Les temps sont durs pour l’antenne régionale du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) de Kankan. Alors que le procureur « refuse » d’élargir certains de ses membres pourtant innocentés par le juge, c’est le chargé à l’organisation du FNDC qui se dit traqué par le préfet Aziz Diop. Depuis l’arrestation de ses amis il y a dix jours, Ibrahima Simagan a pris la poudre d’escampette, de peur de se faire arrêter par le tout puissant préfet, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Les sièges de l’Union des Forces Républicaines (UFR) et de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) ont été récemment victimes de saccages et de jets de pierres à Kankan. Les partisans du FNDC ont été mis aux arrêts, jugés et innocentés par le tribunal mais gardés en prison pour certains, sur ordre du procureur Aly Touré.
Cette situation dénote de la volonté des autorités de Kankan de restreindre la marge de manœuvre de tout contestataire, notamment ceux qui sont opposés au projet de 3ème mandat. Les membres du FNDC de Kankan sont dans l’œil du cyclone et en subissent de plein fouet les conséquences.
Celui qui se dit aujourd’hui dans la ligne de mire du préfet, c’est Ibrahima Simagan, membre du bureau des jeunes de l’UFR et chargé à l’organisation de l’antenne régional du FNDC. C’est lui qui avait appelé les citoyens de Kankan à se tenir prêt pour le 14 octobre sur les réseaux sociaux. Depuis lors, monsieur Simagan n’est pas tranquille.
« Le lundi 14 octobre 2019 à 14h j’ai reçu un appel. L’intéressé m’a demandé où j’étais, il m’a dit « ah dis donc tu ne peux pas me dire où tu es ? Si tu ne le dis pas on va t’arrêter, parce qu’on te cherche comme ça ». Automatiquement, j’ai su que c’est le Préfet. Mais, comme il ne m’a pas dit son nom, moi aussi je n’ai pas dit où j’étais. Le lendemain, il m’a rappelé. Il m’a dit Simagan, va te présenter à la police. Je lui ai demandé ce que j’avais fait, il m’a dit qu’on me recherche. Je lui ai demandé ce que j’ai fait pour qu’on me recherche ? Il m’a dit qu’on a besoin de moi, qu’il faut que je me présente au commissariat. Ensuite, il m’a demandé où je suis. Je lui ai répondu que je ne suis pas à Kankan. Après, il m’a dit clairement que c’est lui, le préfet de Kankan Aziz Diop. Moi aussi, j’ai raccroché mon téléphone », a expliqué Ibrahima Simagan.
Interrogé par le reporter de Guineematin.com, le préfet Aziz Diop a balayé d’un revers de la main ces accusations. « Franchement, même si ce monsieur là se présente ici, je ne peux pas le reconnaître. Je ne l’ai jamais appelé, il a son numéro avec les services de sécurité et au moment où je vous parle, je sais où il est. Si je veux l’arrêter, il est dans une sous préfecture. Il a fait une incitation à la rébellion », accuse le préfet.
Il est toutefois difficile de croire à cette position du préfet d’autant plus qu’à travers un enregistrement sonore, on peut clairement entendre le Préfet se présenter et demander à Ibrahima Simagan de se rendre à la police au risque de se faire arrêter.
Pour sa part, monsieur Simagan, responsable de l’antenne régionale du FNDC est en fuite. Il se dit menacé et ne compte pas pour l’instant revenir à Kankan.
De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com