Cimetière de Bambéto : le nouveau président, Mamadi Doumbouya, se recueille sur les victimes de son prédécesseur, Alpha Condé

Quel symbole !

Après les crimes perpétrés le 28 septembre 2009, l’armée guinéenne suscitait la peur et le mépris. Le militaire et le civil se regardaient en chien de faïence. 12 ans plus tard, jour pour jour, c’est la même armée guinéenne qui suscite la joie et l’admiration. Prouvant ainsi qu’en dépit de nos préjugés, ce sont les hommes qui salissent les entités. L’armée guinéenne, à travers un homme, a posé hier, lundi 27 septembre 2021, un acte qui la réconcilie avec son peuple.

En effet, en se rendant au cimetière de Bambéto où la plupart des jeunes abattus à bout portant comme du gibier à l’occasion des manifestations politiques, le nouvel homme fort de la Guinée prouve que si par le passé le militaire a été capable du pire, il est aussi capable du meilleur. Cet acte a une haute portée symbolique. Il rend au guinéen sa fierté d’appartenir à un pays où l’espoir est de nouveau permis.

L’acte patriotique du colonel Mamady Doumbouya confirme l’adage selon lequel ce n’est pas l’habit qui fait le moine. Parfois le costume et la cravate peuvent être pire que le treillis. Comme cauchemar que les Guinéens ont vécu ces dix dernières années. Il n’y a pas que les civils qui peuvent faire preuve de patriotisme et d’humanisme. Tout comme tous les militaires ne sont pas cruels comme on voulait nous le faire croire. C’est moins la tenue qui compte que le cœur de celui qui la porte.

Quand des bébés ont été tués, des villards molestés, des cimetières gazés et même une ambulance prise pour cible et son conducteur tué pendant les manifestations contre la nouvelle constitution, beaucoup de personnes avaient estimé que la Guinée s’était déshumanisée. Désespérés, d’autres avaient même commis un sacrilège en estimant que Dieu a quitté ce pays. Parce que ce pays était devenu une vaste prison à ciel ouvert voire un véritable enfer sur terre. Avec des dirigeants qui se comportaient comme une armée d’occupation. Et sous le règne d’un civil. C’est suite à cette descente aux enfers qu’un militaire est intervenu.

On a envie de s’exclamer qui l’eût cru il y a encore un mois. Alors que l’ancien président tenait coûte que coûte à effacer toute trace de crime en rasant le cimetière de Bambeto, l’actuel fait un déplacement sur les lieux pour se recueillir sur les nombreuses tombes de victimes. Dans la foulée, officier de l’armée lit des versets du Saint Coran et des hadits par lesquels le Prophète de l’Islam priait sur les morts. C’est à peine si nous croyons à nos yeux et à nos oreilles.

La page Alpha Condé, que nous venons de tourner et même de déchirer, est la preuve la plus éloquente qu’il ne s’agit pas d’être un opposant historique pour réussir une gestion politique. Il ne s’agit pas non plus de séjourner pendant longtemps dans un pays développé et démocratique pour développer et démocratiser son pays. Encore moins avoir des diplômes d’universités occidentales. Il faut tout simplement aimer son pays et ses habitants.

A travers l’acte symbolique et patriotique qu’il vient de poser, le colonel Doumbouya a fermé définitivement la bouche à ceux qui lui faisaient la leçon. Que ce soit la CEDEAO, l’Union africaine ou les Nations Unies. Ou encore des partenaires bilatéraux. Si la fameuse communauté internationale ne préfère pas un homme contre tout un peuple, elle doit faire son mea culpa pour féliciter et encourager le nouveau président guinéen. Afin qu’il continue à recoller les morceaux déchirés par son prédécesseur. Lequel aura été un véritable cauchemar pour la Guinée.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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