Querelle entre commissaires : la CENI va-t-elle imploser ?

La commission électorale nationale indépendante est sous pression, notamment depuis le dernier discours du président Alpha Condé, le mercredi 04 septembre. Comme on le sait, le chef de l’Etat avait non seulement demandé à son Premier ministre d’ouvrir et de conduire des consultations ; mais, il avait également demandé à la CENI d’organiser les élections législatives « dans le courant de cette année ».

Ainsi dit, ainsi fait ! Ibrahima Kassory Fofana est allé à l’assaut des institutions et structures favorables à une nouvelle constitution…

De son côté, la CENI s’est également mise dans la dynamique du discours du chef de l’Etat. Première à aller chez le Premier ministre, l’institution électorale s’est engagée à produire un chronogramme qu’elle soumettra au gouvernement le lundi 16 septembre. Depuis, il n’y a plus de sommeil au quartier général de la CENI.

Seulement, après avoir compressé tous les délais « compressibles », les commissaires sont « parvenus » à un chronogramme qui projette les législatives au mois de mars 2020… « Inacceptable », ont alors crié les commissaires issus de la mouvance présidentielle ! Voulant se plier au délai de la présidence, ces derniers ont finalement fait surgir du débat un document Excel- sorti d’on ne sait où- qui propose l’organisation des élections législatives le 22 décembre. Seulement, pour ce faire, plusieurs délais légaux seront raccourcis et les activités préalables seraient donc bâclées. Ce qui n’a pas été accepté par les commissaires issus de l’opposition. Ces derniers ont alors exigé le respect de toutes les échéances préélectorales et notamment des délais incompressibles (révision des listes, affichage des listes, gestion des contentieux sur les listes électorales, distribution des cartes…).

Finalement, il n’y a pas eu de coups de poing ; mais, les échanges étaient loin d’être cordiaux entre les commissaires des différents bords politiques. « On s’est quitté à queue de poisson », a expliqué à Guineematin.com un commissaire issu de l’opposition. Et, compte rendu a été fait au président de la CENI (qui n’était pas dans la salle lors de ces échanges musclés).

Bref, Me Amadou Salif Kébé a convoqué les commissaires à une plénière demain, samedi 14 septembre, dans l’espoir de régler ce différend et faire produire un chronogramme consensuel qu’il doit soumettre au chef du gouvernement le lundi prochain. « Mais, il faut absolument respecter les délais légaux ; sinon, la CENI va imploser ce lundi », a juré le commissaire de l’opposition qui s’est confié à Guineematin.com dans la soirée de ce vendredi.

Pourquoi ne pas tenir des élections « sérieuses » cette année ?

Depuis quelques mois, les commissaires de la CENI avaient concocté un chronogramme réalisable dans 235 jours. Fruit d’une retraite tenue à Kindia, ce chronogramme de mai 2019 annonçait la possibilité d’organiser les élections législatives en novembre de cette année. Seulement, il y avait quelques contraintes à lever pour la mise en marche de ce chronogramme. Ce sont notamment les moyens financiers et matériels, les obstacles administratifs, etc. Malheureusement, le pouvoir ne semblait pas trop intéressé par les jérémiades de la CENI. Maintenant que le chef de l’Etat a donné le ton pour l’organisation de ces consultations électorales avant la fin de cette année, et les moyens ont sans doute également été miroités, la CENI est sérieusement sous pression… Nos commissaires parviendront-ils alors à s’entendre sur un chronogramme consensuel ?

Attendons de voir !

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

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