Jacques Gbonimy tacle Alfred Mathos : « c’est un jeu de perdant qu’il est en train de faire »

Jacques Gbonimy, président du parti UPG

Une guerre de leadership divise en ce moment le parti de Feu Jean Marie Doré, l’Union pour le Progrès de la Guinée (UPG). Le mandat de maître Jean Alfred Mathos a été écourté lors d’un congrès organisé le 03 mars 2019 à Conakry. Les congressistes ont mis à la tête du parti, Jacques Gbonimy, ancien commissaire à la CENI. Depuis, les deux hommes ne tissent pas le même coton et chacun revendique la tête du parti.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, hier jeudi 14 mars 2019, Jacques Gbonimy est resté formel sur le fait qu’il est désormais le seul président de l’UPG. Il attend la validation de son élection par le Ministère de l’Administration et de la Décentralisation.

Guineematin.com : le mercredi dernier, votre challenger, maître Jean Alfred Mathos, était ici au siège de l’UPG. Il a dit qu’il demeure le président légitime de l’UPG. Que répondez-vous ?

Jacques Gbonimy : c’est aussi simple. Il y a eu un congrès ordinaire qui l’a élu en 2016 et, depuis ces deux ans et demi, rien n’a été fait. Ceux qui l’avaient élu ont décidé encore d’aller à un congrès extraordinaire pour renouveler les structures du parti. Il était d’accord et j’ai été élu président à l’issue de ce congrès-là. Je crois qu’il est en train de distraire le peuple. Ce qui est clair, je suis le président de l’UPG et on attend le papier du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation qui va valider ce congrès.

Tout ce qu’il raconte, c’est sur les ondes et c’est dans le quartier. Hier il a regroupé un monde ici. Depuis qu’il est là, on n’a jamais vu un mouvement de soutien derrière, pendant même sa mandature. Les élections communales sont passées, on n’a pas vu un mouvement de soutien après lui, ce n’est pas maintenant qu’il a des problèmes qu’il va payer des groupes folkloriques pour dire qu’il a un mouvement de soutien.

Guineematin.com : Jean Alfred Mathos soutient que son mandat n’est pas arrivé à terme et qu’il n’y avait pas nécessité d’organiser un congrès. N’a-t-il pas raison ?

Jacques Gbonimy : c’est par ignorance des textes fondamentaux de l’UPG. Les textes sont clairs. A l’article 43, il est dit que le bureau politique peut, sous son initiative, convoquer un congrès ordinaire ou extraordinaire et également, à l’initiative de 1/3 des sections on peut aller à un congrès extraordinaire. Le congrès peut être simplement pour discuter des problèmes ou il peut être électif. C’est ce qui est arrivé. Tous les congressistes étaient d’accord pour aller aux élections.

Guineematin.com : est-ce que le quorum avait été atteint lors du congrès qui vous a porté à la tête de l’UPG ?

Jacques Gbonimy : sur 32 sections, 23 étaient présentes. Le quorum était largement atteint. Sur les 35 membres du bureau politique, dont une dizaine ne venait plus aux réunions, il y avait 19 présents. Parce que quand les gens ont appris qu’il y a congrès, beaucoup sont venus. Dix-neuf personnes ont émargé dans nos pages ici. Le problème n’est pas là, c’est de voir quel est son bilan depuis les deux années et demi.

Guineematin.com : qu’est-ce que vous reprochez concrètement à Jean Alfred Mathos ?

Jacques Gbonimy : le parti lui reproche d’abord la léthargie du bureau politique qu’il a dirigé. Le mauvais résultat des élections communales et lui personnellement sa présence en tant que deuxième conseiller de l’UFR dans la commune de Ratoma. Un président d’un parti ne peut pas être conseiller aux élections communales d’un autre parti. S’il avait à présenter une liste, pourquoi ne pas présenter une liste de l’UPG ? Il dit partout que c’est pour mobiliser les militants pour que le parti soit présent à Conakry.

Ce n’est pas la première fois que l’UPG présente des listes à Conakry. Les élections de 2005, moi j’étais candidat de l’UPG sur une liste communale à Matoto. Et cette fois-ci, ce n’est même pas l’UPG, c’est l’UFR qui a présenté une liste et lui en tant que président du parti UPG, il est allé être deuxième sur la liste. Il n’est même pas premier, c’est vraiment par méconnaissance de la vie politique. Sans quoi, il ne devait pas rabaisser notre parti jusqu’à ce niveau.

Guineematin.com : que comptez-vous faire pour le parti avec ce bicéphalisme ?

Jacques Gbonimy : non, il n’y a pas de bicéphalisme, il s’agite. C’est un congrès qui l’a élu, c’est ce même congrès qui m’a élu. Nous sommes des légalistes, on attend la réponse du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation parce que le rapport du congrès a été déposé au ministère. C’est le ministère de tutelle qui prend toutes les décisions par rapport aux partis politiques.

Guineematin.com : est-ce qu’il y a une médiation en cours pour aplanir les divergences ?

Jacques Gbonimy : il y a la famille Doré, par son représentant, qui nous a invités à une concertation le samedi prochain. On attend de voir ce qui va se passer là-bas. Aucune médiation sur le plan politique.

Guineematin.com : si la famille Doré vous demandait de céder face à Alfred Mathos, quelle sera votre réaction ?

Jacques Gbonimy : céder par rapport à quoi ? Ils vont se baser sur quoi pour me dire de céder ? Celui qui est élu maintenant, c’est lui qu’on doit suivre. S’ils ne veulent pas, maintenant on attendra les textes légaux.

Guineematin.com : est-ce que vous envisagez l’option judiciaire ?

Jacques Gbonimy : peut-être c’est lui (Alfred Mathos) qui va aller à l’option judiciaire. Mais, c’est d’abord le MATD qui gère les partis politiques, les affaires politiques se gèrent au ministère de l’Administration du territoire. Ce n’est pas à la justice.

Guineematin.com : quel est votre message à l’endroit des militants de l’UPG ?

Jacques Gbonimy : je demande aux militants de rester sereins et que la situation va se normaliser et nous allons aller à l’essentiel. La distraction-là va finir un jour. C’est un jeu de perdant qu’il est en train de faire. Sa médiatisation, aller de radio en radio, les problèmes ne se règlent pas là-bas. C’est pour simplement peut-être expliquer ou se faire entendre, mais il y a des choses qu’on lui reproche et que ça devait peut-être se régler au sein du parti, mais pas sur les médias.

Interview réalisée par Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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