Enrôlement des élèves en Guinée : les précisions du porte-parole du MENA, Ansa Diawara

Mohamed Ansa Diawara, porte parole ministère de l'Education Nationale et de l'Alphabétisation (MENA)

Les examens nationaux de cette année ont déjà été clôturés en Guinée ; mais, les candidats qui ont affronté le baccalauréat unique et le BEPC (brevet d’études du premier cycle) continuent de défiler encore devant les DCE (direction communale l’éducation) et DPE (direction préfectorale de l’éducation) du pays pour se faire enrôler. Cette opération d’enrôlement s’inscrit dans le cadre d’un projet du ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (MENA) visant à digitaliser le système éducatif guinéen. Et, ce sont les candidats aux examens nationaux de cette année qui sont les premiers à se faire enrôler. Malheureusement, cet enrôlement qui est gratuit se fait payer par moment dans certains centres d’enrôlement. C’est le cas notamment dans certains centres de la commune de Ratoma où des candidats ont déboursé entre 5 000 et 10 000 francs guinéens pour cette opération.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, lundi 02 août 2021, Mohamed Ansa Diawara, le porte-parole du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA), est revenu sur les fondements et les objectifs de cette opération de digitalisation du système éducatif guinéen, jusque-là très mal compris par les élèves et leurs parents.

Décryptage !

Guineematin.com : l’enrôlement biométrique des candidats au baccalauréat et au BEPC se poursuit sur le terrain alors le BEPC de cette année est loin derrière nous. Dites-nous à quoi va servir cette opération ?

Mohamed Ansa Diawara, porte parole ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA)

Mohamed Ansa Diawara : je voudrais d’abord rappeler qu’il y a un projet maintenant au niveau du MENA qui porte sur la digitalisation du système éducatif guinéen. Le ministre a souhaité que cette digitalisation commence par les candidats de cette année. Pour rappel, nous avons fait un communiqué parce que les gens avaient commencé à lier cette opération à une quelconque candidature à un examen. Le communiqué a dit que cette opération de prise d’empreinte et de vérification d’information n’a aucune incidence sur le déroulement des examens, aucune !

Dire que quelqu’un n’est pas candidat s’il n’est pas enrôlé, non ! Mais, nous avons voulu commencer par les candidats, parce que ceux-ci sont regroupés et nous pouvons commencer par eux. Maintenant,quels sont les objectifs de cette digitalisation ? Vous avez vu cette année que nous avons recalé beaucoup d’élèves qui voulaient être candidats, des sessions rapprochées, des faux candidats… C’est cette digitalisation qui va nous permettre, chaque année, d’avoir des candidats propres. On n’a plus besoin de remonter les listes des candidats. Les listes viennent d’elles-mêmes parce que nous avons des informations. Aucune direction, aucune école ne va faire une liste et remonter. C’est automatique. Ça permet donc l’élimination des sessions rapprochées et des gens non admis qui viennent s’installer dans les classes. Deuxièmement, nous allons introduire des diplômes et relevés de notes sécurisés avec photo numérique. Quand vous allez mettre votre empreinte, votre diplôme et le relevé aussi vont sortir. Il n’y a pas de moyen de tricher.Également aux bacheliers de se porter candidats à des nouveaux examens. Vous savez, il y a des candidats, des bacheliers, qui sont déjà à l’université, qui viennent faire le bac pour être lauréat. Alors, quand on est déjà fiché, on ne peut plus faire ça. Parce que dès que vous mettez votre main, on sait déjà que vous êtes passé par là et que vous avez eu votre examen. Également, empêcher l’inscription des élèves de la 5ème année pour la 6ème, de la 9ème année pour le BEPC, de la 12ème année pour la terminale. Quand chacun est dans sa place, il n’y a pas de possibilité pour sortir et être candidat. Là aussi, c’est pour enfin obtenir des listes propres, fournir des statistiques fiables et produire des résultats crédibles. Voici l’objectif de la digitalisation ou de l’enrôlement qui est en train de se passer.

Guineematin.com : Vous savez que nous sommes déjà en période de vacances et la plupart des élèves changent de lieu. Est-ce qu’il y a des dispositions prises par le MENA pour retenir ces élèves jusqu’à la fin de l’enrôlement ?

