Asmaou Barry : « il faut que M’boma serve d’exemple pour les autres artistes… »

madame Diallo Asmaou Barry, présidente de l'APAC
madame Diallo Asmaou Barry, présidente de l’APAC

L’artiste M’boma Barry, devenu célèbre à cause de son tube intitulé « KO TOUBA & OUNDOUGAL »(c’est un pantalon et un pilon), sera-t-il sanctionné par la justice guinéenne ? C’est en tout ce que réclament plusieurs ONG qui ont engagé des poursuites judiciaires contre lui. Ces organisations de la société civile souhaitent que ce chanteur serve d’exemple pour tous les autres artistes guinéens qui voudraient faire comme lui.

Mais comment M’boma s’est retrouvé dans le collimateur de ces organisations de défense des droits de l’homme ? Un journaliste de Guineematin.com a posé la question à Asmaou Barry, présidente de l’association des professionnelles africaines de la communication (APAC) Guinée, l’une des ONG qui ont intenté une action en justice contre l’artiste. C’était dans une interview qu’elle a accordée à notre rédaction ce samedi, 14 août 2021.

« Il a fallu que des personnes plus averties écoutent ce single et me le transfèrent. J’avoue que quand j’ai écouté les propos, j’ai eu un sentiment d’indignation en tant que mère et en tant que femme. En tant qu’être humain, je me suis dit que ce sont des paroles déplacées et pire, c’est un appel au viol et à la pédophilie. Surtout que c’est quelqu’un qui a une certaine influence, parce qu’il a des fans qui le suivent, qui l’écoutent, qui se permet de passer un tel message. On s’est dit donc que ce n’est pas normal et qu’il fallait bien dénoncer cette situation.

C’est ainsi que APAC-Guinée et plusieurs autres femmes de la société civile, on a décidé de le démasquer. Nous avons commencé par dénoncer la musique auprès de l’OPROGEM, du BGDA, de l’Agence guinéenne des spectacles et auprès du tribunal pour enfants. Après cette dénonciation, nous nous sommes dit qu’il fallait quand même alerter l’opinion publique pour que les uns et les autres comprennent le danger et sachent faire un discernement entre les bonnes et mauvaises paroles de nos artistes, parce que la musique est en train de tourner », a expliqué la journaliste.

Mais l’initiative de ces organisations de la société civile ne fait pas l’unanimité. Sur les réseaux sociaux, certains dénoncent un acharnement, rappelant que la liberté d’expression est consacrée par les lois guinéennes et que d’autres artistes ont tenu des propos similaires par le passé, sans être traduits en justice. A ceux-ci, la présidente de l’APAC Guinée répond avec fermeté. « Il faut savoir que dans toute lutte, il y a ce qu’on appelle la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il faudrait bien que les gens comprennent que si auparavant il n’y a pas eu de filtre et que de tels messages sont passés, aujourd’hui, il y a des gens qui ont ouvert l’esprit, les yeux et les oreilles pour filtrer ce type de messages.

Donc, toute chose a une première fois. Aujourd’hui, c’est M’boma mais tenez-vous bien, il y a des gens prêts aujourd’hui à poursuivre d’autres artistes qui auront fait la même chose. Par ailleurs, il faut signaler que ce que M’boma a dit relève d’une extrême gravité. Les autres ont certes tenu des propos vulgaires, mais je ne pense pas qu’ils aient lancé un appel flagrant à la pédophilie et au viol des enfants de 10 à 15 ans. Donc, vous comprendrez que c’est une extrême gravité. C’est pourquoi, nous, on reste debout pour que ce cas serve d’exemple pour les autres artistes qui voudraient faire la même chose », a précisé Asmaou Barry.

« Tout ce que nous demandons dans cette affaire, c’est l’application de la loi. Je pense que chez nous, il y a suffisamment de dispositions légales qui interdisent ou réglementent la liberté d’expression et d’opinion, parce que j’entends certains dire que cela relève de la liberté d’expression. On ne peut pas se permettre de faire l’apologie de la pédophilie ou faire l’appel à la dépravation des mœurs dans une société comme la nôtre. Donc, c’est aux autorités de pouvoir mettre toutes les dispositions utiles pour que de tels messages ne continuent pas d’être divulgués dans notre société, parce que cela contribuerait à la dépravation des mœurs », indique l’activiste des droits de l’homme.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

Facebook Comments Box