Conakry : un léonais risque un an de prison pour trafic d’êtres humains

L’immigration illégale et le trafic des êtres humains ont pris de l’ampleur ces dernières années en Guinée avec des ramifications dans de nombreux pays voisins.  C’est dans le cadre de la lutte contre ces « infractions nouvelles », qu’un ressortissant Léonais, répondant au nom de Santigui Djibril Kourouma, a comparu hier jeudi, 04 avril 2019, au Tribunal de Première Instance de Dixinn. Il est poursuivi pour trafic des êtres humains vers le Koweït, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le trafic des êtres humains vers le Koweït a pris de l’ampleur ces dernières années. De nombreux réseaux évoluent sur le terrain, faisant miroiter monts et merveilles à leurs victimes. Santigui Djibril Kourouma est accusé d’avoir envoyé en Guinée quatre (4) jeunes femmes en vue de les aider à rejoindre le Koweït. Ces jeunes femmes, de nationalité léonaise et gambienne, sont : Diaraye Diallo, Fatoumata Bangoura, Salématou Sylla et Hadja Hawa Camara.

Le prévenu, âgé de 30 ans, est accusé d’avoir soutiré des montants de trois à quatre millions de francs guinéens à chacune des victimes. 

À la barre, Santigui Djibril Kourouma a nié les faits qui lui sont reprochés, arguant ne pas connaitre les personnes citées dans ce dossier. « Je ne connais rien dans cette affaire, ni les personnes dont on me parle. Je suis pêcheur de profession et je résidais à Dixinn. Depuis la Sierra Léone, je sais qu’à la Belle Vue, il y avait un coin où beaucoup de léonais habitent. Donc, au lendemain de mon arrivée, j’ai décidé d’aller à la Belle Vue pour voir mes concitoyens.

À 11 h, je me suis rendu là-bas et vers la soirée, j’ai vu des gens fuir dans tous les sens. Puis, des gendarmes m’ont arrêté ainsi que d’autres personnes. Mais, ceux-ci ont été relâchés après avoir payé de l’argent. Mais, je n’ai jamais été frappé ni torturé, d’ailleurs ils me donnaient à manger quand j’avais faim », indique-t-il. 

Le substitut du procureur, Boubacar 1 Bah, va demander au prévenu de quelle manière il s’est retrouvé à la maison centrale de Conakry. En guise de réponse, le prévenu dira : « ils m’ont demandé si je connais Ousmane, Diaraye Diallo, Fatoumata Bangoura, Salématou Sylla et Hadja Hawa Camara. Je leur ai dit que je ne connais aucune de ces personnes.

C’est ainsi qu’ils m’ont dit que j’aurais récupérer de l’argent dans les mains des femmes qui sont venues de la Sierra Leone, que je les aurais hébergé chez mon ami, le nommé Ousmane à la Belle vue. Je leur ai dit que je ne connaissais rien dans cette affaire. J’ai quitté mon pays pour la Guinée afin d’effectuer la pêche et rien d’autre. Mais, ils m’ont conduit à la maison centrale et aujourd’hui je suis devant vous ».

Prenant la parole, l’avocat de la défense, maître Abou Camara, a souligné que sans la présence de la partie Civile le procès ne peut être équitable. « Monsieur le président, on aurait voulu qu’il y ait confrontation dans ce dossier. C’est bien beau de porter plainte contre des personnes et les accuser. Mais, il faudrait venir à la barre dire ce qui s’est réellement passé. Nous déplorons l’absence des parties civiles dans ce dossier.

Donc, nous sollicitons leur présence ainsi que les reçus de payement qui prouvent qu’elles ont réellement versé de l’argent à mon client, parce qu’on ne peut pas donner de l’argent à une personne pour un voyage sans qu’il n’y ait de traces de ce payement. Donc, nous sollicitons la comparution de ces femmes, ainsi que le nommé Ousmane pour la manifestation de la vérité », a dit l’avocat de la défense.

Le juge, Thierno Souleymane Barry, a fait comprendre à Maître Abou que les plaignantes sont de nationalité léonaise et gambienne, et qu’elles sont déjà reparties dans leurs pays respectifs.

Au terme de ces échanges, les parties au procès vont passer aux réquisitions et plaidoiries.

Le ministère public, par la voix du procureur Boubacar 1 Bah, va estimer que le prévenu a raconté des contre-vérités surtout qu’il a reconnu n’avoir pas été violenté. « Il a tenté de nier les faits pour empêcher la justice de faire son travail alors qu’à l’enquête préliminaire, il avait reconnu les faits. Il avait même dit connaître le nommé Ousmane comme étant son contact en Guinée chez qui les victimes auraient versé des sommes d’argent variant entre trois millions cinq cent milles à quatre millions de francs guinéens ».

Ainsi, le procureur va requérir de retenir Santigui Djibril Kourouma dans les liens de la culpabilité et de le condamner à un (1) an de prison ferme.

De son coté, Maître Abou Camara,  l’avocat de la défense, plaide la relaxe de son client. « Monsieur le président, vous constaterez qu’ici l’infraction est loin d’être établie à l’égard de Mr Santigui Djibril Kourouma, c’est parce que tout simplement il n’a pas eu les moyens de payer pour être libre comme ceux avec qui il a été arrêté, que mon client a été déféré par devant vous.

Je vous prie de constater qu’il y a défaillance dans ce dossier où aucun plaignant ne comparaît par devant vous afin de défendre ses prétentions, pour les confronter aux propos de mon client. Mais, s’ils abandonnent leurs prétentions, ce n’est pas à Santigui de les faire venir. Vous constaterez aussi qu’il n’y a pas de témoins dans cette affaire. Je vous prie de le relaxer purement et simplement, faute de preuves », a plaidé l’avocat de la défense. 

Le dossier a été mis en délibéré pour décision être rendue le 18 avril 2019.

Santigui Djibril Kourouma poursuit son séjour à la maison centrale où il est sous mandat de dépôt depuis le 15 mai 2018.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com
Tél: 224623532504

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