Mohamed Ansa Diawara : évidemment, je vous rappelle que ceux qui ont été candidats au baccalauréat unique de cette année se sont fait enrôler au cours du bac. Et, après le bac, pendant le BEPC, ils revenaient dans leurs centres parce que les agents étaient là pour les enrôler. A l’heure qu’il fait, je pense qu’il n’existe pas un seul candidat au bac qui ne s’est pas fait enrôler. S’il en existe encore, ils peuvent venir directement dans les différentes directions soit communales à Conakry ou préfectorales à l’intérieur du pays, parce que les agents sont encore sur place.

Pour ceux du BEPC, l’effectif est tellement grand par rapport au bac, à l’heure qu’il fait, il n’y a que 45 à 50% qui se sont fait enrôler au cours de cet examen (BEPC). Le département a décidé d’envoyer le fichier au niveau de chaque direction, soit communale ou préfectorale pour que, à l’interne, celle-ci s’organise par DES, aller dans les écoles respectives de ces candidats et les enrôler le plus rapidement que possible. Nous savons que ceux qui ne sont pas enrôlés à l’heure qu’il fait viennent régulièrement dans les DCE et DPE pour prendre les informations. Le cas le plus illustratif, c’est celui de Ratoma qui, malgré qu’on leur a dit d’attendre qu’on vienne dans leurs écoles, ils continuent de venir parce que les candidats pensent que si quelqu’un n’est pas enrôlé, il ne sera pas admis. Non ! On va faire un communiqué, on va appeler les différentes écoles ; et, chaque école va faire appel à ses candidats, parce que nous savons que les candidats ont fini les examens et dans les jours à venir, ils vont être informés que tel jour ils peuvent venir. Nous savons que personne ne peut bouger maintenant parce qu’on vient de finir les examens. Nous rassurons les parents que tous les candidats seront enrôlés soit dans les différentes directions ou bien dans leurs écoles respectives.

Guineematin.com : est-ce qu’il y a une date limite pour se faire enrôler ?
Mohamed Ansa Diawara :
 il n’y a pas de date ; mais, à partir de demain, les différentes directions vont commencer à informer et toute la semaine-là sera prise pour ça. C’est juste après la fin des examens que tout le monde sera dans son école pour se faire enrôler.

Guineematin.com : à Ratoma, certains élèves disent qu’on leur fait payer de l’argent pour être enrôlés et le montant varie entre 5 à 10.000 francs. Est-ce que cette décision de faire payer l’enrôlement vient du MENA ? Si oui, cet argent va servir à quoi ?

Mohamed Ansa Diawara : c’est important de rappeler que cette vérification d’informations et de prise d’empreinte sont gratuites. Aucun franc ne se paye. Les agents qui le font sur le terrain sont payés par le MENA. Maintenant, si un candidat, un parent d’élève, parce que le guinéen s’appelle corrupteur, veut payer de l’argent à un agent, c’est à son risque et péril. Nous ne réclamons rien et si un agent dit qu’il refuse d’enrôler quelqu’un pour faute de paiement, qu’on dénonce cet agent et tout de suite, on l’enlève-là et on le remplace. Mais, ce n’est pas payant.

Guineematin.com : sur le terrain, on a constaté qu’il y a un nombre réduit des agents recenseurs par rapport à l’effectif des élèves. Cela crée un attroupement indescriptible au niveau des centres. Quelles dispositions le MENA envisage pour désengorger ces centres d’enrôlement ?

Mohamed Ansa Diawara : nous avions envoyé un appareil par centre. Et un appareil par centre, n’eût été la défaillance du réseau de la téléphonie les premiers jours, on aura fini en un temps. Mais, lorsque le réseau est lent, on n’a pas besoin de pression. Chacun vient, un à un, soit en rentrant du centre ou en sortant du centre, le candidat peut se faire enrôler. Maintenant que le baccalauréat est fini, nous allons mobiliser tous les agents au niveau des écoles pour aller enrôler ceux-là qui ne se sont pas encore fait enrôler.

Guineematin.com : Combien de centres ont été retenus pour cette opération ?

