Mauvais état des routes : des chauffeurs racontent leur calvaire à l’intérieur du pays

Déjà difficile, la circulation routière entre Conakry et les villes de l’intérieur s’est compliquée davantage depuis l’avènement des grandes pluies. La plupart des routes sont fortement dégradées et sont devenues quasiment impraticables. Pour en parler, un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre de plusieurs chauffeurs qui font le transport interurbain. Ils ont raconté leur calvaire sur les différents axes routiers du pays.

Maître Boubacar Bah est chauffeur d’un mini bus qui fait la liaison entre la capitale guinéenne et la ville de Mali. Depuis le début de la saison hivernale, son travail est perturbé par la forte dégradation de la route et l’affaissement du pont de M’Bagou (entre Labé et Mali).

« Nous avons beaucoup de difficultés en cette saison hivernale. Actuellement, la route de Mali est gâtée à plusieurs endroits. La route est vraiment impraticable. Si ce ne sont pas des parties glissantes à cause de la boue, ce sont des trous creusés par les eaux de ruissellement. En plus de ça, il y a un pont qui est en train d’être construit au niveau de la rivière qu’on appelle M’Bagou. La déviation qui faite pour les passants est maintenant impraticable. Là-bas, les gens viennent garer leurs véhicules des deux côtés de la rivière parce qu’on ne peut pas passer », explique le chauffeur.

Il ajoute que pour traverser cette déviation du pont de M’Bagou, il faut payer de l’argent pour se faire aider. « Si tu veux que ton véhicule soit tiré par un camion pour traverser la rivière, tu vas payer 50 mille francs. Si c’est une moto que tu as, tu veux traverser avec elle, il y a des jeunes qui là-bas pour ça. Eux aussi ils demandent 20 mille francs guinéens pour faire traverser une moto ».

« Avant, si on quittait ici (Conakry) le jeudi, on arrivait là-bas (Mali) le vendredi très tôt. Mais actuellement, vu le mauvais état de la route et le problème de cette déviation, on peut faire trois jours entre Conakry et Mali. Malgré tout cela, on n’ose pas augmenter même un franc sur les frais de transport. Le tarif est toujours le même alors que nos véhicules se gâtent souvent à cause du mauvais état de la route », a fait remarquer maître Boubacar Bah.

Le calvaire de Boubacar Bah est ressenti aussi par maître Mamadou Bhoye Barry, un autre chauffeur qui roule sur l’axe Conakry-Télimélé. Selon ce dernier, « actuellement, plusieurs d’entre nous ont dû garer leur véhicule à cause du mauvais état de la route. Les passagers sont là en train de crier sur nous, mais on ne veut pas engager nos véhicules sur cette mauvaise route. Il y a un pont qui est coupé à 15 km de Kindia, traverser là-bas est devenu un véritable problème. C’est avec beaucoup de risques que certains chauffeurs se débrouillent à passer là-bas. Avant que la route ne soit dans cet état, on passait quelques heures seulement entre Conakry et Télimélé et vice-versa, mais maintenant il faut parfois passer deux jours en route ».

Mamadou Bhoye Barry

Pour ce chauffeur, ceux qui s’aventurent sur cette route actuellement travaillent quasiment à perte. « Aujourd’hui, si vous voyez un chauffeur qui roule sur cette route, ce n’est pas pour avoir de l’argent, c’est certainement pour maintenir ses clients. Parce que le peu qu’on gagne sur cette route actuellement c’est pour acheter le carburant et l’entretien de nos véhicules. Parce que si nous nous hasardons à augmenter le tarif de transport, on nous dira qu’on a violé la loi. Donc on est obligés d’endurer », regrette Mamadou Bhoye Barry.

La situation est quasiment la même sur tous les axes routiers du pays. Car les mêmes plaintes se font entendre chez les chauffeurs qui pratiquent la route Conakry-Bamako. Selon maître Mamadou Alpha Diallo qui roule sur cette route, « les chauffeurs souffrent énormément à cause du mauvais état de cet axe routier. A Conakry d’abord, au niveau de tous les carrefours que nous traversons, la route est dégradée. Ensuite, entre Coyah et Mamou, il y a beaucoup de trous sur la route. Et puis, entre Dabola et Kouroussa, la route est complètement gâtée. Cela nous crée beaucoup de problèmes avec notamment des pannes de nos engins et des accidents de la circulation.

Maître Mamadou Alpha Diallo

Parfois, nos véhicules tombent en panne et nous les laissons en brousse là-bas avec les passagers pour aller chercher des mécaniciens. Et, certains passagers perdent patience et s’en prennent aux chauffeurs. Les coupeurs de route aussi en profitent pour nous attendre au niveau des endroits les plus dégradés parce qu’il savent qu’on est obligés de rouler tout doucement à ces endroits. Ils nous arrêtent et enlèvent l’argent et les biens des gens. Cela nous inquiète beaucoup ».

Face à cette situation, Mamadou Alpha Diallo interpelle les autorités du pays. « Nous demandons aux autorités de nous aider. On a vraiment des soucis. Nos véhicules se gâtent, on n’est pas en sécurité et le plus souvent c’est des problèmes entre les passagers et nous. Donc, ils n’ont qu’à nous aider en réparant les routes pour nous permettre de circuler plus facilement », a lancé le chauffeur.

Mamadou Bhye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622919225 / 666919225

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