Kaporo-rails : où sont passés les fonds alloués aux déguerpis de 1998 ?

Le président du Parti Panafricain de Guinée (PAG), Mohamed Mansour Kaba, s’est exprimé sur la démolition de Kaporo-rails, dans la commune de Ratoma, par le gouvernement guinéen. Il dénonce le détournement de milliards de francs guinéens destinés au dédommagement des déguerpis de 1998. C’était au cours d’une conférence qu’il a animée ce jeudi, 28 mars 2019 à la Maison de la Presse de Coléah, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Comme beaucoup de leaders politiques guinéens, Mohamed Mansour Kaba dénonce l’impitoyable opération de déguerpissement des habitants de Kaporo-rails. Dans son discours, le président du Parti Panafricain de Guinée (PAG) a rappelé qu’après la casse de 1998, de gros efforts ont été fournis pour dédommager et relocaliser les victimes. Mais, révèle-t-il, ces montants n’ont jamais été payés aux victimes.

« Un comité de pilotage du projet d’aménagement du centre directionnel de Koloma fut créé par arrêté ministériel N° 2882/MUH/SGG/8 du 31 juillet 2008. Ce comité avait pour fonction : la coordination interministérielle et la coordination des opérations de recasement des occupants du site de Koloma.

De gros efforts ont été fournis pour la conformité avec les procédures normales dans ce genre de situation. Un tableau fut dressé pour le calcul des montants à payer aux occupants du site de Koloma. Je me limiterai ici à énoncer le montant actualisé en 2008, à payer aux occupants du site de Koloma et d’autres sites soumis aux mêmes problèmes de déguerpissement.

Montant à payer pour Koloma : 77 milliards 051 millions 414 mille 310 francs guinéens ; autres déguerpis : 8 milliards 015 millions 723 mille 520 francs guinéens. Une grande question reste à poser : le payement a-t-il réglé des dédommagements aux victimes de Koloma, Kipé 2 et autres concernés par ces dédommagements ? Ou bien ces fonds auraient-ils disparus dans les poches profondes de fonctionnaires indélicats ? ».

Par ailleurs, Mohamed Mansour Kaba a indiqué que dans le même décret des zones de recasement furent identifiées. « Ce sont : Gomboya rails, 2 500 parcelles sur 15 hectares ; Gomboya Sud ou Fassia, 750 parcelles sur 50 hectares ; Sanoyah village, 2 500 parcelles sur 150 hectares ; Km 36 ou Souguéta, 750 parcelles sur 50 hectares.

Soit au total 400 hectares pour 6 500 ménages. Ici aussi, l’on ne constate aucun effort du gouvernement pour l’aménagement de ces sites de recasement. Une autre question reste à poser : ces sites de recasement sont-ils encore libres ? »

En outre, Mansour Kaba a dénoncé la manière par laquelle les habitants de Kaporo-rails et de Kipé 2 ont été déguerpis récemment. « Il faut que les guinéens apprennent à respecter la loi. Moi, je connais des situations où les gens viennent démolir une porte autour d’une clôture pour aller construire sur la propriété d’autrui. Cela se fait à Conakry et après, ils comptent sur la justice pour dire que je vais gagner le procès. C’est grave, il faut qu’on respecte les lois ».

Enfin, l’ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat sous la transition s’est exprimé sur le projet portant schéma directeur d’aménagement de Kaloum et des Iles de Loos, Conakry Vison 2040. « Ce projet ne s’intéresse qu’à la commune de Kaloum et aux Iles de Loos. Or, Conakry est constitué par la commune de Kaloum et les quatre autres communes de la banlieue. Il n’est pas question de séparer Kaloum de sa banlieue.

On ne peut pas faire un projet comme ça sans penser au reste de Conakry. Ensuite, nous ne savons pas sur la base de quel critère le bureau d’étude a été choisi, avec quel cabinet guinéen il collabore. Il n’est pas normal qu’un projet aussi important, pour les 100 prochaines années de la Guinée, soit donné de gré-à-gré à un cabinet quel qu’il soit », a laissé entendre Mohamed Mansour Kaba.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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