Conakry : pourquoi de nombreux jeunes deviennent-ils des rabatteurs ?

Rabattre des passagers pour les taximen, c’est l’activité qu’exercent aujourd’hui de nombreux jeunes à Conakry. Ils le font dans les grands ronds-points de la capitale dans l’objectif d’avoir 500 ou 1000 francs pour chaque voiture remplie. Une activité difficile, mais qui ne cesse d’attirer des jeunes. Pourquoi ont-ils choisi d’être rabatteurs ? Parviennent-ils à vivre de ce travail ?

Un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre de certains jeunes qui pratiquent cette activité.

Leur âge varie entre 10 et 30 ans. Ils passent leurs journées dans les grands ronds-points de la ville. Leur travail consiste à rabattre des clients pour les chauffeurs de taxis. Pour chaque voiture remplie, le rabatteur perçoit 500 ou 1000 francs, selon l’humeur du chauffeur.

Mamadou Alpha BAH

Mamadou Alpha Bah fait cette activité au rond-point de Bambeto. « Je fais cette activité pour avoir quelque chose, c’est-à-dire me nourrir et acheter des habits. Moi, je n’ai pas été à l’école. C’est mon métier ça. Je me débrouille là jusqu’à ce que trouve un bon travail », explique le jeune homme. Pour chaque journée travaillée, Mamadou Alpha Bah indique qu’il peut gagner entre 40 000 et 50 000 francs. Un montant loin d’être colossal, mais qui lui permet au moins de vivre.

Aboubacar Bangoura

« On est nombreux ici mais chacun de nous vient chercher son quotidien. Certains d’entre nous n’ont pas de parents ici, et d’autres ont des parents ici mais ils sont pauvres. C’est la pauvreté et le manque de travail dans le pays qui font tout ça », explique de son côté Aboubacar Bangoura, le chef de ligne des rabatteurs de Kipé.

Même s’ils gagnent un peu d’argent chaque jour, la vie des rabatteurs est loin d’être facile. D’abord, ils font une activité assez dure : s’arrêter toute la journée durant dans un carrefour, disputer des clients avec ses concurrents, s’exposer au soleil et à la pluie, il faut vraiment être solide pour le faire. En plus, leurs maigres revenus journaliers ne leur permettent pas de bien se nourrir et de faire face à tous leurs besoins. Ce qui fait que certains d’entre eux (qui n’ont pas familles à Conakry) passent la nuit d’ailleurs à la belle étoile.

Alpha Issiaga Bah

Et puis, les rabatteurs de passagers ont aujourd’hui une mauvaise réputation. Ils sont accusés, à tort parfois et souvent à raison, d’être des voleurs. « Nous avons des difficultés ici parce que notre image est sali à cause de certains d’entre nous. Si les gens disent que nous sommes des voleurs, ils ont raison. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que ce n’est pas tout le monde parmi nous qui vole. Il y en a qui sont là pour chercher légalement leur vie », se défend Alpha Issiaga Bah, rabatteur au rond-point de Bambeto.

Mamadou Gandho

C’est aussi la position de Mamadou Gandho, rabatteur à Hamdalaye. « Il y a certains clients qui nous traitent de voleurs et de bandits. Oui, ils ont raison d’une part parce qu’il y a certains parmi nous qui volent. Mais, moi je ne suis pas voleur, j’ai quitté le village pour venir faire ce métier. J’ai arrêté les cours en 6ème année parce que mes parents n’avaient pas les moyens », a-t-il laissé entendre.

Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59

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