Mamadouba Sylla tué par balle à Conakry : « son père aussi a été tué comme ça par les policiers… »

Mamadouba Sylla, tué hier à Wanindra

Comme annoncé précédemment, la marche funèbre du FNDC a été émaillée de violences hier, lundi 04 novembre 2019, avec l’attaque du cortège par les forces de l’ordre. Au moins trois morts ont été enregistrés dans la commune de Ratoma, dont le collégien Mamadouba Sylla. Il a été touché par balle au niveau du carrefour marché, au quartier Wanindara, par des agents à bord d’un pickup, avant de rendre l’âme à l’hôpital Ignace Dean, a appris un reporter que Guineematin.com a dépêché dans sa famille ce mardi.

Mamadouba Sylla, tué hier à Wanindra

Le décompte macabre se poursuit au lendemain de l’attaque de la procession funèbre du FNDC qui partait ensevelir 11 victimes du projet de 3ème mandat du président Alpha Condé, tués elles-aussi par balle à la mi-octobre 2019. Âgé de 14 ans et élève en classe de 7ème année, Mamadouba Sylla est originaire du village de Samounkiri, dans la sous-préfecture de Samayah (préfecture de Kindia), fait partie des trois victimes de l’attaque du cortège.

Dans sa famille, domiciliée au quartier Wanindara, c’est la consternation qui prévaut ce mardi, 05 novembre 2019. La mère de ce benjamin de la famille est effondrée. Madame Sylla Maciré Soumah a expliqué comment elle a appris le décès de son garçon.

Madame Maciré Soumah, mère de feu Mamadouba Sylla

« On était assis ensemble à la maison quand il a déposé son sac, puis il est sorti. Cela n’a pas mis du temps, des jeunes sont venus frapper à ma porte pour m’informer que les forces l’ordre ont tiré sur mon fils au carrefour marché. J’ai dit pourquoi ? Ils ont dit « on ne sait pas ». Les enfants sont allés voir. A leur arrivée, ils ont trouvé qu’une ambulance est venue le chercher pour l’évacuer à l’hôpital de Donka. Malheureusement, il n y a avait pas de place à Donka, ils l’ont transféré à Ignace Deen. Un peu plus tard, on m’a appelé pour me dire qu’il est décédé. Ils lui ont tiré dessus au carrefour marché, à Wanindara. Il partait jouer au ballon quand les forces de l’ordre revenaient de l’enterrement à Bambéto. Ils tiraient à balles réelles en l’air. C’est ce qui a touché mon fils », a raconté la maman.

Maciré Soumah, effondrée et en larmes, s’en remet au bon Dieu et fait savoir que son fils n’était pas un manifestant. « On n’a rien à dire, à part nous en remettre au bon Dieu. Parce qu’on n’a aucune force, sauf regarder l’État. Il ne faisait pas partie des manifestants, on ne savait même pas qu’il y avait une marche hier ou que les gens sont sortis. Parce qu’il n’y avait aucun bruit ici hier. On a juste appris qu’il y avait un accrochage à Bambéto. Mais, c’était calme ici », a-t-elle fait savoir.

Fodé Sylla, oncle du défunt

Pour sa part, Fodé Sylla, oncle du défunt, s’est dit dépassé par ce drame d’autant plus que le père de feu Mamadouba Sylla a été tué dans les mêmes conditions en 2004. « C’est quelque chose qui n’est pas du tout facile à évoquer. L’enfant qui a été tué comme ça, c’était le seul et unique garçon de son père. Son père aussi est décédé comme ça. Mamadou Sylla n’a pas été à Bambéto pour le cortège funèbre. Ils étaient tous au salon. Il est sorti, mais 30 minutes après, ses amis sont venus en courant, nous alerter, qu’ils ont tiré sur lui. C’est ainsi que la famille est allée. Ils se sont croisés avec la Croix Rouge qui l’a transporté à l’hôpital où il a rendu l’âme. Ils lui ont tiré au niveau du front. Ils avaient dit qu’il était touché par les projectiles du gaz lacrymogène. C’est après diagnostic à l’hôpital qu’on nous a dit qu’il était touché par une balle réelle. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est l’Etat qu’on accuse, c’est lui qui détient le pouvoir. Son père aussi a été tué comme ça en 2004 à Yattayah par les policiers. On avait demandé justice ; mais, jusqu’ici, rien », s’est-il lamenté.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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