Conakry : OSH-Guinée fait un plaidoyer en faveur de la scolarisation des jeunes filles handicapées

Manssoud Barry, présidente de l’OSH-Guinée

L’Organisation de secours aux handicapés (OSH) Guinée est préoccupée par le faible taux de scolarisation des jeunes filles handicapées en Guinée. C’est pour chercher à inverser cette tendance qu’elle a organisé un atelier de plaidoyer hier, vendredi 25 juin 2021, à Conakry. La rencontre a mobilisé plusieurs acteurs concernés par la question, dont le ministère de l’éducation nationale, le ministère de l’action sociale et de l’enfance, Plan Guinée, le PNUD, l’Ambassade de la Grande Bretagne en Guinée entre autres, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

En Guinée, très peu d’enfants handicapés, particulièrement les jeunes filles, ont la chance d’aller à l’école. Et même ceux qui sont scolarisés ne parviennent souvent pas à poursuivre les études, en raison de facteurs qui rendent difficiles leur maintien à l’école. Préoccupée par cette situation, l’Organisation de secours aux handicapés (OSH) Guinée a organisé ce vendredi 25 juin, avec l’appui technique et financier de l’initiative Fonds Pananetugri, un atelier de plaidoyer pour l’accès des jeunes filles handicapées à une éducation inclusive de qualité, à Conakry. L’objectif est d’interpeller le gouvernement, les institutions et ONG sur cette situation afin que des mesures urgentes soient prises pour faire face à ce problème.

Manssoud Barry, présidente de l’OSH-Guinée

« Malgré le fait que le nombre d’enfants non scolarisés est en baisse sur le plan mondial, l’accès à l’éducation des enfants handicapés surtout les filles est l’un des principaux défis dans notre pays. Selon l’institut national des statistiques, en Guinée, 70% des personnes handicapées n’ont jamais fréquenté l’école. Et cela est dû aux différents obstacles physiques, sociaux qui freinent la scolarisation et le maintien des enfants handicapés en général, et les filles en particulier.

Le développement de l’éducation inclusive dans une région comme Conakry, ayant des ressources limitées par rapport aux multiples barrières, ne serait possible sans la contribution de l’Etat, des partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile qui accompagnent les communautés à la base. C’est dans cette perspective qu’OSH-Guinée a initié ce projet d’appui à la scolarisation et au maintien des jeunes filles handicapées à l’école », a indiqué Manssoud Barry, la présidente d’OSH-Guinée.

Mariame Diallo, porte-parole des filles handicapées

Pour un meilleur diagnostic de la situation, les organisateurs ont donné la parole aux principaux concernés. Au nom des jeunes filles handicapées, Mariam Diallo a énuméré quelques difficultés qui les empêchent d’étudier. « Nous ne sommes pas scolarisées à cause de la pauvreté de nos parents, de l’inadaptation des infrastructures éducatives, le rejet par certains de nos amis et certains enseignants à l’école. Nous sommes stigmatisés sur le chemin tout comme à l’école. A la maison, nous sommes souvent rejetés, nous sommes exploités, nous sommes utilisés dans les rues pour faire de la mendicité afin de nourrir nos familles.

En faisant cela, nous perdons notre dignité et notre avenir est compromis. C’est pourquoi nous plaidons auprès de vous : élevez nos voix pour changer la mentalité et les normes sociales qui sont préjudiciables à la scolarisation et au maintien des jeunes filles handicapées à l’école pour que la société devienne inclusive. Nous disposons d’une base de données de 50 jeunes filles handicapées pour lesquelles nous plaidons auprès de particuliers et des institutions en faveur d’une prise en charge. Ainsi, nous plaidons auprès du ministère de l’enseignement technique, de la formation professionnel et de l’emploi, de procéder à l’ouverture des classes spécialisées dans les CFP », a-t-elle lancé.

Cette initiative d’OSH-Guinée a été bien accueillie par les participants. Madame Salimatou Tounkara, cheffe du service genre, scolarisation des filles au ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation trouve que ce plaidoyer vient à point nommé.

Madame Salimatou Tounkara, Cheffe du service genre, scolarisation des filles au MENA

« Aujourd’hui, nous parlons d’éducation inclusive. Je crois que depuis 6 ans, les écoles qui sont construites par le MENA, on pense aux spécificités des enfants porteurs de handicap et vulnérables. Même au niveau des toilettes, on pense à ces rampes-là. On exhorte le ministère de l’action sociale par rapport aux mesures spécifiques. C’est-à-dire les béquilles, les cannes blanches, les vélos… Donc moi, je dirais que ce projet vient à point nommé, parce que ça interpelle tout un chacun. Vous avez bien fait de donner ce plaidoyer, nous allons faire un rapport tout en joignant ce plaidoyer et déposer au niveau de nos autorités », a-t-elle promis.

David McILROY, Ambassadeur de la Bretagne en Guinée

De son côté, l’Ambassadeur de la Grande Bretagne en Guinée a exprimé l’engagement de son pays à soutenir l’éducation des jeunes filles handicapées. « Je voudrais remercier OSH-Guinée d’avoir organisé cet atelier de plaidoyer sur l’éducation inclusive des jeunes filles handicapées. Je suis heureux de participer à cette rencontre et j’ai beaucoup appris grâce à vos témoignages. Je saisis l’occasion pour réaffirmer le soutien du gouvernement britannique à la promotion de l’éducation pour toutes les filles. Ce matin, je suis ravi de me joindre aux partenaires et aux amis pour exprimer notre solidarité et de redynamiser les efforts pour les aider.

Nous devons reconnaître l’ampleur des défis auxquels des jeunes filles handicapées sont confrontées. Lorsqu’elles n’ont pas accès à une éducation inclusive de qualité, toute la société en souffre. Par contre, lorsque nous réaliserons que toutes les jeunes filles participent pleinement à l’éducation et les femmes à la vie économique, les économies se développeront et les sociétés vont prospérer. Ceci étant, par le billet des partenariats continus avec le gouvernement guinéen et de la société civile, nous pourrons aborder ce problème de manière globale », a dit David Mcllroy.

Mohamed Guéasso DORE pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59

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