Trois jours après son décès, le célèbre musicien Kerfalla Kanté a rejoint sa dernière demeure hier, dimanche 21 juillet 2019, au cimetière de Cameroun. Peu avant son inhumation, le corps de l’artiste a été exposé au centre culturel Franco-Guinéen de Conakry, où de nombreuses personnes se sont mobilisées pour lui rendre un dernier hommage, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.
Le Centre Culturel Franco-Guinéen de Conakry a refoulé du monde ce dimanche, à l’occasion du symposium organisé à la mémoire de feu Kerfalla Kanté. « L’oiseau du Sankaran » qui s’est éteint jeudi nuit dans une clinique de Conakry, a reçu des hommages dus à son rang avant de rejoindre sa dernière demeure dans l’après-midi. La Première Dame de la République, Hadja Djéné Kaba Condé ; le Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana, ainsi que des parents, des amis, et de nombreux acteurs du monde artistique et celui culturel guinéen ont pris part à la rencontre.
Plusieurs témoignages ont marqué ce symposium dont celui du Colonel Issa Camara, l’actuel préfet de Yomou et ami d’enfance de Kerfalla Kanté. « Voici Kerfalla, ha l’oiseau du Sankaran, tu m’as laissé ! Tu m’as trahi ! Voici une partie de mon corps qui est partie ! Mais Kerfalla, tu es parti, mais tu as une partie de ton corps ici, tu resteras vivant pour toujours. Voici la famille de Kerfalla (…) Hé Faranah, la Guinée a perdu une grande personnalité. Mais, Faranah a perdu doublement. Si j’ai eu à faire du mal à quelqu’un, pardonnez-moi à cause de Kerfalla. A partir d’aujourd’hui aussi, je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du tort à cause de Kerfalla, mon ami Kerfalla, mon ami d’enfance…», a-t-il révélé.
Présent à la rencontre, le ministre des Sports, de la Culture, et du Patrimoine Historique, Sanoussy Bantama Sow, a présenté les condoléances du gouvernement à la famille biologique du défunt et à tout le peuple de Guinée. Selon lui, « la disparition tragique de Kerfalla Kanté, artiste talentueux à la voie magique, doublé d’une inspiration particulièrement fécond a plongé la nation guinéenne toute entière dans une profonde consternation qui affecte tous les artistes et hommes de culture de Guinée et d’Afrique. C’est en cela que vous constaterez comme moi toute douleur, l’émotion et la tristesse de tout le peuple de Guinée dans son ensemble. Mesdames et monsieur, la mémoire de Kerfalla Kanté que nous saluons à l’occasion de ce symposium restera gravée dans les annales de l’histoire culturelle de la nation guinéenne au service de laquelle il a consacré ses 60 ans d’existence et son génie créateur exceptionnel. La rigueur dans son travail, l’amour du métier, l’abnégation à exercer dans la droiture et la probité ont forcé l’admiration de cet artiste dont la réputation avait fini par franchir les frontières de notre pays », a-t-il indiqué.
Pour le ministre en charge de la Culture, « lorsqu’on examine le parcours de Kerfalla Kanté d’une part, on écoute ses chansons, on écoute ses clips d’autre part, on est impressionné par sa capacité d’imagination et son génie créateur. Lorsqu’on regarde ses nombreuses distinctions obtenues lors de ses déplacements pour représenter notre pays, nous ne pouvons qu’être marqués par le professionnalisme de l’homme. Je voudrais rappeler également que Kerfalla Kanté était notre frère (…). Il était un compagnon fidèle et exemplaire qui avait placé sa vie sous le signe du combat. Combat pour le rayonnement de la culture et du génie créateur des artistes guinéens, mais aussi et surtout le combat pour sa famille et ses parents auxquels nous présentons ici les condoléances les plus attristées de monsieur le président de la République, du gouvernement et de tout le peuple de Guinée ».
Au nom de la famille éplorée, Kémo Kanté, fils du défunt, a exprimé sa reconnaissance aux membres du gouvernement et à tout le peuple de Guinée pour le soutien qu’ils ont apporté à la famille depuis le décès de son père.
« Aujourd’hui, c’est un grand jour. Aujourd’hui, c’est un grand jour, me disait tout le temps mon père. Quand il est revenu des Etats-Unis, la première phrase qu’il m’a dite dans la voiture, je me rappelle, il avait dit : mon fils, prends du courage, je suis malade hein. Je lui ai dit d’accord. Aujourd’hui, c’est un grand jour pour moi. Ce monsieur (son père), il était mon espoir. Ce monsieur, il était mon tout. Le matin, il ne mange pas sans moi. La nuit, il ne mange pas sans que je ne sois là. Mes mamans sont là, elles peuvent en témoigner. Donc, je ne vais plus pleurer, parce que vous êtes tous là. Ça seulement, ça me suffit. Du vendredi dernier jusqu’aujourd’hui, le monde que j’ai vu, je ne vais plus pleurer. C’est lui qui a chanté en disant : la pauvreté ne peut nous épargner de la mort, la honte ne peut nous épargner de la mort, la richesse ne peut nous empêcher de mourir ; chacun attend son tour. Ainsi va la vie, certains décèdent, d’autres naissent. C’est lui qui l’a dit. J’en ai terminé », a dit le fils de Kerfalla Kanté.
Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
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