Funérailles de Kèlèfa Sall : Aly Thiam, choqué par certaines réactions

Kèlèfa Sall, l’ancien président de la cour constitutionnelle de Guinée, a rejoint sa dernière demeure ce mardi, 30 juillet 2019. En l’absence de funérailles officielles, le magistrat a été inhumé dans l’intimité familiale au cimetière de Cameroun (Conakry). Plusieurs parents, amis et connaissances du défunt se sont rendus à l’hôpital sino-guinéen où a eu lieu la levée du corps. Interrogés par un reporter de Guineematin.com, plusieurs d’entre eux ont rendu un vibrant hommage à l’homme.

Une occasion mise à profit par Mohamed Aly Thiam, le président de l’association des magistrats dont Kèlèfa Sall était membre, pour répondre à ceux qui pensent que sa mort est liée à sa destitution de la présidence de la cour constitutionnelle. Pour lui, ceux qui pensent ainsi sont complètement passés à côté. Nous vous proposons ci-dessous son témoignage et ceux d’autres personnalités qui étaient sur les lieux.

Mohamed Aly Thiam, président de l’Association des Magistrats de Guinée
Mohamed Aly Thiam, président de l’Association des Magistrats de Guinée

Mohamed Aly Thiam, président de l’Association des Magistrats de Guinée : je suis triste et ému. Comme vous le savez, la mort est le destin inexorable de chaque Homme. Nous avions vraiment voulu continuer avec lui, mais Dieu en a décidé autrement. Ce que je dois dire, c’est que lorsqu’on regarde le parcours de l’homme, on ne peut lire que des motifs de fierté. Je suis consterné de constater que des articles de presse malveillants continuent à décrire l’homme comme quelqu’un qui serait mort des suites d’une aigreur à la suite de la perte de son poste. Cet homme, quand ces évènements de la cour constitutionnelle sont intervenus, que l’association est allé le voir pour lui dire son soutien et lui demander qu’est-ce qu’il voudrait que l’association fasse pour lui, il a dit ceci : ne faites rien, je subirai mon destin tel que Dieu me l’a prescrit.

C’était un homme de conviction forte. Kèlèfa n’était pas le genre qu’on pouvait convaincre facilement. Et quand il est convaincu aussi, il s’engage fortement. C’était ça Kèlèfa. Mais ceux qui ne le connaissent pas, disent n’importe quoi. Ils se permettent de salir sa mémoire aujourd’hui. Il a été destitué mais sa vie n’était pas faite qu’au poste. Et d’ailleurs, quand il a choisi d’être président de l’association des magistrats, il prenait le risque de perdre des postes, il prenait de grands risques de perdre des postes.

Donc, ce n’était pas l’homme qui était attaché à des postes. C’était un homme qui avait des idéaux, qui avait des objectifs qu’il voulait atteindre. Je suis vraiment consterné de voir que des articles de presse sont en train de chercher à diminuer l’homme. Kèlèfa a été grand et il a été de tous les combats. Personnellement, nos chemins se sont croisés à plusieurs occasions. D’abord, à l’université, il était étudiant et je donnais des cours à sa classe. Ensuite, dans la magistrature, il a été un collaborateur.

Au sein de l’association, il été un collaborateur, au sein du CNT, il a été un collaborateur. Et j’ai donc appris à le connaitre. Ce n’est pas ce qu’on dit de lui là. On se trompe complètement sur son compte et on s’est trompé sur son compte. Mais ce qu’il faut dire, c’est de prier que Dieu le reçoive dans son paradis. Kèlèfa avait un souci. C’était que la magistrature soit indépendante. C’était que les conditions de vie et de travail de ses collaborateurs, de ses confrères, de ses collègues soient constamment améliorées. Que surtout les interventions, les pressions, les ingérences dans les affaires judiciaires cessent.

Que la décision de justice soit la décision du magistrat. Que ce ne soit pas une décision imposée. Que ce ne soit pas une décision obtenue sous pression. Que ce soit la pression morale, que ce soit la pression politique ou la pression financière. C’est ce que Kèlèfa a souhaité et c’est pour ça qu’il s’est battu. Et je témoigne qu’il a mené un rude combat (…) Le combat que Kèlèfa a commencé, il sera continué par l’association.

Propos recueillis par Mohamed DORE pour Guineematin.com

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