Abdourahmane Diallo, tué par balle à Bomboly : témoignage de ses proches

Boubacar Siddi Diallo, oncle paternel du défunt

Comme annoncé précédemment, Abdourahmane Diallo, un jeune conducteur de taxi moto, a été tué par balle dans la soirée du jeudi, 14 novembre 2019, à Bomboly. Ses proches accusent des agents des forces de l’ordre d’avoir ouvert le feu sur lui alors qu’il était tranquillement assis dans le quartier, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Mamadou Moussa Bah, l’un des amis du défunt, était assis avec lui lorsqu’il a reçu la balle qui lui a été fatale. « Hier, entre 19 heures et 20 heures, des agents des forces de l’ordre sont venus ici à Bomboly. J’étais assis en bas d’un étage, dans le quartier, avec Abdourahmane (la victime), quand nous avons entendu le bruit du pick-up des agents, ils tiraient en rafale. Au moment où on se levait pour s’enfuir et rentrer à la maison, le pick-up était arrivé là où nous étions. Les agents ont tiré sur mon ami, il est tombé dans un fossé », a-t-il expliqué.

Mamadou Moussa Bah, ami et témoin d’Abdourahmane Diallo tué à Bomboly

Après avoir tiré sur le jeune, les agents ont rebroussé chemin pour partir. C’est ainsi que Mamadou Moussa et d’autres amis du jeune blessé sont venus le prendre pour le conduire à l’hôpital. « La balle l’a touché au niveau de la joue et est ressortie par l’autre oreille. Immédiatement, on l’a pris pour l’envoyer dans un premier temps, dans une clinique située à quelques mètres de là où on était assis. Mais, les médecins nous ont dit qu’ils ne peuvent pas le soigner et nous ont recommandé de l’envoyer au CMC de Ratoma.

Mais, quand on est partis à Ratoma, eux aussi nous ont dit qu’ils ne peuvent pas le traiter et qu’il fallait qu’on aille à Ignace Deen. Et, quand on est arrivés à Ignace Deen, on nous a dit qu’il n’y a pas de place. Les gens nous ont intimé de sortir de l’hôpital. Au moment où on sortait, des agents sont venus arrêter deux d’entre nous : le chef de notre ligne et un autre grand. On ne sait pas jusque-là où ils ont été envoyés. C’est entretemps que notre ami est décédé », a dit le jeune conducteur de taxi moto, les larmes aux yeux.

Boubacar Siddi Diallo

De son côté, Boubacar Siddi Diallo, oncle paternel du défunt, se dit dépassé par ces événements. « Abdourahmane Diallo était un jeune orphelin de père et de mère, qui se débrouillait en conduisant un taxi moto. Il n’avait aucun problème. Il ne nous a jamais créé des problèmes. Si sa vie devait s’arrêter ce jeudi, on l’accepte parce que c’est le destin. Mais, les agents des forces de l’ordre doivent savoir que ces enfants ne sont pas des singes. C’est sur les singes qu’on tire comme ça et non sur des êtres humains.

Les agents qui tirent sur les gens sont des êtres humains, qu’ils sachent qu’une vie est égale à une autre. C’est Dieu qui va les payer de ce qu’ils font aux gens, parce que nous n’allons pas leur pardonner pour ce qu’ils ont fait. On tire sur Abdourahmane, son frère le prend pour l’envoyer à l’hôpital et on arrête ce dernier aussi pour l’envoyer à la DPJ. C’est vraiment déplorable ce que nous vivons. Sinon, ils se seraient limités à tirer sur l’enfant et non à poursuivre ceux qui le transportent à l’hôpital pour les arrêter. On ne pardonne pas ça au gouvernement », a dit le père de famille.

Ce vendredi matin, la famille d’Abdourahmane Diallo n’avait pas encore récupéré le corps du jeune homme, qui se trouverait à la morgue de l’hôpital Ignace Deen de Conakry. Son oncle Boubacar Siddi Diallo dit ne pas savoir aussi où sont détenus les deux jeunes qui l’ont conduit à l’hôpital et qui ont été mis aux arrêts.


Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

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