TPI de Dixinn : un concessionnaire jugé pour escroquerie sur une déguerpie de Kaporo Rails

Madame Marliatou Diallo, victime de l’impitoyable déguerpissement de Kaporo-rails, dans la commune de Ratoma, croyait avoir trouvé un sauveur en la personne de Mamoudou Diallo. Après avoir quitté la zone, la malheureuse qui était à la recherche d’un logement, tombe sur Mamadou Diallo, domicilié à Dar-Es-Salam. Ce dernier accepte que dame Marliatou construise un bâtiment dans sa concession. Après avoir fini de construire, elle sera finalement interdite d’accéder sur les lieux. L’affaire, portée au tribunal de Dixinn, a connu son dernier virage hier mercredi, 20 novembre 2019, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Mamoudou Diallo, détenu à la maison centrale de Coronthie depuis le 08 août 2019, est jugé pour escroquerie au préjudice de Marliatou Diallo dans une affaire de construction d’un bâtiment composé d’une chambre, d’un salon et d’une toilette interne. Appelé à la barre par le juge Aboubacar Maférin Camara, le prévenu a nié les faits d’escroquerie pour lesquels il est poursuivi. « Moi, je n’ai escroqué personne. Ce que moi je sais, madame Marliatou Bah, déguerpie de Kaporo Rails, est venue me voir par le canal d’une connaissance de ma grande sœur pour affaire de logement chez nous. Quand elle est venue se présenter à moi, elle m’a dit qu’elle veut avoir une location. Je lui ai dit que chez moi il n’y a pas de bâtiment à louer mais on peut lui donner des espaces vides en location. Elle même elle va construire son logement. On est tombé d’accord sur ça. Après ça, je lui ai donné un espace où construire un bâtiment d’une chambre, un salon et une toilette intime. Dans un premier temps, elle m’a donné de l’argent dont le montant s’élève à un peu plus de 3 millions de FG. J’ai trouvé un maçon qui avait commencé à faire le mur. Mais quelques temps après, elle venue envoyer un autre maçon pour elle même. C’est ainsi qu’on a continué la construction jusqu’à la fin. Nous avons convenu que les frais de location sont à 350 mille francs guinéens par mois, après avoir fini de construire, c’est qu’elle va payer. Maintenant qu’elle a fini de construire, elle dit qu’elle ne va plus entrer dans la maison, elle veut avoir son argent qu’elle a dépensé pour la construction du bâtiment. Mais, ce n’est pas moi qui lui ai dit de ne pas entrer dedans et je ne sais pas pourquoi elle dit qu’elle ne va pas occuper le bâtiment », a-t-il expliqué.

Dans ses explications, dame Marliatou Bah soutient mordicus avoir été victime d’escroquerie. « C’est après que j’ai été déguerpie à Kaporo que j’ai appris qu’il y a des bâtiments en location chez Mamoudou Diallo. Je suis allée le voir. Il m’a dit qu’il n’y avait pas de logements, mais des espaces libres si je veux construire. J’ai donné mon accord. C’est ainsi qu’il m’a présentée à tous ceux qui sont à l’intérieur de la cour. Tout le monde a confirmé que c’est Mamoudou et ses deux grandes sœurs : l’une est à Conakry ici, l’autre est en occident, qui sont propriétaires de la concession. Après ça, il m’a rassuré qu’il n’y a pas de problèmes, que je peux aller construire sans aucun problème et qu’on n’a même pas besoin de papiers pour ça, c’est lui qui coordonne tout dans la concession ».

Poursuivant, dame Marliatou a fait savoir qu’elle a donné de l’argent pour les travaux. « C’est ainsi que je me suis engagée et je lui ai donné un peu plus de 3 millions de francs guinéens pour le début des travaux. Mais quelques jours après, je suis venue trouver qu’il n’a fait que 3 rangées de briques. Je lui ai demandé à ce que moi-même je prenne mon propre maçon. J’ai envoyé mon maçon, on a continué les travaux jusqu’à la fin de l’élévation des murs. Sa sœur qui est à Conakry est venue arrêter les travaux pour nous convoquer tous les deux à la gendarmerie de la Carrière. De négociation en négociation, Mamoudou a pris la garantie, il s’est entendu avec la famille qu’il n’y aura plus de problème et que je peux continuer les travaux. En ce moment j’avais dépensé un peu plus de 10 millions de francs guinéens. C’est après ça que je suis revenue continuer les travaux jusqu’à la finition. Quand j’ai fini de tout faire, j’ai fermé à cadenas, j’ai pris une copie de la clé du salon je lui ai donné puisqu’il y avait ces matériels de dedans. En tout, ça tout m’a coûté 27 millions 37 mille francs guinéens sans compter le transport que je payais à chaque fois que je venais », a révélé la dame.

