Comme annoncé précédemment, Alimou Bah, un élève de 21 ans, est devenu la quatrième victime de l’attaque du cortège funèbre des 11 jeunes tués lors des premières manifestations du FNDC à Conakry. Suite au gaz lacrymogène qu’il a inhalé ce jour-là, le jeune homme- qui était également artiste en herbe et membre du groupe musical « Crew idéal »- est décédé dans la nuit d’hier à aujourd’hui, mardi 12 novembre 2019. Un reporter de Guineematin.com s’est rendu dans la famille mortuaire pour recueillir les réactions des proches du défunt.
Malgré la grande tristesse suite à cette perte tragique, Boubacar Bah, le père de la victime, a accepté de revenir sur les circonstances qui ont conduit à la mort de son fils. « Mon fils prenait part aux obèques des jeunes tués lors des premières manifestations d’octobre dernier. Mais, comme vous le savez, à l’arrivée du cortège funèbre à Bambeto, il y a eu des échauffourées là. C’est ainsi que des gendarmes et des policiers ont pourchassé certains jeunes, dont mon enfant. Ce dernier est allé se réfugier dans un couloir. C’est là que les forces de l’ordre ont lancé une grande quantité de gaz sur lui alors qu’il était coincé. Ne pouvant pas sortir, il a inhalé beaucoup de gaz et est finalement tombé sur place.
Après, quand il a retrouvé ses esprits, il est venu à la maison. Son arrivée a coïncidé à mon retour du travail. Dès qu’il est arrivé à la maison, il est tombé. C’est ainsi que mon jeune frère l’a pris pour l’emmener dans une clinique à côté. Le médecin l’a visité et nous a dit qu’il n’a pas détecté une maladie sur son corps. Mais, à son retour de l’hôpital, il a commencé à vomir. Nous lui avons donné du lait. Malgré tout, il continuait à vomir. Il est resté alité ici ; mais, malheureusement, il est décédé hier nuit vers 22 heures », a-t-il expliqué.
Boubacar Bah accuse les agents des forces de l’ordre d’avoir tué son enfant et annonce qu’il va porter plainte pour réclamer justice. « Les forces de l’ordre n’ont pas joué leur rôle, qui est celui de protéger les citoyens guinéens. Ce qu’ils m’ont fait, je ne vais jamais le leur pardonner. Le gouvernement d’Alpha Condé est responsable de ce qui est arrivé à mon fils parce que les forces de l’ordre sont entretenues par lui. Puisque je n’ai pas la possibilité de me rendre justice, je vais saisir l’instance habilitée à le faire qui est la justice. Je vais porter plainte contre ces agents qui ont tué mon fils. Je souhaite que justice nous soit rendue », a dit le père de famille.
De son côté, Mamadou Bailo Bah, ami du défunt, se dit profondément choqué par la mort d’un jeune qui n’avait pas de problèmes. « Alimou Bah est un ami d’enfance. On a fait l’aventure en Guinée-Bissau. On travaillait dans une unité de broyage d’arachide. C’est là-bas qu’il m’a laissé pour venir continuer l’école. Alimou était très gentil, c’était le leader de notre groupe, car on chantait ensemble aussi. Donc, c’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris son décès », a-t-il dit.
Orphelin de mère, le défunt Alimou Bah est originaire de la sous-préfecture de Bourouwal Tappé, dans la préfecture de Pita.
Paix à son âme, amine !
Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
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