Bataille contre un 3ème mandat en Guinée : un nouveau mouvement dénommé CODHONM lancé à Conakry

Collectif des Organisations de Défense des Droits de l’Homme contre un Nouveau Mandat (CODHONM), c’est le nom d’un nouveau mouvement anti-troisième mandat qui vient de naître en Guinée. La structure a été lancée officiellement ce jeudi, 25 avril 2019, à Conakry. Elle vise à empêcher le président Alpha Condé de s’offrir un troisième mandat, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Vraisemblablement, les promoteurs d’une nouvelle Constitution en Guinée et par ricochet d’un troisième mandat pour le président Alpha Condé auront bien du mal à faire passer leur projet. Car, depuis quelques semaines, on assiste à une prolifération de mouvements créés pour empêcher l’aboutissement de ce projet. C’est dans ce cadre que plusieurs défenseurs des droits humains ont lancé, ce jeudi, le Collectif des Organisations de Défense des Droits de l’Homme contre un Nouveau Mandat (CODHONM).

Réunis au siège de la Plateforme des Jeunes Leaders de l’Axe pour la Démocratie et le Développement (PJDD), ces activistes des droits de l’Homme ont publié une déclaration, lue par maître Frédéric Foromo Loua, président de l’ONG « Les Mêmes Droits pour Tous » (MDT). « Voilà que depuis un certain temps, par tous canaux de communication, des individus malintentionnés remettent à l’ordre du jour la rédaction d’une nouvelle constitution au prétexte que celle en vigueur ne serait pas l’émanation du peuple et aurait été adoptée par un organe non élu notamment le Conseil National de Transition.

Une aberration, pour qui sait que c’est cette constitution qui a permis l’élection en 2010 et 2015 de l’actuel président de la République et a institué l’Assemblée Nationale dont le mandat a déjà expiré. Faut-il, dans ces conditions, considérer que les deux mandats du président de la République sont illégitimes et qu’il aurait dirigé le pays en toute illégalité ? Prenant en compte ce raisonnement tendancieux, n’était-il pas plus sage pour lui de renoncer à ses fonctions en dénonçant les conditions d’adoption de la Constitution qui régissait en ce temps les Guinéens ? Pourquoi avoir usé d’un texte illégitime pour jouir d’une fonction et s’improviser légaliste pour le contester ? », S’interrogent les défenseurs des droits humains.

Ils rappellent que dans des grandes démocraties comme les Etats-Unis et la France, des assemblées constituantes issues d’une situation de normalisation ont adopté des Lois Fondamentales pour rétablir un ordre constitutionnel normal, sans que cela ne remettent en doute la légitimité des élus issus des scrutins régis par ces textes. Pour eux, il est clair que ce projet de modification constitutionnelle vise uniquement à offrir un nouveau mandat à l’actuel président de la République.

« Au terme du deuxième et dernier mandat de l’actuel président de la République, toute adoption d’une nouvelle constitution relève de l’imposture et n’aurait pour seul dessein que de remettre les compteurs à zéro afin de lui permettre une fois de plus de briguer deux autres mandats. Le fait de maintenir le verrou de la limitation du nombre de mandats, prévu par les dispositions combinées des articles 27 et 154 de la Constitution n’y changerait rien. Au vu de tout ce que la Guinée a traversé comme crises politiques depuis son accession à l’indépendance, les guinéens ne doivent pas être des dupes.

Ils ont l’obligation de défendre une démocratie acquise dans la douleur et le sang. Les plaies ouvertes par les différentes crises sociopolitiques notamment les évènements de janvier-février 2007 et ceux du 28 septembre 2009 ne sont pas encore cicatrisées, et les victimes attendent toujours que justice leur soit rendue. Se projeter dans une nouvelle crise politique à travers une tentative de remise en question de la Constitution en vigueur, n’est que pure provocation et farouche volonté de rééditer les crises passées », ont-ils laissé entendre.

C’est pourquoi, ces défenseurs des droits de l’Homme demandent « aux sirènes révisionnistes d’arrêter leurs agissements dangereux et illégaux, au peuple de Guinée de se mobiliser pour barrer la route à tous ces profiteurs qui veulent replonger le pays dans une confrontation inutile pouvant servir de prétexte à la remise en question de l’ordre constitutionnel, aux forces vives de la nation et aux amis de la Guinée pour que chacun en ce qui le concerne use de son influence pour empêcher le triomphe de la médiocrité et du clientélisme qui se cachent derrière cette tentative de révision constitutionnelle, aux citoyens épris de paix et de justice de considérer que la Guinée n’est pas un gâteau que devrait se partager des prédateurs sans foi ni loi qui ne sont animés que par leur boulimie du gain facile ;

A la communauté internationale et particulièrement à la CEDEAO et à l’Union africaine pour que tous les investissements qu’ils ont consentis pour le triomphe de la démocratie en Guinée ne soient pas vains parce tout simplement une oligarchie veut maintenir un pouvoir acquis à la cause de ses réseaux mafieux, au président de la République qui a juré par deux fois sur cette constitution contestée aujourd’hui et qui a promis d’être le Mandela de la Guinée, de ne pas succomber aux sirènes révisionnistes comme lui demandait un éminent magistrat de ce pays ».

A noter que les organisations membres du CODHONM sont : les Mêmes Droits pour Tous (MDT), la Démocratie Sans Violence-Baïonnette Intelligente (DSV-BI), l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH), l’Association des Victimes Parents et Amis du 28 septembre 2009 (AVIPA), les Avocats Sans Frontières (ASF), l’Alliance des Médias pour les Droits de l’Homme (AMDH), la Coordination des Organisation de Défense des Droits de l’Homme (CODHH), la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CGCPI), l’Association des Victimes du Camp Boiro ( AVCB), le Centre Guinéen pour la Promotion des Droits de l’Homme (CPDH), le Consortium des Association de Jeunes pour la Défense des Victimes de Violences en Guinée (COJEDV-Guinée), la Fondation Internationale Thierno et Mariam (FITIMA) et l’Association des Victimes de Répression (AVR).

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77 / 662 73 05 31

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