Viol sur deux fillettes de 8 et 10 ans à Koloma : un maitre coranique au tribunal

Harouna Diallo est détenteur d’un centre coranique à Koloma, dans la commune de Ratoma. Il a été arrêté et placé sous mandat de dépôt au mois de novembre 2018 pour le viol de deux fillettes qu’il avait la charge d’enseigner le Coran. Ses présumées victimes sont âgées de 8 et de 10 ans. Son procès s’est ouvert hier, mardi 2 Juillet 2019, devant le tribunal criminel de Dixinn pour viol sur mineures. Et, l’accusé a plaidé non coupable des faits mis à sa charge, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi cette audience.

Âgé de 48 ans, Marié et père de six (6) enfants, Harouna Diallo dit ne rien comprendre dans cette affaire qui l’a pourtant conduit devant le tribunal. Une affaire dans laquelle il est poursuivi pour le viol de deux fillettes dont il avait la charge d’enseigner le Coran.

Selon l’accusation, c’est par surprise que Harouna a pris ses victimes. « Il a demandé aux fillettes de balayer et de laver la salle de lecture. Mais, pendant qu’elles exécutaient ces tâches, Harouna s’est introduit dans la salle. Il a fermé la porte à clé. Et, il a ensuite abusé des fillettes », apprend-on de l’ordonnance de renvoi.

Ces propos sont réitérés par la mère d’une des victimes. Cette mère de famille de 26 ans indique que Harouna Diallo a commencé par la plus grande (celle qui est âgée de 10 ans). « Il a l’habitude d’envoyer les filles puiser de l’eau pour laver la salle. Ce jour-là, il a dit aux filles de laver la salle. C’était après la lecture du Coran à 18 heures. Pendant que les petites faisaient ce travail, Harouna s’est introduit dans la salle… Il a commencé par celle qui a 10 ans. Et, quand ma fille de 8 ans est venue le trouver couché sur cette autre fille, elle a crié et a voulu s’enfuir de la salle. C’est en ce moment que Harouna a laissé la fille de 10 ans pour aller s’attaquer à ma fille. Il a mis sa main sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Et, ensuite, il a abusé d’elle. Quand il a fini, il a donné 500 francs guinéens à chacune des filles », a expliqué la mère de la fillette de 8 ans.

Appelé à la barre, Harouna Diallo s’est inscrit en faux contre ces accusations. Le maitre coranique jure de n’avoir jamais touché ces fillettes.

« Ce jour-là, on a fini la lecture à 18 heures. J’ai fermé le centre vers 18h15 ou 18h30 comme ça. Je suis allé à la mosquée pour la prière de 19 heures. C’est pendant que j’étais à la mosquée qu’un homme m’a appelé pour me dire qu’il était au centre et qu’il voulait inscrire son enfant. Je lui ai dit d’attendre le lendemain matin ; mais, il m’a dit qu’il est en instance de voyage… Quelques minutes après, une femme aussi m’a appelé pour me dire de la retrouver au centre. Je me suis dit d’aller voir ce qu’il y avait là-bas. C’est ainsi que je me suis rendu au centre après la prière de 20 heures. Dès que je suis arrivé, j’ai entendu des cris et des jeunes sont subitement venus se jeter sur moi en me donnant des coups. J’ai crié à l’aide et les voisins sont venus me secourir… C’est après qu’on m’a dit que j’ai violé deux fillettes qui sont mes élèves. On m’a dit de reconnaitre et après, nous allons trouver une solution à l’amiable. J’ai dit non. Comme vous dites que j’ai violé ces filles, envoyons-les chez un spécialiste… Je n’ai jamais touché ces filles », a expliqué l’accusé, qui dit avoir une soixantaine d’élèves dans son centre qu’il a ouvert il y a au moins 2 ans maintenant.

« Les victimes disent que vous les avez violées ! », affirme le tribunal.

« Je n’ai jamais fait ça. Elles-mêmes savent que c’est faux », rétorque Harouna Diallo.

Et, le tribunal d’interroger : « avez-vous demandez ce jour-là à ces deux filles de balayer et de laver le centre ? »

« Oui ! Mais, c’est la terrasse qu’elles ont lavé. Et, elles sont rentrées juste après ça. Car, lorsque je fermais le centre, il n’y avait que quatre jeunes garçons qui jouaient au football dans la cour », a répondu Harouna Diallo.

Revenue à la barre pour un complément d’informations, la mère de la fillette de 8 ans a expliqué que les fillettes qui habitent dans la même cour vont chaque fois au centre coranique à 15 heures pour toujours revenir à 18 heures. Et, c’est le jour du viol seulement qu’elles sont restées jusqu’au-delà de 18 heures.

« Comment étaient les filles quand elles sont revenues du centre ? », demande alors le ministère public.

Et, la mère de famille de répondre : « Elles pleuraient et marchaient difficilement. Quand j’ai enlevé le pagne de ma fille, j’ai vu du sperme. Je l’ai immédiatement conduite dans une clinique non loin de chez nous ».

Faisant lecture du rapport médicolégal versé au dossier, le tribunal affirme que la fillette de 8 ans a une défloraison ancienne. Mais, la mère de celle-ci précise que c’est Harouna Diallo qui est aussi l’auteur de cette défloraison. « Quand cette affaire a éclaté, les filles ont dit que Harouna avait menacé de les frapper si elles en parlaient à quelqu’un », a-t-elle laissé entendre.

« A ce stade, que demandez-vous au tribunal ? » interroge le juge Aboubacar Mafering Camara.

« Je veux l’application de la loi et le remboursement des frais médicaux de ma fille. Je demande aussi à Harouna de faire pour ma fille tout ce qu’on doit faire pour une fille qui se marie. Et, j’estime cela à 5 millions de francs guinéens », a répondu la mère de famille.

Le tribunal a finalement renvoyé l’affaire au mardi prochain pour la suite des débats.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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