« Meurtre » d’une jeune fille à Doghol Touma (Pita) : 10 ans après, l’affaire jugée à la Cour d’appel de Conakry

Dix ans après la mort tragique de Mademoiselle Sory Binta Diallo à Doghol Touma, dans la préfecture de Pita, l’affaire est toujours pendante devant la justice guinéenne. Le procès en appel du meurtrier présumé de la jeune fille s’est ouvert vendredi dernier, 30 juillet 2021, devant la Cour d’appel de Conakry. Abdoulaye Diallo a plaidé non coupable, assurant que la victime s’est elle-même donné la mort, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

C’est le 26 mars 2011 que Mlle Sory Binta Diallo a été mortellement poignardée dans la sous-préfecture de Doghol Touma (Pita). Accusé d’avoir commis cet acte, Abdoulaye Diallo a été aussitôt arrêté et placé en détention. En 2016, il a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour meurtre par la cour d’assises de Labé, en audiences foraines. Ses avocats ont protesté, sans succès, contre cette décision devant la Cour d’appel de Conakry. Ils ont finalement saisi la Cour suprême, qui a cassé la décision condamnant Abdoulaye Diallo, invoquant le fait que le présumé auteur est poursuivi non pas pour meurtre, mais pour des faits de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans en avoir l’intention. Elle a renvoyé le dossier devant la Cour d’appel de Conakry pour un nouveau jugement.

A l’ouverture de ce procès, Abdoulaye Diallo a plaidé non coupable. Il a laissé entendre que la victime était sa fiancée et que c’est elle-même qui s’est donné la mort. « C’était ma fiancée, je l’ai soutenue pendant 10 ans. Mes parents avaient même envoyé la dot et les noix de cola pour le mariage, mais les parents de Sory Binta les ont renvoyés. Ensuite, sa famille lui a proposé plusieurs personnes pour la marier, mais elle n’a pas accepté. Elle disait que je suis la personne de sa vie et que personne que moi n’allait l’épouser. Et lorsque sa famille a voulu la donner en mariage à une personne qu’elle n’aimait pas, elle a pris la fuite pour aller à Koubia. A ce moment-là, j’étais à Conakry. Sa sœur m’a appelé pour me demander si je suis avec elle à Conakry, j’ai dit non.

C’est ainsi que j’ai appelé Sory Binta Diallo, je lui ai envoyé de l’argent pour qu’elle puisse payer le transport et rentrer à Pita. Moi aussi, j’ai quitté Conakry, je suis allé à Pita où on s’est rencontrés. Je lui ai dit de rentrer à Doghol Touma chez ses parents, mais elle a refusé. Moi, j’ai continué sur Doghol Touma, parce que je ne pouvais pas rester avec elle à Pita. Quelques jours après, elle m’a appelé pour dire qu’elle vient chez moi. Le 26 mars 2011, elle est venue chez moi, à 11 heures. Je l’ai reçue dans ma chambre. Après, sa sœur est venue frapper à la porte, j’ai refusé d’ouvrir parce qu’elle (Sory Binta) m’a dit de ne pas ouvrir. Ensuite, sa mère aussi est venue frapper à la porte.

Finalement, j’ai ouvert la porte. Elle m’a demandé si Sory Binta était dedans, j’ai dit oui. C’est ainsi que Sory Binta est sortie de la chambre avec un couteau.

Elle m’a trouvé arrêté à la porte, elle m’a poignardé au ventre. Elle a continué avec le couteau jusqu’au niveau du forage qui est à quelques mètres de chez moi, elle s’est aussi poignardée. On l’a emmenée à l’hôpital, mais elle a succombé à ses blessures trois jours après. Donc, c’est elle qui s’est poignardée et elle m’a poignardé devant sa mère », a déclaré Abdoulaye Diallo.

Les explications de l’accusé ont suscité quelques interrogations chez le président de Cour. « Vous dites que vous étiez l’homme de sa vie, vous avez vécu ensemble pendant 10 ans, mais elle prend un couteau pour vous poignarder. Comment expliquez-vous cela ? » A cette question du juge Elhadj Souleymane Baldé, l’accusé a répondu en ces termes : « Moi-même je me pose cette question. Parce qu’elle n’était pas folle, c’était une fille très intelligente », a dit Abdoulaye Diallo.

De son côté, Me David Béavogui, l’un des avocats de la défense, a laissé entendre que si son client avait l’intention de faire du mal à la fille, il allait le faire depuis la ville de Pita, où ils se sont retrouvés. « S’il voulait lui faire du mal, il pouvait le faire à Pita. Il pouvait même dire allons ensemble à Conakry et en cours de route, il fait ce qu’il veut faire, s’il en avait l’intention. Même dans la chambre où ils ont restés de 11 heures à 13 heures, s’il voulait faire du mal à la fille, il l’aurait fait. Mais ce n’était pas son intention. Son intention, c’était d’aider la fille à revenir dans sa famille pour qu’elle puisse se marier », a-t-il dit.

L’avocat a ensuite sollicité une liberté conditionnelle pour son client qui, souligne-t-il, a déjà passé 10 ans en détention préventive. Mais le juge a rejeté cette demande, avant de renvoyer l’audience au 24 septembre prochain pour les réquisitions et plaidoiries.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620589527/664413227

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