Manifestation « interdite » à Conakry : Bachir Bah condamné à 7 mois de prison

« Le droit de manifester est consacré dans notre constitution. Mais, il obéit à des règles qui consistent entre autres à demander et avoir l’autorisation des autorités communales de la zone où on veut manifester. Et, quand ces autorités refusent cette manifestation, des hommes comme Bachir Bah bravent cette interdiction. Ils sortent occuper les voies publiques pour troubler la quiétude, vandaliser les biens des gens et affronter les forces de l’ordre… », a notamment dénoncé le procureur

En audience correctionnelle le mercredi dernier, 24 juillet 2019, le tribunal de Dixinn a déclaré Mamadou Bachir Bah coupable d’attroupement armé. Un fait pour lequel cette juridiction de première instance a condamné le jeune prévenu à sept (7) mois de prison, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi ce procès.

Mamadou Bachir Bah serait âgé de 17 ans (22 ans selon le dossier de la procédure). Il est en prison depuis huit mois et onze jours, après avoir été interpelé à Wanindara (dans la commune de Ratoma) au débat du mois de novembre 2018 par des agents des forces de l’ordre. Avec deux autres jeunes, il sera reproché à Mamadou Bachir Bah les faits d’attroupement armé, coups et blessures volontaires et destruction d’édifice. Mais, au cours de la procédure, ses complices présumés ont bénéficié d’un « non-lieu ».

Cependant, Mamadou Bachir Bah sera placé sous mandat de dépôt le 13 novembre 2018, avant d’être conduit à la maison centrale de Conakry où il attendait son procès pour  »attroupement armé ». Un procès qui s’est ouvert ce mercredi, 24 juillet 2019, devant le tribunal correctionnel de Dixinn.
A la barre, Mamadou Bachir Bah a plaidé non coupable des faits mis à sa charge. Le jeune prévenu a réfuté en bloc les allégations selon lesquelles il détenait des armes blanches lors de son interpellation par les forces de l’ordre.

« Je ne sais pas pourquoi on m’a arrêté. Je rentrais tranquillement chez moi quand les agents m’ont interpellé. Je ne détenais que mon téléphone, la clé de ma chambre et un billet de 5 000 francs guinéens. Quand ils m’ont arrêté, ils ont pris mon téléphone et les 5 000 francs guinéens… Je ne détenais ni couteau, ni ciseau. Je n’avais aucune arme sur moi », a expliqué Mamadou Bachir Bah.

Selon l’accusation, Mamadou Bachir Bah a été interpellé à l’occasion d’une manifestation illégale. Et, le ministère public soutient d’ailleurs qu’au moment de sa présentation au parquet, Mamadou Bachir Bah était accompagné des couteaux qui avaient été saisis sur lui.

« Dites la vérité au tribunal, puisque lors de votre présentation ici devant le parquet, vous aviez reconnu que c’est vous qui déteniez les couteaux qui étaient sous scellé », a dit le procureur Bakary Camara.

Des allégations rejetées vigoureusement par le prévenu qui affirme n’avoir même pas eu connaissance d’une manifestation le jour de son arrestation. « C’est à quelques mètres de ma porte que les agents m’ont arrêté. Je n’avais aucune arme », s’est-il défendu.

Dans ses réquisitions, le ministère public a présenté le prévenu comme un jeune qui brave les interdictions de manifester pour finalement affronter les forces de l’ordre.

« Le droit de manifester est consacré dans notre constitution. Mais, il obéit à des règles qui consistent entre autres à demander et avoir l’autorisation des autorités communales de la zone où on veut manifester. Et, quand ces autorités refusent cette manifestation, des hommes comme Bachir Bah bravent cette interdiction. Ils sortent occuper les voies publiques pour troubler la quiétude, vandaliser les biens des gens et affronter les forces de l’ordre… C’est pourquoi, le ministère public requiert qu’il vous plaise de retenir Mamadou Bachir Bah dans les liens de la prévention. Et, pour la répression, vous le condamnerez à six (6) mois de prison et un million de francs guinéens d’amande », a requis le procureur Bakary Camara.

image d’archive

De leur côté, les avocats de la défense, Me Alseny ïssata Diallo et Me Abou Camara, ont plaidé l’acquittement de leur client pour « délit non constitué ».
Finalement, le tribunal a déclaré Mamadou Bachir Bah coupable d’attroupement armé, tout en le condamnant à sept (7) mois de prison. Une peine déjà inférieure au temps de détention provisoire que Mamadou Bachir Bah a passé en prison.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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