Mohamed Ansa Diawara : certainement les précisions viendront des différentes directions ; mais, on a dit que dans chaque direction communale ou préfectorale, il y a des DSE qui vont viser les écoles qui ont envoyé des candidats. Et, dans chaque école, on vient à tour de rôle. On vient à l’école Pierre, les candidats qui ne se sont pas fait enrôler, on les enrôle. Ainsi de suite et on peut même citer les écoles et programmer dix agents ou quinze. Ça dépendra du nombre d’écoles qui ont envoyé des candidats et ont va programmer les agents. Les statistiques sont directement avec les directions qui savent il y a combien d’écoles dans leur commune qui ont présenté des candidats. Ils vont faire un calendrier qu’ils vont afficher.

Guineematin.com : l’examen d’entrée en 7ème année a aussi pris fin ce 02 août. Quel bilan le MENA a pu tirer de cet examen ?

Mohamed Ansa Diawara : parlant du certificat de fin d’étude élémentaire, je voudrais simplement dire que le déroulement du baccalauréat unique session 2021 a été une réussite pour nous. Et, cette réussite a pu continuer de façon croissante. Si le bac a réussi, le BEPC a plus réussi. Si le BEPC a réussi, l’entrée en 7ème année a plus réussi que le BEPC pour la simple raison que ce sont les tous petits, mais qui sont plus conscients que tous les autres. Donc, c’est pour dire que nous disons Dieu merci, les examens se sont déroulés ; et, ceux qui ont voulu aller à l’encontre des principes généraux qui régissent les examens ont été pris, qu’ils s’agissent des candidats ou les enseignants. Et, dans les jours qui suivent, vous serez informé de ce qui va leur être réservé. Ce qui reste clair, les téléphones qui ont été saisis vont être brûlés et les candidats qui ont été pris dans ce cas de figure ont été éliminés. Et, on ne s’arrête pas à l’élimination, il y a une plainte judiciaire qui va les suivre.

Guineematin.com : qu’en est-il aussi des surveillants qui ont été éliminés pour légèreté ?

Mohamed Ansa Diawara : les surveillants, c’est la même chose. J’ai dit élèves et enseignants. Déjà, les élèves eux, ils ont trois sanctions, deux disciplinaires et une pénale. Ceux qui ont été pris avec les téléphones perdent leurs téléphones, perdent leur examen et troisièmement ils vont être poursuivis en pénal. Les enseignants également ont trois sanctions : la première ce qu’ils ont perdu la prime qu’ils devraient avoir pour cet examen, ils sont éliminés de nos examens pendant trois ans désormais et ils vont répondre à la justice. Donc, c’est pour vous dire que les mesures visent toutes les deux catégories.

Guineematin.com : votre message de la fin ?

Mohamed Ansa Diawara, porte parole ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA)

Mohamed Ansa Diawara : Nous demandons toujours aux parents d’élèves de continuer à soutenir l’école. L’école à elle seule ne peut pas. Le gouvernement fait tout pour que nos examens soient crédibles en créant tous les moyens possibles. Mais, nous ne pouvons pas comprendre que pendant que nous nous faisons ce travail, que les parents par derrière achètent des téléphones sophistiqués, parce qu’on a vu des téléphones de 12 millions, de 20 millions, donner aux enfants. Pour quoi faire ? Pour voler. Ou ce sont les mêmes parents qui donnent de l’argent, un exemple tout à l’heure pour se faire enrôler parce que le guinéen est plus pressé que le mot pressé. Nous leur demandons de nous faciliter la tâche en s’inscrivant dans la même logique que le département. La logique voudrait que les enfants soient notre avenir de demain. Parce que pour terminer, on dit que tant vaut l’école, tant vaut la nation. Si nos enfants sont biens, notre nation sera une nation fortifiée demain. Si nous ne formons que des voleurs, notre nation s’écroulera demain, que Dieu nous en garde. Encore une fois, je souhaite bonne chance à tous les candidats et on vous rassure que les meilleurs réussiront. Toutes les revendications sont reçues. Quand quelqu’un sait qu’il a travaillé et il dit que ce n’est pas sa note, les feuilles sont là. C’est pour vous dire que la correction se fait de façon transparente. L’exemple a été donné à Koubia l’année dernière. Quand les candidats ont réclamé, ils ont fait un mouvement, ils ont été brumés, on les a fait venir et on a sorti leurs copies. Eux-mêmes ont reconnu que ce sont leurs copies, ils ont reconnu que c’était leur valeur. Encore une fois, nous demandons à tous les parents d’accompagner l’école.

Interview réalisée par Alpha Assia Baldé et Mamadou Yaya Diallo pour Guineematin.com

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