Éboulement à Coyah, actions de SANITA Villes Durables : les explications de Néné Mariama Baldé

Néné Mariama Baldé, coordinatrice du projet SANITA villes durables Guinée
Néné Mariama Baldé, coordinatrice du projet SANITA villes durables Guinée
Néné Mariama Baldé, coordinatrice du projet SANITA villes durables Guinée
Néné Mariama Baldé, coordinatrice du projet SANITA villes durables Guinée

Les pluies diluviennes qui se sont abattues la semaine dernière sur la Basse Guinée ont provoqué des inondations et un glissement de terrain à Coyah. La route nationale Coyah-Kindia a connu une paralysie sans précédent ces derniers jours, suite à l’éboulement survenu à quelques pas du pont KK. Pour parler de ce qui peut être les causes de cet éboulement et de bien d’autres sujets, un reporter de Guineematin.com a donné la parole ce lundi, 26 août 2019, à Néné Mariama Baldé, géographe-urbaniste, coordinatrice du projet SANITA Villes Durables en Guinée. Avec la coordinatrice, il a été également question de ce que compte faire le projet SANITA Villes Durables pour la Guinée dans les prochaines semaines en vue de minimiser les risques d’accident de ce genre.

Guineematin.com : un éboulement s’est produit récemment à quelques kilomètres de la ville de Conakry, sur la route nationale numéro 1, à quelques pas du pont KK. La paralysie de la circulation a affecté de nombreux usagers de la route. En tant qu’experte dans ce domaine, comment pouvez-vous expliquer ce glissement de terrain ?

Néné Mariama Baldé : de manière générale, l’éboulement est un phénomène naturel, mais aussi accéléré par certaines activités anthropiques, comme les constructions, la destruction du couvert végétal, les exploitations de terres pour des fins de construction d’habitats. Donc, Coyah est particulièrement exposé pour ces raisons que je viens de citer. Sur le plan naturel, la ville de Coyah est entourée de montagnes à fortes pentes. Sur le faîte des montagnes, il y a plusieurs blocs de roches plus ou moins dégradables qui à un moment donné peuvent débouler librement, rouler sur les pentes avant d’arriver sur les surfaces planes. Donc, toutes ces actions de l’Homme contribuent à déstabiliser les montagnes et les flancs de montagnes. Il y a aussi d’autres causes liées à la géologie, notamment les types de roches qui sont là qui peuvent être dégradés rapidement par les effets climatiques.

Guineematin.com : devant ces risques, qu’est-ce que le projet SANITA Villes Durables en Guinée peut apporter comme piste de solutions ?

Néné Mariama Baldé : le projet SANITA Villes Durables en Guinée est financé dans le cadre du 11ème FED (Fonds Européen de Développement) qui est exécuté par l’ONU Habitat. Le projet vise quatre résultats parmi lesquels le renforcement des capacités de gestion et de planification urbaine, au niveau national et local ; il y a aussi l’élaboration d’une politique urbaine nationale ; l’élaboration d’un schéma directeur pour la zone de Conakry. Et aussi, on a ce qu’on appelle le Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) qui date de 1991 et qui doit être actualisé. Enfin, on a des projets pilotes qui seront faits sur le territoire du grand Conakry.

Guineematin.com : qu’est-ce que le projet SANITA Villes Durables peut apporter comme solution face à des situations comme celle qui s’est produite à Coyah ?

Néné Mariama Baldé, coordinatrice du projet SANITA villes durables Guinée

Néné Mariama Baldé : ce que le projet peut apporter, le résultat notamment, à savoir l’élaboration du schéma directeur du Grand Conakry, il va être intégré un grand aspect lié aux changements climatiques, aux catastrophes. Coyah n’a jamais eu un plan de développement urbain. Coyah est exposé à tous les facteurs que j’ai cités précédemment, à savoir sur le plan naturel, mais aussi à cause du fait que l’urbanisation de Conakry qui est en train d’envahir la zone. Il y a aussi toutes les industries qui se développement dans la zone. Donc, le projet SANITA Villes Durables va renforcer les capacités des autorités locales, sensibiliser sur l’occupation du sol et aussi permettre à cette ville d’avoir un document de planification qui devrait guider le développement de la ville. Mais, au-delà de cela, il y a les outils de gestion qui existent, les outils légaux et réglementaires, c’est le Code Foncier Domanial, c’est le Code de l’Urbanisme, c’est le code de l’Environnement. Il faut une bonne sensibilisation pour vulgariser ces codes au niveau d’abord des acteurs et aussi des communautés. Beaucoup de ces codes n’ont pas assez de textes d’application. Donc, le projet SANITA Villes Durables va appuyer les autorités à la production de ces textes d’application. Pour le moment, nous sommes à la phase d’études préliminaires et nous espérons avoir un bon impact sur ce type de phénomènes. En tout cas, le projet intègre un volet très important sur les aires protégées et sur le changement climatique. Il y aura de la formation, de la sensibilisation, des outils seront développés et mis à la disposition des autorités dans ce cadre.

Guineematin.com : quel est le mot de la fin ?

Néné Mariama Baldé : le dernier mot, c’est de dire qu’une ville ne peut pas se développer sans plan de développement, sans textes réglementaires pour guider la mise en œuvre de ce plan. Quelques soient les études, quelque soit aussi la pertinence de ces textes de lois, s’ils ne sont pas appliqués, on n’aura pas le résultat escompté. C’est pourquoi, il faut que les autorités à tous les niveaux, qu’il y ait une volonté politique et les autorités à tous les niveaux doivent appuyer l’application de ces textes et de ces outils. Les populations ont besoin d’être sensibilisées, informées, pour le respect de ces différents outils de travail.

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineemtin.com

Tél : 628 17 99 17

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