Les choses vont tourner court juste après. « C’est quand maintenant je me suis apprêtée à venir m’installer que Mamoudou et sa sœur m’ont dit que le bâtiment a augmenté de valeur, que ce n’est plus 350 mille francs guinéens, mais c’est 1 million que le bâtiment vaut en location par mois. Mais même avec ça, je ne vais plus mettre pieds dans cette maison. Sa sœur m’a dit qu’elle allait me tuer si j’y mettais mon pied. C’est ainsi que j’ai décidé de ne plus repartir là-bas puisque ma sécurité est menacée. Ils n’ont qu’à me restituer les 27 millions 37 mille francs guinéens, plus l’intérêt que cela pourrait engendrer si je les mettais dans mon commerce », a sollicité Marliatou Bah.

Après les débats, s’en sont suivis les réquisitions et les plaidoiries des parties au procès.

L’avocat de la partie civile, maître Moumini Diallo, va demander au tribunal d’appliquer la Loi. « Monsieur le président, nous demandons qu’il vous plaise d’observer les faits et d’appliquer la Loi conformément aux dispositions de l’article 403 du code pénal en condamnant le prévenu au payement intégral du montant dépensé pour la construction du bâtiment, au payement de 50 millions au titre de dommages et intérêts et au payement de 15 millions de francs guinéens pour la réparation du préjudice moral causé à notre cliente », a demandé l’avocat.

Le procureur Daouda Diomandé va pour sa part requérir 1 an d’emprisonnement, assorti de 6 mois de sursis, contre Mamoudou Diallo, et le payement intégral du montant que la partie civile a dépensé dans la construction du bâtiment. « Monsieur le Président, monsieur Mamoudou Diallo et sa sœur ont autorisé madame Marliatou Bah à construire ce bâtiment. Elle l’a construit, tout est fini. Il ne lui reste plus qu’à y entrer. Ils attendent jusqu’à ce qu’elle fini de tout faire pour lui dire que le bâtiment a augmenté de valeur d’un million. Qui l’a construit et l’a mis en valeur si ce n’est pas elle ? En plus de ça, ils l’empêchent d’entrer dans le bâtiment qu’elle a construit avec leur accord en la menaçant de mort. Si elle a construit c’est parce qu’elle a été rassurée qu’elle n’allait avoir aucun problème. Maintenant, ils ont fait le contraire de ce qu’ils ont promis. Le ministère public requiert qu’il vous plaise de retenir monsieur Mamoudou Diallo dans les liens de culpabilité et de le condamner à 1 an d’emprisonnement assorti de 6 mois de sursis avec le payement intégral du montant dépensé qui s’élève à 27 millions 37 mille francs guinéens. En le faisant, vous aurez rendu une saine justice », a requis le procureur.

De son côté, maître Alsény Sylla, avocat de la défense, a estimé lui, que le tribunal correctionnel de Dixinn n’est pas compétent pour juger cette affaire. « Je suis déçu, je suis choqué, je suis révolté quand j’entends le représentant du ministère public dire qu’il y a eu de l’escroquerie dans cette affaire. Il n’y a eu nulle part dans cette affaire de l’escroquerie. Parce dans ce dossier, il n’y a ni de faux nom, ni de fausse qualité, ni de manœuvres frauduleuses. Monsieur le président, qu’il vous plaise de renvoyer cette affaire pour incompétence, parce qu’elle pénale, mais civile », a-t-il plaidé.

Le tribunal a mis le dossier en délibéré pour décision être rendu le mercredi 27 novembre 2019.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

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