Pluies diluviennes à Conakry : les briquetiers tirent le diable par la queue

Acteurs importants dans la construction en Guinée (où les maisons sont encore faites de briques), les briquetiers (confectionneurs de briques) sont durement éprouvés par les fortes pluies qui s’abattent actuellement sur Conakry, la capitale guinéenne. Il leur est quasiment impossible de travailler, en dépit des commandent qu’ils reçoivent de part et d’autre.

Souvent confrontés au manque d’abris, les confectionneurs de briques sont quotidiennement à la merci des intempéries. Leur travail est constamment sous menace à cause des pluies diluviennes. Conséquence naturelle, leur revenu est en nette baisse. Mohamed Aliou Camara, briquetier à Kaporo-Rail, assure que les propriétaires de briqueteries subissent assez de pertes pendant cette période hivernale.

Mohamed Aliou Camara, briquetier à Kaporo-Rail

« Pour nous, le travail est plus aisé durant la saison sèche ; car, en saison pluvieuse, nous rencontrons beaucoup de difficultés. Lorsqu’il pleut, nous ne travaillons presque pas. Parfois, on peut commencer le travail alors que le ciel est complètement dégagé ; puis, d’un seul coup, ça change, il commence à pleuvoir. Donc, à la tombée de la pluie, nous couvrons nos briques et ciment par des bâches. Quand la pluie s’arrête, nous reprenons le travail si le temps nous le permet. Dans ces conditions, le patron paie le travailleur ; puisque ce ne sont pas des briques sèches qu’on lui demande, mais plutôt le travail. Donc, le patron endosse la perte. En cette saison des pluies, il est difficile pour nous de faire de l’épargne. Si le temps est clément, on peut mélanger jusqu’à trois sacs. Ce qui nous fait un peu d’argent. Et, c’est cet argent qu’on utilise lorsqu’il pleut, puisque ce n’est pas possible de poser des briques sous la pluie. On se débrouille actuellement. Nous ne pouvons pas mettre d’abri ici pour y mettre les briques quand il pleut ; car, comme vous pouvez le voir, le chantier est grand. Donc, il y a beaucoup d’espaces à couvrir et les briques prennent assez de place. Du coup, même si on monte un hangar, c’est peu de briques qu’on pourra fabriquer là-dessous. Et quand les moyens ne sont pas conséquents, cela n’est pas possible », a-t-il expliqué.

Pour cet autre briquetier rencontré sur la transversale Bambéto-Kipé, Ibrahima Bah, la situation est très compliquée. Et, c’est malgré lui qu’il confectionne des briques en cette période de grande pluie à Conakry.

Ibrahima Bah

« Nous rencontrons beaucoup de difficultés pendant cette période de fortes pluies. Lorsqu’il pleut, si nous n’avons pas de gants, le ciment peut ronger nos mains. Mais, même avec des gants, le ciment mouillé peut pénétrer pour atteindre nos mains. La pluie endommage nos briques aussi quand on n’a pas de bâche pour les couvrir. Etant donné que nous n’avons pas le choix c’est ça notre travail, on se débrouille pour avoir un ou deux sacs avec le propriétaire du chantier et on rentre. La pluie gâte nos briques, mais puisque nous sommes venus et que le propriétaire est une bonne personne qui a de l’empathie, il nous paie. Parfois il y a beaucoup de pertes dans ce travail ; car, même couvertes sous les bâches, certaines briques s’endommagent. C’est difficile pour nous de nous en sortir avec toutes les charges à la maison, parce notre activité est fortement affectée par les grandes pluies. Et, si nous ne travaillons pas, il va s’en dire qu’on a aucun revenu. Car, nous vivons exclusivement de ce travail », a indiqué Ibrahima Bah.

Mamadou Yaya diallo pour Guineematin.com

Tél. : 622673681

Facebook Comments Box