Dr Ansoumane Camara sur le virus Marburg : « le taux de létalité est dans l’ordre de 24 à 88% »

Dr Ansoumane Camara, médecin chef adjoint au service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Donka
Dr Ansoumane Camara, médecin chef adjoint au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Donka

Comme on le sait, le 9 août 2021, le gouvernement a déclaré la présence du virus Marburg en Guinée. Cela, après la confirmation par l’institut Pasteur de Dakar, du cas probable diagnostiqué le 3 août dans un village de la préfecture de Guéckédou. Mais d’où provient cette maladie qui apparaît pour la première fois en Guinée ?

Comment se manifeste-t-elle et que risquent les personnes qui la contractent ? Un journaliste de Guineematin.com a posé ces questions à un spécialiste du domaine. Il s’agit du Dr Ansoumane Camara, médecin chef adjoint au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital national Donka, délocalisé à Nongo.

Nous vous proposons ci-dessous leur entretien :

Guineematin.com : la Guinée a enregistré récemment un cas positif de virus Marburg. Parlez-nous de cette maladie, qui apparaît pour la première fois dans notre pays.

Dr Ansoumane Camara : la maladie à virus Marburg est une maladie infectieuse virale, appelée fièvre hémorragique. Elle est de la même famille que le virus Ebola. Le virus Marburg est cousin au virus Ebola. Il est transmis par la chauve-souris. Ce virus Marburg a été découvert pour la première fois en Allemagne en 1967 lors de l’importation des singes verts à partir de l’Ouganda.

C’est en ce moment que les chasseurs ont été contaminés par ce virus qu’on a appelé le virus Marburg. D’autres personnes ont été contaminées en Serbie après ceux de l’Allemagne. Le virus Marburg est donc un virus qui appartient à la même famille de virus qu’Ebola, celle des Filovirus (Filoviridae) qui se transmet de la même manière que le virus Ebola, c’est-à-dire par le contact direct à travers bien sûr les liquides, que ça soit notamment le sang, les urines, les larmes et les salives.

Guineematin.com : quels sont les symptômes à travers lesquels on reconnait cette maladie ?

Dr Ansoumane Camara : les symptômes du virus Marburg sont identiques à ceux d’Ebola. C’est-à-dire, il y a le réchauffement corporel (fièvre), les céphalées, c’est-à-dire les maux de tête. Après, il peut survenir des troubles digestifs, de la diarrhée, ou bien des vomissements aussi. A un stade sévère, il peut y avoir des hémorragies, d’où l’appellation de virus à fièvre hémorragique.

Guineematin.com : y a-t-il un traitement approprié pour cette fièvre hémorragique ?

Dr Ansoumane Camara, médecin chef adjoint au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Donka

Dr Ansoumane Camara : il faut d’abord dire qu’il n’y a pas de traitement approuvé de cette maladie appelée virus Marburg, ni de vaccin. Donc, il faut éviter le contact direct et assurer la propreté à tout moment. Le seul traitement qu’on peut faire pour le moment, c’est un traitement symptomatique. C’est-à-dire, il traiter les symptômes. Par exemple, s’il y a la diarrhée, il faut réhydrater le patient et il faut faire la transfusion aussi en cas d’hémorragie sévère.

Parce que ce sont des malades qui vont avoir des anémies sévères au cours de ces hémorragies. Pour contrer cette maladie, nos experts sanitaires sont sur le terrain avec les partenaires techniques et financiers. Ils ont vraiment tout mis en œuvre pour identifier les contacts et circonscrire cette maladie. Les autorités sanitaires ont mis les moyens pour lutter contre cette maladie et éviter qu’elle ne se propage dans notre pays et dans la sous-région.

Guineematin.com : quels sont les risques liés à cette maladie de virus Marburg ?

Dr Ansoumane Camara : les risques sont très élevés, parce que le taux de létalité est dans l’ordre de 24 à 88%. Donc, c’est un virus vraiment mortel. Donc, la population doit prendre toutes les précautions pour vraiment éviter que cette maladie ne se propage, parce que nous désormais l’expérience avec le virus Ebola. Des dispositions ont été prises entre 2014 et 2016 par les autorités guinéennes et il faut que la vigilance soit de mise.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: +224622919225

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