne peux pas le faire. Mais c’est à cause de Dieu qu’on demande à ceux qui en ont les moyens de nous aider. Mon numéro de téléphone, c’est le 621 27 30 64.

Hadja Kadiata Diallo, 73 ans : actuellement, mon seul souci c’est comment trouver un logement. Toutes nos maisons ont été détruites. Actuellement, je suis en train de faire la navette : je passe la nuit dans différentes familles. Je serais très contente si je trouvais une aide me permettant de trouver un logement. Mon numéro de téléphone, c’est le 664 67 41 67.

Propos recueillis par Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tel : (00224) 622 07 93 59

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