Conakry : accusés de 25 braquages, 5 présumés bandits jugés devant le TPI de Dixinn

Cinq (5) présumés bandits de grand chemin ont comparu hier mardi, 26 mars 2019, au tribunal criminel de Dixinn pour répondre des faits de vol à main armée, d’association de malfaiteurs et d’assassinat. Les faits pour lesquels ils sont poursuivis remontent à l’année 2012 et se seraient produits dans les villes de Labé, Dalaba et Conakry, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les cinq (5) accusés dans cette affaire criminelle sont : Ibrahima Bah, dit Faouzi ; Mamadou Djouma Diallo, dit Bippoun ; Ibrahima Ly, dit Mouzby ; Amadou Sadio Barry ; et Sékouba Keïta, dit Escobar.

Selon nos informations, ces présumés malfaiteurs, qui opéraient entre Labé, Dalaba et Conakry, ont été inculpés et mis sous mandat de dépôt le 23 avril 2012. Ils sont accusés d’avoir à leur actif, vingt cinq (25) braquages à main armée. A Labé, ils se seraient attaqués à des cambistes emportant une forte somme d’argent ; à Dalaba, ils sont accusés de s’en être pris à des touristes blancs pour leur retirer d’importantes sommes d’argent en devises ; à Conakry, notamment à Bomboly, c’est un diamantaire qui aurait fait les frais de cette bande.

La dernière attaque attribuée à ce groupe aurait eu lieu le 9 février 2012 vers 9 heures lors de l’attaque de la boutique d’Elhadj Nouhou Diallo à la gare routière de Bambéto, dans la commune de Ratoma. Lors de cette opération, les assaillants ont emporté 254 millions 846 milles francs guinéens et plusieurs cartons de cartes de recharges téléphoniques. Dans leur fuite, ils ont mortellement touché par balle, à la gorge, un jeune mécanicien qui se rendait à son lieu de travail.

A la barre du tribunal de Dixinn, c’est Ibrahima Bah, dit Faouzi, qui a été le premier à s’expliquer. Il a nié les faits qui lui sont reprochés. Ibrahima Bah soutient n’avoir jamais appartenu à un groupe de malfaiteurs, ni d’avoir participé à une attaque à main armée. « Un jour, j’étais entrain de manger quand le grand-frère d’un de mes amis, du nom de Mamadou Saliou Barry, m’a appelé. Il m’a dit de sortir et dès que je suis venu, les gendarmes m’attendaient dans trois pickups. Ils m’ont arrêté et envoyé à la gendarmerie. Là-bas, ils m’ont torturé.

Vous voyez, ils ont même coupé mon indexe et percé ma tête pour des faits dont je suis innocent. J’ai perdu connaissance, ils m’ont dit de reconnaître les faits qui se sont produits à Bambéto. Je leur ai dit que je ne sais rien dans ça. Mais, ils m’ont dit de reconnaître, sinon ils vont me tuer. C’est ainsi que j’ai reconnu les faits sous la torture. Ils m’ont dit de citer le nom de mes amis. Je leur ai dit que je n’ai qu’un seul ami. J’ai cité mon ami Keita, ici présent. Mais, je ne sais rien dans cette affaire.

C’est sous la torture que j’ai dit tout ce que j’ai dit. Quand ils m’ont amené à la maison centrale, ils me mettaient nu, me suspendait sous le soleil. Le soir, on me faisait porter une perruque de femme et m’habillait en femme pour me faire marcher dans le quartier très tard la nuit. Ils m’ont d’ailleurs dit que si je meurs, c’est comme si c’était un chien qui mourrait. Je ne connais rien dans cette affaire », a-t-il soutenu.

En réponse à ces affirmations de Faouzi, le procureur Daouda Diomandé, a insisté sur les différents braquages qui ont lieu en 2012 à l’intérieur du pays et à Conakry et qui portaient la marque de son groupe. « C’est dans votre intérêt de dire la vérité. C’est facile de dire qu’on m’a torturé, mais chez le juge d’instruction, on ne vous a pas torturé. Mais là-bas, vous avez reconnu les faits. Faites preuve de bonne foi, reconnaissez les faits.

Vous dites être innocent, alors pourquoi on vous a arrêté vous, pas une autre personne ? Vous avez semé la terreur en Guinée en emportant des biens d’autrui, en assassinant un jeune mécanicien. Vous vous déplaciez à bord des véhicules en tirant en l’air pour mettre la population au respect. Sur le PV, c’est écrit que vous avez dénoncé votre ami Keïta parce qu’il faisait partie de la bande », a dit le procureur.

Des accusations qu’Ibrahima Bah, dit Faouzi, va rejeter systématiquement. « Avec Keita, je n’ai jamais volé. Mais, c’est mon seul ami. Quand ils m’ont dit de donner le nom de mon ami, sinon ils allaient me tuer, j’ai donné son nom. Si non, au temps du Président Conté, je faisais le même clan que lui, on partait se battre avec d’autres clans, pas plus que ça », a-t-il expliqué

Des déclarations jugées graves par le procureur, Daouda Diomandé, qui demandera au tribunal de lui en donner acte.

Face à cette pression du ministère public, Maitre Abou Camara, un des avocats de la défense, va demander au tribunal d’écarter le PV fait par le juge d’instruction, de ne pas tenir compte des déclarations qui s’y trouvent. Ensuite, maitre Abou Camara dénonce le fait que son client n’ait jamais été assisté par un avocat, ni un par interprète devant le juge d’instruction. Il a également dénoncé le fait que le nom du greffier ne figure pas sur le PV, qui n’est donc pas valide, selon lui.

Maître Abou Camara a également souligné le fait que dans ce dossier il n’y a aucun scellé, ni pour les voitures qui ont servi au déplacement des accusés, ni les cartons de recharge téléphonique, ni les armes à feu. L’avocat de la défense conclut qu’il n’y a aucune preuve contre son client et que le dossier est vide.

L’affaire a été renvoyée au 1er avril 2019 pour la suite des débats.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

Tél: 224 623 53 25 04

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