Une nouvelle Constitution ? Des anciens membres du CNT s’y opposent fermement

C’est sous le thème Ne touche pas à ma Constitution que le collectif des anciens membres du Conseil National de Transition (CNT) a animé une conférence de presse ce vendredi, 29 mars 2019, à la maison des journalistes. Dans une déclaration rendue publique pour la circonstance, le collectif met en garde ceux qui souhaitent élaborer une nouvelle Constitution, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La Constitution de 2010, élaborée par le Conseil National de Transition (CNT), fait actuellement débat. D’aucuns pensent qu’elle n’a pas été soumise à un référendum, donc elle est n’est pas l’émanation du peuple. Faux, rétorque le collectif des anciens membres du Conseil National de Transition.

Selon Aboubacar Siddighy Diallo, ancien rapporteur de la commission institutionnelle du CNT, « la Constitution est un instrument pérenne qui englobe en son sein l’ensemble des dispositions qui fondent l’essentiel de la protection et de la préservation des droits et des libertés fondamentales, qui prévoit les institutions et leur fonctionnement, qui prévoit l’essentiel du fonctionnement de l’État entre lui et les citoyens, entre les citoyens et les institutions.

Aujourd’hui, toute l’Afrique a brûlé par l’effet de l’accaparement des pouvoirs par des dirigeants qui ne veulent pas le jeu politique, dont l’un des fondements essentiels est l’alternance et les élections transparentes. Le CNT a réussi à mettre, sous une forme intangible, la durée et le nombre de mandat du président de la République. Cela fait débat aujourd’hui, parce qu’un groupe veut s’emparer de l’exécutif et remettre en cause l’ensemble de ces acquis-là.

Ça risque de fragiliser la cohésion et la paix sociale. Ils sont en train de dire que l’œuvre du CNT était une mauvaise œuvre, ils créent la confusion entre le référendum et la validité de la Constitution. Une Constitution n’est pas valable parce qu’elle a fait l’objet de référendum. Un référendum n’est pas une condition de validité d’une Constitution.

Cela doit être clair dans l’esprit des guinéens. Et également, cela doit être clair que modifier la Constitution, l’Assemblée est là pour ça. Mais, ce qui n’est pas modifiable en son sein, le référendum ne peut pas le créer. Donc, il faut que les gens reviennent à leur dimension normale ».

Par ailleurs, Boubacar Siddighy Diallo a dénoncé la volonté de la mouvance présidentielle de tout changer, en violant quelque fois la Constitution. « Ils ont modifié le code électoral, ils ont modifié le code pénal, ils ont ratifié des conventions, ils votent des budgets. Depuis cinq années, ils ne font que des modifications, ils ont modifié même des choses que la Constitution elle-même n’a permises. Ils se sont donné une loi organique dans laquelle ils se sont donné l’avantage d’augmenter leur mandat, alors que c’est seulement la Constitution qui dispose de cette faculté.

Ils ont fait même ce qu’ils ne pouvaient et ne devaient pas faire. Et aujourd’hui, le seul verrou qui empêche le président d’aller à un troisième mandat, ils veulent supprimer toute la Constitution pour envoyer une autre qui peut leur donner cette faculté. C’est impossible et c’est illégal. En le faisant, ils ouvrent la boite à pandore et ils peuvent fragiliser tous les acquis: la démocratie, l’Etat de droit et même la paix et la cohésion sociale », prévient-il.

Poursuivant, Boubacar Siddighy Diallo a parlé de l’intangibilité des parties contenues dans l’article 154 de la Constitution et qui ne doivent jamais faire objet d’une quelconque révision : « La forme républicaine de l’État, la forme de la laïcité, l’unicité de l’Etat, le principe de séparation et d’équilibre du pouvoir, la durée et la limitation du nombre de mandats du président de la République.

Ces éléments là, quelque soit l’évolution de notre société, ne sont pas des éléments de la mode pour dire qu’hier, tout ça était valable, aujourd’hui ça a changé. Non! Ils peuvent changer tout ce qui impacte le quotidien de la vie, mais l’aspiration pérenne à la liberté, à la stabilité, à la garantie des droits et des libertés fondamentales, ça existe tout au long de la vie de l’homme sur terre. Tant que l’homme sera sur terre, ces fondements là sont immuables. Alors, pourquoi vouloir les changer ? ».

Enfin, le collectif des anciens membres du CNT a clôturé la conférence de presse par la lecture d’une déclaration dans laquelle, il s’oppose à tout changement de la Constitution de 2010.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel: 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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