Traumatismes sonores : Dr Aliou Diallo dit tout à Guineematin (Interview)

Docteur Mamadou Aliou Diallo, médecin assistant au service ORL- CCF de l'hôpital national Donka basé à l'hôpital Jean Paul II.jpg1
Dr Mamadou Aliou Diallo, médecin assistant au service ORL- CCF de l'hôpital national Donka basé à l'hôpital Jean Paul II
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Dr Mamadou Aliou Diallo, médecin assistant au service ORL- CCF de l’hôpital national Donka basé à l’hôpital Jean Paul II

Le développement des Technologies de l’Information et de la Communication n’a pas que des avantages. Ecouter de façon prolongée la radio, la musique et autres éléments sonores, devenu une pratique courante, peut avoir des conséquences graves sur la santé. Pour en savoir davantage sur les conséquences de l’usage abusif des écouteurs et des mesures à prendre pour y faire face, un reporter de Guineematin.com s’est entretenu avec Dr Mamadou Aliou Diallo, médecin au service ORL (Ortho-Rhino-Laryngologie) de l’hôpital Donka, basé à Jean Paul II.

Guineematin.com : les marchés guinéens sont inondés de téléphones, de postes récepteurs et de leurs accessoires. Beaucoup de personnes utilisent des écouteurs pour écouter des éléments sonores. Est-ce que cette utilisation, qui parfois est abusive, peut avoir des conséquences sur la santé des utilisateurs ?

Docteur Mamadou Aliou Diallo : les écouteurs présentent, en termes d’utilisation abusive, un danger pour les utilisateurs. C’est un danger pas pour les écouteurs seulement, mais lorsque vous parlez d’une utilisation abusive. Souvent, ça représente un danger. Pour ce qui est des écouteurs, le danger vient lorsque l’on utilise des intensités qui ne seront pas accommodées par l’organe de l’audition, c’est-à-dire l’oreille. Ce qu’il faut d’abord rappeler, ce que l’oreille est un organe d’audition et de l’équilibre, en plus du rôle que joue le pavillon de l’oreille. Cette oreille comporte trois parties. Nous avons l’oreille externe : ça, c’est le pavillon de conduite externe qui joue le rôle de transmission de la source du son au niveau de l’oreille moyenne. Et, l’oreille moyenne également, joue le rôle de transmission de ce même son par un phénomène mécanique à l’oreille interne et, c’est lorsque ces deux parties de l’oreille externe fonctionnent en plus maintenant l’intégration du son qui se fera au niveau du cerveau et à travers le nerf auditif qui naît à partir de l’oreille interne, c’est dans cette oreille interne que se trouve l’organe de l’audition proprement dite. Lorsque que les sons sont un peu forts, il y a un phénomène d’accommodation qui se fait au niveau de l’oreille moyenne. Le rôle des muscles de l’oreille moyenne, c’est de diminuer l’intensité du son. Et lorsque le son est très faible, ces muscles d’accommodation également se relâchent pour permettre le passage d’une quantité maximale de l’énergie sonore. Mais, lorsque le son est très fort, l’accommodation ne peut pas le freiner. Cette intensité forte va atteindre la cochlée. C’est dans la cochlée que les ondes sonores sont transformées en impulsions électriques qui seront transmises au cerveau. Le cerveau traduit ces impulsions en sons connus et compréhensibles. Donc, cette forte intensité va entraîner des légions au sein de cette cochlée où se trouvent des cellules et ces légions vont se traduire par une baisse de l’audition. Alors, ça peut s’accompagner également des troubles de l’équilibre pour des acouphènes ou les naissances des bruits qui peuvent se faire sans qu’il n’y ait une source sonore externe.

Guineematin.com : alors que beaucoup de personnes se servent des écouteurs pour écouter la radio ou d’autres éléments sonores tels que la musique, est-ce qu’il y a des mesures préventives pour faire face au traumatisme sonore ?

