Arrestation du journaliste Lansana Camara : « nous ne nous laisserons pas faire », prévient Tham Camara

Le journaliste Lansana Camara

Comme annoncé précédemment, Lansana Camara, administrateur général du site Conakrylive.com, a été mis aux arrêts dans la soirée d’hier, mardi 26 mars 2019, suite à une plainte du ministre des Affaires Etrangères. Une situation qui provoque une levée de boucliers dans la corporation. Joint au téléphone par un reporter de Guineematin.com, Amadou Tham Camara, président de l’Association Guinéenne de la Presse en Ligne (AGUIPEL) a fermement condamné cette arrestation.

Amadou Tham Camara craint aujourd’hui pour l’avenir des médias en Guinée. Pour ce cas précis, rappelle le président de l’AGUIPEL, « il s’agit d’un délit de presse. Et, on le sait tous que le délit de presse est dépénalisé. La sanction, ce n’est pas une privation de la liberté, c’est une sanction financière. En aucun cas, un journaliste ne doit aller en prison pour ce genre de délits-là. C’est une violation grave sur la liberté de la presse et même de la Constitution guinéenne.

Et, ceci est d’autant plus inquiétant maintenant que chaque fois que c’est un ministre qui est mis en cause, le journaliste va systématiquement en prison, ça n’arrive pas avec les autres citoyens. Le délit de presse, chaque fois que c’est un ministre de la République, il y a du zèle, il y a privation de liberté pour le journaliste. Nous condamnons avec la plus grande fermeté et nous ne nous laisserons pas faire », prévient le président de l’AGUIPEL.

Pour Amadou Tham Camara, « la liberté de la presse est un long combat, qui a abouti à une loi sur la liberté de la presse. Donc, nous n’allons pas accepter qu’on bafoue simplement et facilement cette loi-là. Nous n’avons appris cette nouvelle que tard cette nuit. Donc, demain matin (ce mercredi), nous allons nous mettre en rapport avec son avocat, mais également nous allons rentrer en contact avec Reporters Sans Frontières et toutes les ONG de défense des droits de l’homme pour que les gens se réveillent par rapport à ce qui se passe.

Parce qu’il s’agit là d’une véritable épée de Damoclès qui plane sur la tête de la presse guinéenne. Et, nous allons vers une période de tumulte et cela nous préoccupe à plus d’un titre. Parce que, nous partons vers des périodes électorales importantes. Et, vouloir chaque fois qu’un ministre est mis en cause, mettre le journaliste qui a écrit cet article en prison aussi facilement, c’est tout simplement un grand recul de la démocratie. Et, cela est tout simplement inacceptable », a-t-il martelé.

Pour finir, Amadou Tham Camara demande la solidarité de tous les journalistes pour la libération de Lansana Camara. « Je pense que c’est des périodes comme ça que la presse s’est montré assez solidaire. Surtout qu’il s’agit manifestement d’un délit de presse. Donc, il n’y a pas de crime, il n’y a pas d’infraction grave, il n’y a pas eu mort d’hommes, il n’y a pas d’homicide, il n’y a absolument rien. Je pense qu’on est entre personnes civilisées. Donc, on ne devait pas aller à cet affrontement-là », a-t-il fait observer.

Lansana Camara est visée par une plainte du ministre des affaires étrangères suite à un article faisant état d’un présumé détournement de deux milliards de FG dans la gestion du carburant affecté au département.

Propos recueillis par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box