Décès de Mamadou Mansaré : Amadou Diouldé Diallo se souvient de son ami d’enfance

Mamadou Mansaré, secrétaire fédéral adjoint de la CNTG

Comme annoncé sur Guineematin.com, le syndicaliste Mamadou Mansaré est décédé dans la soirée d’hier, dimanche 06 octobre 2019, à l’hôpital Ignace Deen de Conakry. Il fut un ami d’enfance du journaliste et historien, Amadou Diouldé Diallo. En séjour en France, le doyen Diouldé rend un vibrant hommage au défunt Secrétaire Général Adjoint chargé des affaires intérieures de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et président du Conseil d’Administration de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS).

Années 1965-66-67-68 : camp de la garde républicaine de Kindia

La dizaine révolue, c’est une bande de camarades qui se retrouvent au gré des affectations de leurs pères.

Parmi nous, Habib Diallo, Zito, Kadiatou Sow, Fatoumata Sampil, Dinalo et Mohamed Mansaré, fils de l’inspecteur général de la garde républicaine de la Guinée Maritime, capitaine Mansaré, originaire de Ourékaba, dans la préfecture de Mamou.

C’est autant dire que Mohamed Mansaré est une partie de moi, car nous avons grandi ensemble, fréquenté l’école coranique chez Karamo Touré à l’intérieur du camp, l’école primaire, tous les jeux du football avec les rencontres au ballon chaussette chez nous, mais aussi à Sarakoléah, Manquepas, Condetta, Abattoir jusqu’à Gadha Wawa et Wondima.

A la cueillette des mangues et des pommes d’acajou au lycée et à Mangoya, le marché Yenguema n’était non plus pas épargné par la turbulence des enfants du camp des gardes, se déplaçant toujours en groupe, prêts à provoquer ou à riposter.

La meilleure image de mon camarade Mohamed Mansaré, c’est une lutte acharnée pendant des heures à la rivière du côté de Sinania. Il y avait un endroit où le rocher était très glissant. On l’appelait « Salakhoundé » en Soussou. On y faisait des escapades dignes du ski en hiver.

Nos aînés, Mbappé, qui était le chef craint, avaient ordonné qu’on se batte. Sans victoire d’un côté comme de l’autre, son cousin Dinalo nous sépara. Et la nuit, nous fumes les deux premiers à animer ce qui ressemblait à la fanfare inspirée de celle du camp Kémé Bouréma. Mohamed Mansaré était brillant à l’école et d’une nombreuse famille comme la plupart des gardes républicaines.

Le camp était donc plein avec des classes d’âge comme celle de nos grands, comme Léonard, le frère cadet du bombardier Aly Badra Kolev, Joseph Bangoura, Mamadou Coniagui. Ces trois ont appartenu à l’équipe du quartier Sarakoléah où se trouve le camp de gardes et ont remporté la coupe de Kindia en compagnie des Mory Aly et Koita Niamey. Il y avait les frères de Moussa Célestin Camara, l’ancien directeur de la troupe universitaire et une famille Kourouma, dont un des fils, frère Makan fut classé parmi les meilleurs élèves de Kindia.

Tout ce monde grouillant dans cet espace militaire qui se réveillait au son du clairon qui appelait au rassemblement, était sous l’autorité du capitaine Mansaré qui coiffait toute la Guinée Maritime, mais qui incarnait aussi l’autorité morale pour régler les petits conflits dans ces foyers polygames de ses subordonnés.

C’est en décembre 1968, alors que nous étions en 6ème année que le camp de gardes de Kindia, a connu une déferlante avec des affectations de presque tout le monde. Un véritable remue-ménage dû à ces nombreux départs à bord des gaz ordinaires réquisitionnés pour la circonstance. Mon père par exemple fut affecté à Dalaba. Il était venu de Boffa et Koba Tatema pour la capitale des agrumes.

C’est à l’université de Conakry que je vais retrouver Mohamed Mansaré. Ce fut des moments intenses d’émotions et de chaleur humaine, nous serrant affectueusement l’un contre l’autre. Heureux aussi d’avoir réussi un parcours académique sans fausse note grâce aux immenses efforts de nos parents, nous ouvrâmes le cahier d’histoire du passé et de nos perspectives avec à chacune de nos rencontres, même dans l’avion, on prenait chacun la dose de chahuts et de petites injures entre camarades d’enfance. La lutte de « Salakhoundé  » sans vainqueur occupait toujours la UNE de notre journal du passé.

Il était syndicaliste, parce qu’il a toujours été contre l’injustice et porte-voix des sans-voix, ce Mohamed Mansaré dont la peur et l’hypocrisie n’ont jamais habitées ni le corps ni l’esprit. Et moi, j’étais devenu journaliste sportif.

Un jour, alors que je faisais la retransmission d’une rencontre de football féminin au stade du 28 septembre, je vois sur la feuille de match un nom: Aye Mansaré. Je me suis tout de suite souvenu de la petite sœur de Mohamed, qui était presque à califourchon au camp de gardes de Kindia. À la fin du match, je lui posai la question de savoir si c’était elle notre petite sœur Aye. Elle répondit par l’affirmative. Et quelques jours après, je rencontrai Mohamed vers la bourse du travail. On en parla, je lui dis, tu vois que notre sœur est venue dans mon camp. Donc, je t’ai marqué un but, puis un deuxième parce que le fils de Aye Mansaré, Firawa Touré, est devenu journaliste sportif comme moi. C’est à travers Firawa, c’est le nom de son village dans Kissidougou, que je prenais des nouvelles de mon ami d’enfance.

Mohamed Mansaré était malade ces derniers temps et suivait des traitements en séjour prolongé en France.
Paix à son âme. Amen !

Amadou Diouldé Diallo, Journaliste – Historien
Vichy / France

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