Docteur Mamadou Aliou Diallo : dans ce cas, il faut d’abord prévenir. Il y a des préventions à des degrés différents. D’abord, lorsque ce n’est pas absolument nécessaire d’utiliser les écouteurs, il ne faut pas les utiliser. Lorsqu’il est nécessaire de les utiliser, il faut savoir à quelle intensité il faut régler le son. Les sons qui sont à une intensité de moins 80 décibels (dB), ce sont des sons qui n’entraînent pas le traumatisme. C’est à partir de 80 décibels (dB) jusqu’à 120 dB que les sons entraînent des traumatismes parfois graves. Donc, c’est l’intensité du son qu’il faut connaitre. Il y a des écouteurs qui sont sur le marché, lorsque que vous les branchez à un téléphone, vous écoutez, lorsque vous réglez une intensité très forte de façon automatique, il y a un signal ou un message qui peut apparaître pour vous dire que ça, c’est nuisible pour la santé. Ces écouteurs, avant de les utiliser, il faut connaitre à combien de décibel je dois mettre le son avant de les utiliser. Il faut savoir également, à partir de 80 décibels, le phénomène d’accommodation qui est prévu au niveau de l’oreille moyenne pour bloquer la quantité d’énergie excessive ou laisser passer la quantité d’énergie nécessaire pour l’addition, ne peut pas s’effectuer lorsque l’intensité est trop forte. Lorsque l’intensité atteint 80 décibel voire 90 décibels, le phénomène d’accommodation ne peut pas bloquer les sons-là. Donc, une quantité d’énergie qui va passer dans l’oreille interne, ça va entraîner les légions des cellules de l’audition. Donc, l’influx nerveux ne va pas naître comme ça se doit. Cela peut également provoquer des bruits, des acouphènes de manière technique que la personne peut entendre à l’absence d’une source sonore externe et cela va l’empêcher de dormir, d’entendre les bruits de l’environnement et ça paralyse en quelque sorte l’intéressé. Il va sentir des douleurs à partir du moment où l’intensité dépasse les 80 décibels. Au lieu donc d’avoir une audition normale, c’est une audition douloureuse qu’il va avoir. Avec le bruit intense, la personne va sentir des douleurs.

Guineematin.com : est-ce qu’on peut traiter les maux qui sont causés par cette forte intensité d’énergie ?

Docteur Mamadou Aliou Diallo : oui, ces maux peuvent être gérés. La première des choses, c’est d’arrêter les facteurs qui occasionnent ces maux. Si c’est au début, on peut maîtriser. Mais, lorsque c’est devenu très grave, l’intéressé va continuer à vivre avec ce handicap-là. Les cellules auditives à la naissance, c’est des cellules qui ne régnèrent pas. A l’absence de tout traumatisme, ces cellules meurent en fonction de l’âge. Elles ne vont plus revivre. Lorsqu’il y a un traumatisme, ce traumatisme peut entraîner la mort des cellules. Donc, si à l’état normal déjà les cellules meurent sans être remplacées, lorsqu’il y a un traumatisme, le nombre de cellules qui vont mourir va être très élevé et il va y avoir des cellules qui sont endommagées qui continueront à exister là.

Guineematin.com : quels conseils avez-vous à donner aux personnes qui utilisent les écouteurs ?

Docteur Mamadou Aliou Diallo : aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes qui viennent ici se plaindre de bourdonnements d’oreilles et qui utilisent abusivement les écouteurs. Mais, il faut savoir également que plus l’exposition est longue, plus le danger est élevé ; c’est-à-dire, si dans la journée, l’intéressé utilise des écouteurs avec des intensités fortes pendant toute la journée, les conséquences ne seront pas identiques à celles de celui qui utilise les écouteurs seulement le matin ou le soir. Il existe deux types de traumatismes. Il y a le traumatisme sonore aiguë, lorsque vous écoutez le son avec une intensité très forte même si c’est une seule fois, ça peut entrainer un danger, même si c’est en une seconde. II y a aussi une exposition longue pendant des mois ou années avec une intensité très faible, mais quand même qui est là, qui traumatise de manière continue. C’est qu’il faut aussi savoir, ce n’est pas seulement les écouteurs qui entrainent le traumatisme sonore, même dans les boites de nuit, quelqu’un qui fréquente les boites de nuit peut avoir des traumatismes sonores. Quelqu’un qui utilise une imprimante pour travailler peut avoir des traumatismes sonores. Celui qui travaille avec un tracteur ou qui travaille à côté d’un groupe électrogène peut avoir des traumatismes sonores tout comme les sirènes. Lorsque vous allez dans une mosquée ou dans une église, vous restez à côté du haut parleur, cônes ou des baffles, vous pouvez avoir des traumatismes sonores.

Propos recueillis par Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622919225 / 666919225

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