Kindia : une fille se donne la mort en buvant de la soude caustique

Une jeune fille d’une vingtaine d’années a mis fin à ses jours en buvant de la soude caustique à Kindia. L’acte s’est passé le jeudi, 28 novembre 2019, quartier Abattoir 3, dans la commune urbaine. Ténemba Keïta, la défunte, a décidé de se donner la mort parce qu’elle souffrait d’une maladie qu’elle n’arrivait pas à guérir, rapporte un correspondant de Guineematin.com à Kindia.

Selon Fatoumata Keïta, grande sœur de la défunte, cette dernière traînait un diabète qui l’a beaucoup fatiguée. Après avoir suivi un traitement chez les guérisseurs traditionnels et à l’hôpital, elle a décidé finalement de se donner la mort. « Ma sœur était malade, les médecins ont dit qu’elle souffrait du diabète. C’est cette maladie qui l’a amené d’ailleurs à abandonner l’école au profit du commerce. Elle a tout fait pour recouvrer sa santé, mais impossible. Elle a finalement décidé de mettre fin à sa vie, en buvant de la soude caustique.

Mais bien avant ça, elle ouvert une pile d’une lampe-torche, elle a pris son contenu qu’elle a mélangé avec de l’eau pour boire. Parce que les gens disent que c’est du poison ça. Toute la nuit durant, on n’a pas dormi, elle était décidé à mettre fin à sa vie. On l’a tellement conseillé mais elle ne voulait rien entendre, car selon elle, la maladie l’a trop fatigué et elle n’arrive toujours pas à recouvrer sa santé. Le matin, elle est partie au marché. Peu après, des enfants nous ont dit qu’elle a bu de la soude caustique », a-t-elle expliqué.

Des médecins mis en cause

Informée de l’acte, la famille de Ténemba Keïta et certains jeunes de la localité ont accouru pour tenter de la sauver. Ils se sont débattus pour l’emmener à l’hôpital régional de Kindia. Mais une fois à l’hôpital, une vive polémique s’engage sur les lieux. Accusant les médecins d’avoir refusé de s’occuper d’elle, les proches de la fille ont protesté en criant leur colère. La gendarmerie a dû intervenir pour éviter un affrontement sur les lieux.

« On a d’abord cherché une moto, mais elle ne pouvait pas s’asseoir sur la moto. Entretemps, un simbo (guérisseur traditionnel) est arrivé sur les lieux. Ce dernier l’a embarquée dans sa voiture pour l’emmener à l’hôpital. Mais quand nous sommes arrivés à l’hôpital, les médecins ont refusé de s’occuper d’elle. Ils nous ont fait tourner longtemps sans intervenir. Les jeunes qui nous accompagnaient se sont finalement révoltés en criant contre les médecins. Ils ont aussitôt appelé la gendarmerie qui est venue pour essayer de calmer les gens. C’est dans cette situation que ma sœur est décédée parce que les médecins ne se sont pas occupés d’elle à temps », a indiqué Fatoumata Keïta.

Pour les proches de la défunte, les médecins de l’hôpital régional sont en partie responsables de la mort de Ténemba Keïta. Une accusation que réfutent catégoriquement l’hôpital. Pour Dr Moussa Sayon Mara, surveillant de la médecine générale dans ce centre hospitalier, ce sont les jeunes accompagnateurs de la patiente qui ont provoqué cette situation. « C’est aux environs de 11 heures qu’on a vu une voiture entrer dans la cour de l’hôpital, elle venait à vive allure. De passage, elle a fait tomber plus de trois motos. J’étais arrêté à la porte. J’ai dit à mes agents est-ce que ce n’est pas une urgence qui vient comme ça.

On voulait sortir mais la voiture n’était même pas garée. Comment on peut venir vers une voiture qui n’est pas garée ? Quand le chauffeur s’est garé, on est venus. Alors qu’on cherchait à faire descendre la fille, les jeunes qui étaient à côté ont commencé à insulter. J’ai dit que ce n’est pas comme ça que ça doit se passer. On ne peut pas voir seulement un malade et le prendre pour le rentrer dans un service. Il faut demander d’abord pour savoir dans quel service il doit être admis.

Pour ce cas précis par exemple, ils sont venus au niveau de la médecine générale alors que ce n’est pas ce service qui devait recevoir la patiente. Le directeur même était là, on est venus pour sensibiliser les jeunes, mais il ne fallait pas. On a dû finalement appeler la gendarmerie. Après avoir écouté les explications, la gendarmerie a dit que les jeunes n’ont pas raison et leur a demandé de présenter des excuses, ils l’ont fait. Ainsi, la victime a été transportée à la chirurgie pour des soins, mais elle a rendu l’âme 10 minutes après », a dit le médecin.

Finalement, la famille de Ténemba Keïta a récupéré le corps de la jeune fille pour l’inhumer. Aucune enquête n’a été ouverte pour en savoir davantage sur les circonstances de sa mort.

De Kindia, Mohamed M’Bemba Condé pour Guineematin.com

Tél. 628 51 88 88

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