Gaoual : les chasseurs d’or rentrent bredouille de l’Eldorado perdu de Kousitel (reportage)

Venus de tous les coins de la Guinée (majoritairement de la Haute Guinée) et des pays limitrophes de la Guinée, plusieurs ont rallié ces dernières semaines la préfecture de Gaoual dans l’espoir de se remplir les poches de l’or. En quelques jours, cette préfecture (qui était jusque-là oubliée des guinéens) est devenue le lieu le plus prisé des guinéens. Seulement, l’espoir suscité par ce nouvel Eldorado n’a été qu’un feu de paille. Avec l’interdiction d’exploitation et la fermeture des mines dans cette zone par le gouvernement de la république, la marrée d’orpailleurs qui était sur place a été très éprouvée. En quelques heures, l’espoir d’avoir des poches dorées était devenu une illusion. Et, les conditions de vie exécrables qui ont suivis ont contraint beaucoup à prendre le chemin du retour.

Sur la route nationale Labé-Mamou, on les rencontre sur des motos ou des camions surchargés en direction de la Haute Guinéen. Ils sont éprouvés, fatigués par les difficultés de l’Eldorado ; et, ils sont généralement en excès de vitesse sur leurs engins, notamment les motos. Ils étaient encore visibles sur la route ce dimanche, 13 juin 2021 ; et, certains, très essoufflés ou en panne, s’arrêtent par moment pour se reposer.

Moussa Konaté, diplômé en droit privé, a parcouru plus de 700 kilomètres pour se rendre à Goaual à la recherche de l’or. Mais, son rêve de richesse est devenu un mirage. On l’a rencontré ce dimanche, il était en route pour sa Mandiana natale où il emporte avec lui les tristes souvenirs de sa mésaventure de Gaoual.

« Nous sommes venus de Mandiana et nous avons parcouru plus de 700 kilomètres dans l’espoir de trouver de l’or pour soutenir notre famille. On a fait presqu’une semaine depuis notre arrivée à Gaoul, mais nous n’avons rien fait. En plus, nous avons dépensé plus de 7 millions de francs dans le vide. Je suis diplômé depuis 5 ans ; et, partout où j’ai déposé de dossiers, c’est sans suite favorable. Nous n’avons plus rien, on a tout dépensé. Nous demandons le président de la République de créer de l’emploi pour la jeunesse. Une jeunesse sans emploi dans un pays est une nation vouée à l’échec. Nous lançons un appel aux autorités de soutenir les jeunes », a dit Moussa Konaté.

Pour rallier Gaoual, certains orpailleurs ont dépensé toutes leurs économies. Egalement, d’autres se sont endettés pour faire partie de cette ruée vers l’or. Et, pourtant, aujourd’hui ils rentrent les mains vides. Ils n’ont rien gagné à Kounsitel où « on ramasse de l’or comme on ramasse de l’arachide ». Ibrahima Sory Diallo, originaire de la préfecture de Dinguiraye et jeune migrant guinéen fraichement rentré de la Lybie, se sent frustré de rentrer à Dinguiraye les mains vides. On l’a trouvé coincé dans un garage de réparation de moto à Hoggo Bhouro ; et, il demande aux autorités de permettre aux jeunes de travailler.

« Je viens de Kounsitel. Je suis arrivé là-bas depuis Lundi et nous avions commencé à travailler le mardi jusqu’à 14 heures. À 18 heures, les forces de défense ont commencé à nous menacer. Certains d’entre eux (les militaires) demandaient 500.000francs à chaque orpailleur pour y accéder. Je peux vous dire, sans vous mentir, il y a  l’or là-bas. On nous facturait aussi un million par appareil détecteur. Nous demandons au gouvernement de libérer cette zone pour permettre aux jeunes de vivre. Moi je viens de rentrer, j’étais en Lybie. Si on nous chasse dans les pays extérieurs et dans notre pays on nous chasse aussi, je ne comprends pas. Seulement à Kounsitel on ramasse l’or comme on ramasse l’arachide. Qu’ils nous laissent travailler pour mieux vivre », a imploré Ibrahima Sory Diallo.

Avec les conditions de vie difficiles et les incessantes tracasseries des militaires déployés à Gaoual pour faire respecter l’indiction d’exploitation des mines, Abdourahamane Diallo a choisi de prendre le chemin du retour pour ne pas souffrir vainement.

« Nous sommes de retour, parce que les autorités ont décidé de fermer les zones. Les militaires ont récupéré nos machines. Nous avons décidé de revenir d’abord pour ne pas souffrir pour rien. Nous prions Dieu qu’ils reviennent sur leur décision. A notre retour, à la sortie, on nous demandait aussi de l’argent. On a fait qu’une semaine, on a pratiquement rien  fait, mais nous avons vraiment souffert », a confié Abdourahamane Diallo.

Boubacar Ramadan Barry pour Guineematin.Com

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