Boké : des enseignants en formation réclament leurs primes au MENA

Marie Thierion, formatrice

Ils sont plus de 40 professeurs de français, venus des différentes préfectures de la région de Boké, à suivre une formation dans la commune urbaine de Boké, dans le cadre d’un programme de « formation des formateurs » initié par le ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, en partenariat avec l’agence française de développement. Ces enseignants, sélectionnés après un test pour cette formation modulaire, doivent suivre six modules au terme desquels ils devraient procéder à leur tour à la formation d’autres enseignants de l’élémentaire. Malheureusement, les conditions d’apprentissage ne sont pas les meilleures pour ces enseignants. Ils ne reçoivent pas leurs primes, ils ont des problèmes de transport et de restauration. Et, cela impacte sur le moral des apprenants.

Selon des informations confiées à Guineematin.com, ces enseignants sont en formation depuis novembre dernier. Et, actuellement, ils sont au niveau du sixième et dernier module ; mais, la formation est devenue un véritable calvaire. Les apprenants ont épuisé toutes leurs économies et ils n’ont aucune information sur la situation des primes qu’on leur avait promises au début de cette formation. Et pourtant, le partenaire français (l’agence française de développement) a déjà débloqué le financement pour cette formation.

Camara Fodé Yans, professeur de français

« Nous avons commencé la formation en novembre. Maintenant, il fallait que cette formation soit accompagnée par des primes, mais le premier module les gens ont reçu les primes. Au deuxième module nous n’avons rien reçu et au troisième module aussi ils ont donné. En tout cas nous sommes en ce moment au sixième module, mais dans tout ça, nous n’avons reçu les primes que deux fois. C’est l’inspecteur régional de l’éducation qui nous assiste parfois pour le repas de 14 heures. Nous le remercions d’ailleurs pour ça. Les partenaires respectent leur engagement, parce que chaque matin nous avons droit à un jus et un sandwich. Nous avons des peines avec des perdiemes. Nous avons des informations nous disant même que le ministre aurait dit que tous ceux qui veulent suivre le formation n’ont qu’à continuer et ceux qui le souhaitent aussi peuvent démissionner. Maintenant, nous avons appris aussi que la semaine là nous n’auront même pas de repas de 14 heures. Et pourtant, nous avons appris que ce projet a été financé à hauteur de 400 milliards de francs guinéens. Nous sommes dans ces inquiétudes », Fodé Yans Camara, un des enseignants en formation.

Venu de la sous-préfecture de Kolaboui pour suivre cette formation modulaire, l’enseignant Mamadou Dian Diallo tire le diable par la queue. Il assure que même le repas de midi qu’ils avaient au début de la formation ne vient plus.

Mamadou Dian Diallo, enseignant à Kolaboui

« C’est vraiment une fierté pour moi de participer à cette formation sur tout après un test. Et, il faut préciser que ça se passe très bien, parce que les partenaires français respectent leur engagement, ils sont réguliers et ils donnent bien les cours. Mais, le problème est que le côté financement nous souffrons beaucoup. Nous sommes au sixième module comme ça, mais après chaque module on ne nous donne rien. Maintenant, il faut payer le transport pour venir ici, certains de nos collègues quittent Sangaredi, d’autres quittent Boffa, Gaoual, Koundara et autres localité. On est là toute la journée, parfois jusqu’à 16 heures, voire même 18 heures. Et, nous avons constaté ces derniers temps que même le repas de 12 heures qui venait ne vient plus. Donc, c’est vraiment compliqué », s’est plaint Mamadou Dian Diallo.

Certains participants à cette formation sont venus des écoles techniques et professionnelles. Et, pour eux, la galère est totale. Pas un franc ne leur a été donné d’abord dans le cadre de cette formation. Saydouba Soumah et les autres de sa catégorie se sentent extrêmement lésé dans cette situation.

Mamadou Dian Diallo, enseignant à Kolaboui

« Nous qui sommes de l’enseignement technique, nous pensons que nous servons tout le système éducatif guinéen. Mais, nous remarquons qu’il y a une différence, parce que nous avons appris que chaque département doit prendre en charge désormais ses éléments. Le MEN-A faisait des efforts au début, mais au niveau de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, rien n’est fait. Nous, nous n’avons rien reçu, c’est nos collègues du MEN-A pour les deux cessions qui ont été payé qui nous donnaient 10.000 ou 20.0000FG pour le transport. Depuis le premier module, il n’y a eu aucune réaction de notre département, ni en perdieme, ni en transport, rien. Nous ne sommes même pas pris en charge », a confié Saydouba Soumah.

Rencontrée par la rédaction de Guineematin.com à Boké, Marie Thierion, l’une des formatrices à cette formation modulaire, assure que la situation actuelle affecte les enseignants et le bon déroulement des cours. Elle est formelle sur le fait que l’argent a déjà été débloqué par l’agence française de développement. Et, elle se demande à quel niveau cet argent est bloqué maintenant.

Marie Thierion, formatrice

« L’objectif c’est de former les enseignants pour qu’ils forment d’autres à leur tour. Je sais que les montants sont débloqués côté français, ils sont en Guinée dans les caisses guinéenne. Je ne connais pas le montant total, mais je sais que le montant est débloqué. C’est l’agence française de développement qui a débloqué l’argent ; et oui, les stagiaires n’ont pas reçu leur prime depuis janvier. Et oui, ça affecte bien sûr la formation, parce que ça affecte leur motivation. Ils ne savent pas s’ils seront payés après cette formation. Donc, quand on n’a pas d’information, personne ne se déplace, personne ne vous considère, forcément ils sont démotivé. J’aurais voulu qu’ils soient défrayé pour mieux se concentrer », a indiqué Marie Thierion.

Pr. Alpha Amadou Bano Barry, ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation

Joint au téléphone, le ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, Dr Alpha Amadou Bano Barry, n’a pas voulu faire de commentaire. Autant dire qu’il y a un cheveu dans la soupe du MENA.

« Je préfère parler avec eux (les enseignants) directement ; et, quand tu seras avec eux, tu peux m’appeler pour que je puisse leur parler », a-t-il dit avant de raccroché sans même nous dire au revoir.

De Boké, N’Diaré Diallo pour Guineematin.com

Tel: 628-98-49-38

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