Conakry : Alpha Condé poursuit sa femme pour occupation illégale

Poursuivie pour « occupation illégale et rébellion », madame Maïmouna Keïta (mère de 4 enfants) a comparu la semaine dernier, devant le tribunal correctionnel de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma. Elle a été trimbalée en justice par son mari Alpha Condé (un commerçant) et l’huissier de justice Me Mamadouba Sylla. La prévenue a plaidé non coupable des faits mis à sa charge devant cette juridiction de première instance, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Dans cette affaire, le couple Condé est aux prises à cause de cinq (5) boutiques construites à Yattaya-Foulamadina, dans la commune de Ratoma. Chacune des parties se réclame être le propriétaire des boutiques et du domaine sur lequel elles sont bâties. Et, c’est la deuxième fois qu’ils viennent en justice pour régler cette situation (après une première procédure qui est allée jusqu’à la Cour Suprême).

A la barre ce mardi, la prévenue Maïmouna Keïta a réitéré sa paternité desdites boutiques et a accusé son mari de vouloir l’exproprier de son domaine.

« J’étais aux Etats-Unis quand mon époux, Alpha Condé, est allé revendre à son neveu ma parcelle que j’ai hérité de ma famille à Lansanaya. Il est venu acheter à Yattaya. Il a mis la donation à son nom ; et, à mon retour, le plan de masse a été fait à mon nom. Mon mari m’a rendu tous les dossiers, parce que c’est mon argent qui a été utilisé pour acheter le domaine. J’ai construit des boutiques que j’ai fait louer et j’utilise cet argent pour la scolarité de nos enfants et leurs dépenses. Quelque temps après, mon mari est allé porter plainte au tribunal de Dixinn pour restitution des dossiers. Le tribunal l’a débouté. Il a interjeté appel, mais la Cour d’Appel a confirmé la décision du tribunal de première instance. C’est ainsi qu’il (Alpha Condé) a saisi la Cour suprême pour avoir un sursis à exécution de la décision de la Cour », a expliqué la prévenue pour ainsi démentir les faits d’occupation illégale que son mari tente de lui coller à la peau.

S’agissant des faits de « rébellion » brandit par Me Mamadouba Sylla, huissier de justice, la prévenue a dit qu’elle ne s’est jamais opposé au « sursis à exécution » délivré par la Cour Suprême.

« Quand l’huissier est venu me présenter le sursis à exécution, j’ai appelé mon avocat qui m’a dit de signer puisque c’est venu de la Cour Suprême. Mais, je n’ai ni insulté, ni menacé, encore moins frappé », a dit madame Maïmouna Keïta.

Tout en reconnaissant avoir perdu le procès au TPI de Dixinn et à la Cour d’Appel, l’époux (Alpha Condé : ndlr), a balayé les arguments de sa femme devant le tribunal.

« Je n’ai jamais vendu sa parcelle pour aller acheter ailleurs. Là où nous sommes, le domaine m’appartient et c’est moi qui ai construit l’immeuble et les boutiques. Les documents administratifs en font foi. Mon épouse a soustrait les documents dans l’armoire pour aller faire un plan en son nom. Le problème a commencé quand j’ai épousé une 4ème femme. C’est là où Maïmouna s’est sentie menacée », a expliqué Alpha Condé sans visiblement convaincre le tribunal et l’auditoire.

Quant à l’huissier cosignataire de la plainte qui a conduit madame Maïmouna Keïta devant le tribunal correctionnel, il a aussi reconnu avoir envoyé sur le terrain son assistant qui n’est pourtant pas assermenté.

« Personnellement je n’étais pas sur le terrain. J’ai envoyé mon assistant qui n’est pas assermenté pour exécuter le sursis à exécution. Mais, la dame s’y est opposée, elle a insulté et menacé. Quand les boutiques ont été fermées, quelques minutes après, des loubards et des militaires sont venus au bord d’un VA (véhicule administratif : ndlr) pour casser les cadenas et rouvrir les boutiques », a dit Me Mamadouba Sylla.

Saisissant la balle au rebond, le procureur audiencier, Daye Mara, a rappelé que pour les faits d’occupation illégale, le plaignant Alpha Condé n’a pas saisi la justice pour restitution de biens ; mais plutôt pour une restitution des dossiers. Et, pour les cas d’acte de rébellion, le parquet s’est demandé comment le plaignant, Me Mamadouba Sylla, qui n’était pas sur le terrain le jour de l’exécution de la décision pouvait faire l’objet de menace et d’injures. Il a ensuite fait remarquer (sur fond de réprimande) que le cabinet de l’huissier de justice n’est pas une personne physique.

Finalement, le tribunal annoncé la clôture des débats dans cette affaire et a renvoyé l’audience au 07 septembre prochain « pour les réquisitions et plaidoiries ».

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

Facebook Comments Box