Manifestation à Dubréka : les citoyens dénoncent les exactions des force de l’ordre

Comme annoncé dans une précédente dépêche, rien ne va plus entre les populations des quartiers de Tersé, de Yorokoguiya et de Gbéréyiré, dans la commune urbaine de Dubréka, et les responsables des sociétés ALAM et AMG, spécialisées dans l’exploitation du granite. Les habitants des lieux ont encore manifesté leur colère ce mercredi, 23 janvier 2019, pour protester contre le refus de ces sociétés de réaliser des infrastructures dans leur localité, a appris sur place Guineematin.com à travers ses envoyés spéciaux.

Les habitants de cette partie de Dubréka sont très en colère. Ils dénoncent le manque d’infrastructures (écoles, forages, hôpitaux…) dans leur localité, malgré les multiples richesses liées à l’exploitation du granite par les sociétés ALAM et AMG. Seulement, cette manifestation a conduit à la destruction d’édifices publics et privés, comme le bureau du conseil de quartier de Tersé, la boutique et le domicile du chef de quartier de Tersé, des maisons appartenant à des particuliers, entre-autres.

Les jeunes manifestants avaient érigés des barricades, empêchant ainsi la circulation routière sur la nationale Dubréka-Boké. Mais, l’intervention musclée des forces de l’ordre, composée de gendarmes et de policiers, a permis de libérer la circulation.

Selon nos informations, après avoir ramené l’ordre sur la voie publique, les agents sont rentrés dans les domiciles des citoyens pour procéder à des interpellations, avec parfois une violence inouïe.

Sékou Camara

Pour Sékou Camara, un habitant des lieux, « nous avons manifesté sans faire de dégâts. Mais, les policiers sont venus, ils ont massacré tout ce qu’on a dans la maison. Ils ont pillé tout. On a demandé notre droit aux sociétés. Elles exploitent le granite ici, ça explose. La poussière nous fatigue. Avec tout ça, même l’eau, nous n’avons pas. Les policiers sont rentrés chez nous, ils ont gâté la télévision, le congélateur, emporté 18 millions de FG de ma maman et de mon jeune frère. Après, ils sont rentrés chez ma marâtre pour piller tout ce qu’elle avait comme biens », a-t-il lancé avant de se faire embarqué.

Mamady Condé

Pour sa part, Mamady Condé, dit Lélé Fothé, gérant d’un café, a vu toute sa marchandise volée aux éclats. Il accuse les agents d’avoir attaqué et pillé son kiosque. « Comme vous le savez, depuis trois jours, les jeunes de Tersé manifestent. Les jeunes sont sur la voie publique et ne font rien aux citoyens. Mais ce matin, les policiers sont rentrés dans nos maisons pour nous attaquer et piller nos biens. Voyez mon café, les policiers ont gâté la porte à l’aide de leurs armes. Puisqu’ils n’ont trouvé personne ici, ils ont emporté mon poste récepteur, la télévision, mes cigarettes, les jus et les brochettes de ma femme. Bref, toute ma marchandise a été emportée et aujourd’hui, je n’ai plus rien », a-t-il laissé entendre.

En outre, Mamady Condé, domicilié là depuis une trentaine d’années, a dit que la société avait promis de les appuyer dans le cadre du développement local. Mais, tout cela n’était que de la poudre aux yeux. « Nous sommes aujourd’hui inquiet. Si sortir pour revendiquer nos droits nous coûte ce que nous venons de subir de la part des forces de l’ordre, on ne sait plus quoi faire. Ces sociétés qui exploitent ces granites sont là il y a 19 ans maintenant. En 2010, date marquant leur 10 ans en Guinée, elles ont promis de nous construire des forages, des hôpitaux, un collège et ont promis d’offrir à la fin de chaque mois, 8 chargements de granite au quartier de Yorokoguiya, 4 chargements à Tersé et 4 à Gbéréyiré. Cela, pour permettre à la localité de se développer. Mais, depuis cette date, on n’a rien vu. Voyez nos maisons, voyez nos manguiers, la poussière a fait qu’elles ne font plus de fruits. L’impact de cette exploitation de granite fait que nos femmes font des fausses couches. Avant-hier, un granite a explosé et la pierre s’est retrouvée dans le lit d’un habitant de Yorokoguiya. Avec tout ça, ces sociétés ne font rien pour nous dédommager », a-t-il fustigé.

Momo Arafan Soumah

Egalement interrogé par Guineematin.com, Momo Arafan Soumah, président du conseiller de quartier de Tersé, qui a vu son bureau saccagé, sa maison et ses véhicules attaqués par des jeunes, trouve le problème ailleurs. Selon lui, cette manifestation ne vise nullement pas des revendications sociales, mais politiques. « Moi, je suis très surpris, parce que Yorokoguiya n’est pas égal à Tersé et ALAM n’est pas dans Yorokoguiya et moi je ne suis pas gestionnaire des taxes de Yorokoguiya. Nous, nous n’avons qu’un chargement mensuel. (…) C’est des haines et des rancœurs. Ils ont détruit chez-moi à cause de quoi ? Maintenant, si c’est un fauteuil qui amène nos parents à nous agresser, moi je suis très déçu. Ce sont gens qui veulent ma place, ils veulent être chefs de quartier », accuse Momo Arafan Soumah.

De retour de Dubréka, Ibrahima Sory Diallo et Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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