Lettre ouverte : M. le Premier Ministre, démissionnez ! (Par Bachir Sylla et Nouhou Baldé)

Ibrahima Kassory Fofana, le PM des PA, de l'interdiction des manifestations et de l'attaque d'un cortège funèbre en Guinée
Kassory restera le Premier ministre des PA et de l’attaque d’un cortège funèbre en Guinée

Ce mardi, 05 novembre 2019, au lendemain de l’attaque meurtrière contre le cortège funèbre des 11 victimes des récentes manifestations du Front national pour la défense de la Constitution, les journalistes Bachir Sylla de Guinee-eco.info et Nouhou Baldé de Guineematin.com ont cosigné une lettre ouverte dans laquelle ils demandent tout simplement au Premier ministre Kassory Fofana de rendre le tablier pour sauver la Guinée de la dérive totalitaire qui la guette. Lisez !

Monsieur Ibrahima Kassory Fofana, Premier ministre, chef du Gouvernement

Nous nous faisons le devoir, en tant que journalistes et citoyens guinéens épris de paix et de justice, de vous adresser cette lettre ouverte pour vous demander, humblement, de démissionner de votre poste de Premier ministre, chef du Gouvernement pour sauver la nation guinéenne.

En effet, pour peu qu’on ait une once d’humanité, on ne peut rester insensible face à la dérive mortifère que vit la Guinée ces derniers temps. Il est bien vrai que l’histoire guinéenne s’écrit en lettre de sang depuis son indépendance en 1958, mais le rubicon a été franchi hier, lundi 04 novembre2019. Avec la répression sanglante du cortège funèbre de 11 jeunes tués lors des manifestations de rue de la mi-octobre dernière organisées par le Front national de la Défense de la Constitution (FNDC).

Selon les témoignages des familles des victimes, rencontrées à Wanindra, Koloma 1 et Bambéto, trois jeunes ont perdu encore la vie hier, lundi, dans les échauffourées ayant opposé les forces de l’ordre et des jeunes. Ceci, après une attaque des agents de la police du cortège funèbre parti de l’hôpital sino-guinéen de Kipé pour le cimetière de Bambéto, via la mosquée de cette zone connue pour son hostilité au pouvoir en place et surtout aux policiers et gendarmes, accusés d’être à la base de toutes les tueries lors des manifestations politiques.

M. le Premier ministre,

Nous ne doutons pas un seul instant de votre foi en l’avenir de notre pays, encore moins de votre engagement en faveur du développement socio-économique de la Guinée. Mais, depuis que vous êtes à la Primature, vous n’avez réussi à instaurer un véritable dialogue social et politique comme la constitution actuelle vous le confère. Votre stratégie consistant à utiliser la manière forte n’a juste que là apporté que pleurs, larmes et sang à nos compatriotes. Et, votre gouvernance creuse chaque jour davantage le fossé entre les Guinéens, divisés entre pros et anti gouvernance !

En tout cas, les Guinéens retiendront que c’est sous votre Primature qu’on a installé les PA à Conakry, pour restreindre des libertés individuelles et collectives. C’est aussi lorsque le président de la République vous a nommé à ce poste stratégique de l’Etat que des centaines de maisons de nos concitoyens ont été rasées à Kaporo-rails, Kipé 2, Dimesse et Dar-es-salam. C’est évidemment dans le bilan de la primature kassorienne qu’on classera cette inimaginable attaque d’un cortège funèbre jusque dans l’enceinte d’une mosquée et d’un cimetière ! C’est enfin sous votre gouvernement que le premier président démocratiquement élu veut marcher sur les cadavres des jeunes Guinéens (déjà 17 morts) pour s’offrir une présidence à vie, en tripatouillant la Constitution sur laquelle il a juré par deux fois, en 2010 et 2015.

Monsieur le Premier ministre,

Tous ces faits et bien d’autres, non des moindres, suffisent pour vous pousser à la porte. A moins que vous ne soyez l’artisan de toutes ces dérives totalitaires qui ne vous apporteront aucun bénéfice politique à l’avenir. Vos anciens collègues (Khalifa Gassama Diaby, ancien ministre de l’Unité nationale et Cheick Sako, ancien ministre de la Justice) vous ont déjà montré la porte de sortie honorable, en démissionnant de leur poste respectif.

Et si vous ne signez pas immédiatement votre lettre de démission, c’est le président de la République qui serait peut-être dans l’obligation de vous jeter dehors pour se réconcilier avec le peuple de Guinée et la communauté internationale, en faisant appel à un nouveau Premier ministre. Il pourrait s’inspirer en cela de feu Général Lansana Conté, qui s’était défait d’un certain Lansana Kouyaté dont la nomination au poste de Premier ministre lui avait pourtant été imposée par les insurrections populaires de janvier-février 2007. Mais, quand il y a un malaise, voire d’aussi graves crimes dans un pays, un chef doit poser au moins pour éviter qu’on les lui impose…

Vous souhaitant bonne réception de cette lettre ouverte, nous vous prions de recevoir, M. le Premier ministre, chef du gouvernement, l’expression de notre haute considération.

Bachir Sylla, Journaliste-chercheur, Administrateur du site Guinee-eco.info et

Nouhou Baldé, journaliste, Administrateur Général du site Guineematin.com

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