Ibrahima Souré, inspecteur de la jeunesse de Conakry : « nous n’avons aucun budget pour travailler »

Ibrahima Souré, inspecteur régional de la jeunesse de Conakry
Ibrahima Souré, inspecteur régional de la jeunesse de Conakry

« Le Président de la République a dédié ses mandats à la jeunesse et aux femmes. Mais, il a beaucoup de problèmes parce qu’il est mal entouré. Et, cet entourage fait défaut politiquement et administrativement », a notamment dit Ibrahima Souré, inspecteur régional de la jeunesse de Conakry, lors d’un entretien avec un reporter de Guineematin.com ce jeudi, 12 août 2021.

Adopté en 1999 par l’assemblée générale des Nations-Unies pour « attirer l’attention de la communauté internationale sur les problèmes de la jeunesse et célébrer le potentiel des jeunes en tant que partenaires dans la société », la journée internationale de la jeunesse est commémorée le 12 août de chaque année dans le monde. Mais, cette journée arrive cette année dans un contexte de crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19. Donc, en Guinée, aucune grande célébration n’a été prévue, d’autant plus que cette journée trouve les jeunes dans la précarité. Ils sont majoritairement frappés par le chômage, le sous emploi et une grande paupérisation.

Les organes de l’Etat en charge de les protéger contre l’abandon morale sont défaillants et souffrent de manque de financement. C’est le cas de l’inspection régionale de la jeunesse de Conakry où aucun budget de fonctionnement n’est encore pas disponible. Une situation que dénonce Ibrahima Souré. Interrogé ce jeudi par un reporter de Guineematin.com, l’inspecteur régional de la jeunesse de Conakry appelle aussi l’Etat à prendre ses responsabilités pour lutter contre les trafiquants de drogue et les commerçants qui importent les boissons alcoolisés dans notre pays.

Actuellement, en Guinée, chaque jeune est un potentiel candidat à l’immigration. La jeunesse croupit dans le chômage, la pauvreté, le manque d’emploi. Elle est déboussolée, manipulée et divisée par les politiques, alors qu’elle devait bénéficier de la protection de l’Etat et des collectivités contre l’abandon moral (conformément à l’article 19 de la constitution). Les structures en charge de son encadrement sont obsolètes et dépourvues de moyens. C’est pourquoi, à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la jeunesse, l’inspecteur régional de la jeunesse, emploi jeunes, des sports, de la culture et du patrimoine historique de Conakry, a invité les jeunes à une prise de conscience pour leur avenir. Il a aussi pointé un doigt accusateur sur l’inertie dans laquelle son service est maintenu par les hautes autorités du pays.

Ibrahima Souré, inspecteur régional de la jeunesse de Conakry

« On a d’énormes problèmes dans l’application des décisions du ministère de la jeunesse. Concernant d’abord le budget de fonctionnement, la direction régionale ne peut pas fonctionner sans les cinq directeurs communaux de la jeunesse (DCJ). Et, nous n’avons aucun budget pour travailler. Si les DCJ ne travaillent pas, il en sera de même pour l’inspection régionale et le ministère. Alors, nous sommes bloqués. L’inspection a un plan d’action de 5 ans ; mais, sans argent, il ne pourra pas être exécuté, quelque soit la volonté. Donc, nous essayons de faire des activités, mais nous sommes limités financièrement.

La principale activité que nous faisons est la sensibilisation de la jeunesse pour la réconciliation entre les jeunes, l’instauration de la paix, parce qu’aucune nation ne peut se construire sans la paix. Nous avons tenu 5 réunions dans ce sens. Les plus grands ennemis de la Guinée sont l’ethnocentrisme, le favoritisme et les cadres qui peuvent agir sur le plan administratif, social et politique pour l’intérêt général défendent leurs intérêts personnels. Mais, la jeunesse étant l’avenir, je leur dit de rester une et indivisible, de se donner la main pour éviter de montrer aux aînés que nous sommes divisés. Il faut plutôt privilégier les valeurs des uns et des autres au détriment de la division… Le développement d’un pays passe par la paix, la réussite de la jeunesse, la cohésion entre ses jeunes. J’invite la jeunesse à ne pas suivre les politiciens et cadres qui veulent les détruire. Le Président de la République a dédié ses mandats à la jeunesse et aux femmes. Mais, il a beaucoup de problèmes parce qu’il est mal entouré. Et, cet entourage fait défaut politiquement et administrativement », a indiqué Ibrahima Souré.

Ibrahima Souré, inspecteur régional de la jeunesse de Conakry

Enfin pour lutter contre le trafic des stupéfiants en Guinée, l’inspecteur de la jeunesse de Conakry demande au gouvernement de prendre ses responsabilités.

« La cigarette n’est pas bonne pour une personne, à plus forte raison les drogues et l’alcool qui détruisent l’esprit. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités contre les trafiquants de drogues et les commerçants qui font rentrer l’alcool dans le pays », a lancé Ibrahima Souaré.

Mamadou Yaya Diallo pour Guineematin.com

Tel : 622 67 36 81

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